HADÈS Archéologie

Tour du Bourreau

Fiche

Résumé

Des travaux d’ampleur, effectués sans surveillance archéologique, dans la parcelle s’étendant en arrière de la Tour du Bourreau, ont mis au jour l’angle nord-est de la fortification tardo-antique de Lectoure. À cette occasion, ont en effet été découvertes les fondations et quelques assises d’élévation d’une tour d’angle et d’un tronçon de la courtine orientale. Une opération d’archéologie préventive a donc été prescrite par le SRA Midi-Pyrénées. Elle a pris la forme d’une étude de bâti complétée d’une fouille sédimentaire. Les travaux réalisés en amont avaient toutefois déjà engendré la destruction d’une part importante des séquences stratigraphiques.

Malgré ces destructions, sept phases d’occupation de la parcelle ont pu être mises en évidence (fig. 1).

La première a constitué la surprise de la fouille (phase 1). Il s’agit en effet de vestiges de structures protohistoriques datées de l’âge du Bronze. Ces derniers étaient mal conservés, pour partie en raison de l’aménagement des fortifications successives, mais aussi à cause des travaux récents.

Après un hiatus chronologique d’une durée difficile à évaluer, ont pu être observés les vestiges ténus d’une occupation se manifestant par la présence de structures en creux de fonction indéterminée (phase 2).

La construction du rempart a été réalisée durant l’Antiquité tardive (phase 3), à une date que la fouille n’a pas permis de préciser. En fonction de l’état des connaissances actuelles concernant les fortifications urbaines de Novempopulanie, elle pourrait se situer durant le IVe siècle ou au début du Ve siècle. Si la fouille n’a pas permis d’en affiner les datations, elle a été l’occasion de préciser la connaissance concernant la mise en œuvre du rempart en mettant en évidence, pour ne citer que deux exemples, un parement de petit appareil alternant avec des cordons de briques et un harpage raidissant l’élévation.

Après des restaurations réalisées probablement durant le haut Moyen Âge, une première modification d’importance (phase 4) a été opérée sur le rempart, probablement au Moyen Âge, vers les XIIe-XIIIe siècles. À ce moment, ou avant ce réaménagement, la tour d’angle antique a été arasée pour être remplacée par un angle arrondi.

La phase 5 se manifeste par des travaux d’ampleur. C’est en effet à ce moment qu’ont été aménagés le rempart moderne et sa tour, probablement durant le deuxième quart du XVIe siècle. Différents états se sont ensuite succédé, liés à des modifications plus ou moins importantes de la courtine et de la tour d’angle.

L’espace qui a pu être étudié dans le cadre de sondages se développe en dehors du rempart antique (phase 3). Dès le moment de cette construction, cette zone a été consacrée à la circulation. Les travaux modernes empêchent de déterminer s’il s’agit d’une voie secondaire longeant l’enceinte ou s’il s’agit d’un véritable glacis. Cet espace de circulation a ensuite été entretenu régulièrement, jusqu’à l’époque moderne et la construction du deuxième rempart (phase 5). Il appartient alors au boulevard protégeant le front oriental de la ville.

Enfin, il faut probablement situer dans le courant du XVIIe siècle le comblement de cet espace intervallaire (phase 6). Soit en parallèle de ce comblement, soit quelques temps après, la partie supérieure de la Tour de Corhaut a été aménagée en quartiers résidentiels pour les bourreaux de la ville. Elle a, par la suite, été réaménagée à plusieurs reprises. Les importants travaux qui ont donné lieu à cette étude constituent la phase 7 de l’occupation du site.

Zénaïde LECAT