Fiche
Résumé
La fouille préventive conduite au chevet de l’église abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux en octobre 2005, sur l’emplacement du square Dom Bedos, a consisté à suivre la démolition de la dalle en béton établie dans les années 1970 et à fouiller les niveaux archéologiques menacés de destruction par l’emprise d’une tranchée d’enfouissement de réseaux, tangente au chevet de l’église (fig. 1).
Concernant les bâtiments monastiques établis à l’est de l’église Sainte-Croix, la fouille a permis de retrouver les fondations de l’ancienne sacristie érigée vers 1662-1676 au chevet de l’absidiole sud et détruite vers 1910. Les maçonneries dégagées se composent de deux larges murs est-ouest construits en petit appareil calcaire. Un caveau maçonné, dont la voûte était effondrée, était contenu dans le sous-sol de cette pièce. Des sépultures en cercueil ont pu y être observées. En dehors de cette construction, les dégagements restés trop superficiels sur l’espace autrefois occupé par les jardins de l’abbaye, n’ont pas permis de retrouver d’autres structures maçonnées, si ce n’est le garde-corps en demi-cercle de la fontaine du XVIIIe siècle adossée aux remparts et quelques murs de bâtiments du XIXe siècle. Ainsi, il n’a pas été possible de retrouver les vestiges de l’ancienne chapelle Sainte-Madeleine, démolie en 1664, à l’emplacement attesté par les plans d’Ancien Régime. Un sondage le long du mur nord de l’église a révélé cependant la présence d’une tranchée de fondation d’une ancienne construction venue recouper un mur établi dans l’axe du mur occidental du transept nord et quelques sépultures médiévales.
Les fouilles ont de fait surtout renseigné les aménagements funéraires établis au chevet de l’église (fig. 2). Un alignement d’une quinzaine de sépultures des XIIe-XIVe siècles a été dégagé, bien que pour la plupart recoupées par les travaux des années 1970. En dehors d’une réduction en coffre de bois et d’une cuve monolithe en réemploi, il s’agit de tombes orientées, recouvertes d’un couvercle de pierre, certaines en coffres bâtis de parpaings calcaires, d’autres en cuves monolithes de calcaire. De forme trapézoïdale ou rectangulaire, plusieurs caveaux présentaient une logette céphalique. Les individus qu’ils contenaient en position primaire, tous en décubitus dorsal, étaient des hommes adultes pour ceux dont le sexe a pu être déterminé. Le mobilier funéraire consistait pour plusieurs caveaux en le dépôt d’un orcel de verre ; l’une des sépultures contenait une monnaie. Enfin, deux individus conservaient, au niveau des pieds, les vestiges de semelles en cuir. Ces inhumations, établies à l’aplomb du chevet, recevaient les eaux d’écoulement des toitures, ce que l’état de conservation des os a confirmé. La disposition des tombes accolées les unes aux autres et les horizons stratigraphiques entre lesquels elles ont été établies montrent une gestion de l’espace funéraire sur un temps d’utilisation assez bref.
Jean-Luc PIAT