HADÈS Archéologie

Rue Pélegry

Fiche

Résumé

L’opération archéologique menée le long de la rue Pélegry à Cahors a eu lieu entre le 28 novembre 2011 et le 3 février 2012. Elle s’inscrivait dans le cadre de travaux de rénovation du réseau d’assainissement de la rue. Ce secteur n’avait pas encore connu d’intervention archéologique à l’exception d’un inventaire du bâti médiéval dans le quartier. Les vestiges mis au jour au cours de ce suivi revêtent donc un caractère inédit.

Cette opération a connu de nombreuses difficultés techniques liées à la nature même du travail. Le fonctionnement par sondages, et le soutènement des terres par des blindages nous ont privé de la lecture stratigraphique de l’ensemble de la rue et ont conditionné nos observations par des touches ponctuelles. La présence des réseaux actuels et la fragilité des remblais soutenant la chaussée ont également renforcé cette difficulté. Enfin, le changement d’un ancien réseau évacuant les eaux usées d’un quartier résidentiel de la ville par un nouveau, s’accompagne automatiquement de quelques soucis d’hygiène. Malgré ces difficultés, il ressort de cette opération des résultats positifs.

La rue Pélegry tire son nom des fondateurs du collège Saint Nicolas, édifié en 1368. Avant cette date, peu d’éléments sont connus. Dans les rues environnantes, des maisons datées du XIVe siècle présentaient, selon Maurice Scellès, des soubassements du XIIe siècle. C’est surtout la construction du Pont Neuf, au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle qui doit modifier le visage du quartier. Il reste bien peu d’éléments de cette époque.

Cependant, un sol composé de blocs de gré a été mis au jour dans un des sondages, intercalé entre un remblai sous-jacent daté du XIIIe siècle par le mobilier et une couche de nivellement qui le scellait, datée pour sa part de la fin du XVe siècle ou le début du XVIe siècle.

Plusieurs niveaux de calade en galets ont également été mis au jour. Une analyse de l’état d’usure de ces éléments permet de voir qu’ils ont servi à la circulation de véhicules à roues. Les niveaux dans lesquels ils sont fichés ne recèlent que du matériel de l’époque moderne. Ces niveaux sont difficilement interprétables dans la fenêtre d’observation à notre disposition, d’autant plus qu’ils ont été, au mieux perturbés, au pire totalement détruits par la construction d’un égout de type ovoïde au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Cette construction provient d’une volonté générale de la municipalité de modifier l’état de la ville. À cette époque, l’alignement des rues est rectifié et le réseau d’égout est changé dans bon nombre de secteurs.

Le conduit descend du centre de la ville par la rue du Portail Alban et traverse la place de la Libération, un embranchement passe par la rue du Château du Roi tandis qu’un autre descend vers le Lot par la rue Pélegry. Ce conduit est bâti en blocs calcaires dans sa partie méridionale (côté place de la Libération) et en briques dans son débouché vers le Lot, au nord. Il ne suit pas exactement l’axe rectiligne de la rue, ceci étant certainement dû aux conditions et difficultés des travaux de l’époque.

Au bilan, et malgré les difficultés rencontrées, les vestiges mis au jour au cours de l’opération se révèlent plus riches qu’à première vue. Ils permettent d’interroger l’histoire du quartier et celle de ses origines. Le centre de la voirie semble dévolu, depuis le XIIIe siècle au moins jusqu’à nos jours, à l’évacuation des déchets et des eaux usées des habitants du quartier.

Christophe CALMÉS