Fiche
Résumé
La fouille archéologique préventive réalisée durant l’année 2010 aux 16-26 rue de l’Oratoire/10 impasse Saint-Austremoine à Clermont Ferrand a précédé la construction de logements sociaux par l’Ophis du Puy de Dôme. Elle fait suite à un diagnostic dirigé par P. Arnaud (Inrap) en 2008 et dont les résultats avaient motivé la prescription de fouille du service régional de l’Archéologie. Le secteur concerné par cette opération est situé au cœur des quartiers résidentiels d’Augustonemetum, à proximité immédiate des domus de l’îlot Neyron et de l’École de commerce, sur le versant oriental de la butte de Clermont.
Au cours des investigations menées entre juin et octobre 2010, plusieurs maisons antiques ont en effet pu être reconnues. Elles correspondent à deux périodes principales d’occupation et prennent place au sein d’une insula délimitée au nord par une voie partiellement dégagée lors de la fouille.
Cette dernière, dont l’axe a été plus ou moins repris par l’actuelle rue de l’Oratoire, est mise en place durant la première moitié du Ier siècle, sans doute à l’époque de Tibère. C’est au cours de cette même période que la parcelle située à l’arrière est lotie.
Les aménagements s’articulent de part et d’autre d’un mur orienté nord-sud qui constitue à la fois une limite de propriété et un soutènement pour les terrasses artificielles établies en partie ouest afin de corriger la pente naturelle. Cette dernière zone n’a pas livré de vestiges suffisamment nombreux et bien conservés pour en comprendre l’organisation.
En revanche, à l’est du mur de terrasse se développe une vaste domus dont seule la partie nord-ouest était couverte par l’emprise de fouille. Même si la plupart des murs ont été épierrés, le plan a pu être en grande partie restitué. Il s’agit d’une demeure luxueuse présentant des sols en dur, dont deux mosaïques à décor géométrique, ainsi que des peintures murales exceptionnellement conservées (fig. 1). La domus subit quelques transformations au milieu du Ier siècle. Elle est détruite à la fin de l’époque flavienne ou durant les premières décennies du IIe siècle.
L’îlot est alors totalement réaménagé ; les anciennes divisions internes disparaissent et de nouveaux systèmes de soutènement sont établis. Les constructions sont édifiées contre un mur de terrasse légèrement décalé par rapport à l’ancienne limite de propriété.
Contrairement à la phase précédente, les maçonneries sont mieux conservées mais les sols font pour la plupart défaut, à l’exception de quelques lambeaux épars et du fond d’un hypocauste dégagé en limite sud de l’emprise (fig. 2). Si ce dernier traduit sans doute un développement des équipements de confort, les données manquent pour proposer une restitution aussi précise que celle de la domus du Ier siècle.
La fin de l’occupation antique date du IIIe siècle, mais il est impossible d’être plus précis. Seules de rares couches de destruction sont préservées car l’essentiel a disparu au cours de terrassements ultérieurs.
Durant les XIIIe et XIVe siècles, le site est en effet investi par les récupérateurs de matériaux. Les constructions antiques, notamment celles de la première phase, sont épierrées jusqu’aux fondations. L’ampleur de l’entreprise signifie qu’elle alimentait un chantier important et vraisemblablement situé à proximité. À titre d’hypothèse, le rempart du bas Moyen Âge, dont une portion est distante de quelques dizaines de mètres à peine (actuel boulevard Trudaine), pourrait en avoir bénéficié.
Des constructions éparses et antérieures à celles de l’époque moderne ont également été reconnues mais leur datation n’est pas assurée. Ce sont simplement des critères techniques (murs montés à la terre) et stratigraphiques (chemisage par des maçonneries modernes) qui nous incitent à les dater de la fin du Moyen Âge.
Les derniers vestiges identifiés dessinent un parcellaire connu par le plan cadastral de 1831. Ces constructions préfigurent le visage du quartier actuel, dont le réaménagement est à l’origine de cette opération d’archéologie préventive.
Julien OLLIVIER