Fiche
Résumé
L’intervention archéologique qui s’est déroulée à Rodez, durant 2,5 mois, sur la place du Bourg et ses abords (place de l’Olmet, rues Saint Amans, E. Viala et Marie) consistait à suivre la pose de réseaux d’assainissement et d’électricité ainsi que des travaux d’aménagement paysager. En complément, huit sondages mécaniques et manuels de 2 m de côté ont été réalisés aux emplacements de futures fosses à arbres et récupérateur de verre. La municipalité de Rodez et le district du Grand Rodez, Maîtres d’Ouvrage, ont assuré le financement de cette fouille dont la réalisation a été confiée à HADÈS.
La perception des séquences archéologiques a souvent été incomplète, compte tenu du mode de fonctionnement du chantier. En effet, comme toujours dans pareil cas, les tranchées à la pelle mécanique n’ont permis d’appréhender que de façon partielle les vestiges mis au jour.
Quoiqu’il en soit, les données qui en résultent sont riches, tant pour les vestiges bâtis d’époque gallo romaine ou médiévale que pour les sépultures qui sont fort nombreuses. Ce sont au total 216 inhumations qui ont été répertoriées (115 tombes en pleine terre, 75 sarcophages et 26 coffres). Si la majorité d’entre elles dépend logiquement de l’emprise cimetériale de l’église Saint Amans, les plus récentes (et plus particulièrement les tombes dépourvues d’architecture) pourraient être rattachées à l’Hôpital du Pas situé à proximité (entre la place du Bourg et la place Raynaldy). Les vestiges de construction attribuables à l’Antiquité se résument à quatre égouts, treize fondations de structures non monumentales et deux dés monolithiques dont on peut supposer qu’ils servaient de base à une colonnade.
L’utilisation de cet espace en tant que cimetière débute au haut Moyen Âge avec la présence de sarcophages historiés découverts au XIXe s. autour de l’église Saint Amans. La chronologie des tombes découvertes lors de notre intervention ne semble débuter qu’au XIIe XIIIe s. avec les sarcophages. Mais la profondeur d’ensevelissement de certains laisserait supposer une datation plus ancienne. de même, des remplois semblent avoir été effectués jusqu’à une période avancée dans le Moyen Âge. Les cuves, en grès, sont toutes anthropomorphes, à logettes céphaliques et, dans certains cas, à coussinets taillés dans la masse ou rapportés. Les tombes en coffre bâti, sont essentiellement datables du XIIe ou XIIIe s. mais avec un éventuel prolongement jusqu’au début de l’époque moderne. Certaines étaient accompagnées de mobilier en bronze provenant de vêtements, de parures et d’objets de toilette. L’une d’elles contenait une tasse en céramique datée du XIIe XIIIe s.
Les tombes en pleine terre paraissent couvrir une longue séquence, sans que l’on n’ait pu dater les plus anciennes. Elles doivent perdurer jusqu’à l’époque moderne mais semblent alors correspondre à des inhumations occasionnelles, postérieures à la désaffectation de la zone cimetériale, au cours du XIVe s.
Le plan du mazel médiéval (marché couvert) a pu être partiellement dressé. Toute sa face nord, longue de 18Êm, a été retrouvée ainsi qu’une petite salle basse dallée, à usage de réserve. De la fin du Moyen Âge (ou du début de la période moderne) nous pouvons dater une cave qui conservait la naissance d’une voûte banchée. Plus proche de nous, c’est la halle détruite à la fin du siècle dernier qui a été localisée avec son puits contigu. L’intensité de l’occupation nous autorise désormais à poser les jalons des séquences les plus marquantes de l’évolution de l’habitat urbain de ce secteur de la ville, depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours. Didier RIGAL
Didier RIGAL