HADÈS Archéologie

Place de La Madeleine

Fiche

Résumé

Les deux opérations archéologiques, menées consécutivement dans le cadre du réaménagement de la Place de la Madeleine, à Rodez (Aveyron), donnent une bonne image de l’évolution de ce site de l’Antiquité à nos jours. Les indices d’occupation les plus anciens (tessons de céramique) témoignent de la fréquentation du site dès l’époque gauloise. Ils sont sans doute en corrélation avec les habitats structurés, identifiés sur les sites proches de la Durenque et du Parmentier.

Les premières constructions apparaissent dès le Ier siècle de notre ère. Les quatre pièces repérées pourraient correspondre à deux voire trois bâtiments voisins. La salle, située sous l’emprise de l’église de la Madeleine, sera en partie reconstruite et réaménagée pour abriter des sépultures (sarcophage en pierre et en plomb, tombe en bâtière). On se trouve sans doute en présence d’un édifice à vocation funéraire, une chapelle privée ou un petit mausolée.

Ce bâtiment primitif est englobé dans les murs massifs d’une église dont les caractères architecturaux sont manifestement ceux des édifices préromans du Rouergue. En effet, le mur gouttereau nord, le seul conservé, comporte au moins deux niches de grandes dimensions, aménagées dans son épaisseur. Un tel dispositif est assez fréquent dans les petites églises du nord Aveyron, dont la construction est attestée dès le XIe siècle. des fondeurs profitent des travaux de construction pour fondre une cloche. Ils installent leur atelier au centre de la nef et abandonnent, au fond de la fosse de fonte, le moule qui avait été façonné pour cette réalisation. Les inhumations peu nombreuses sont alors pratiquées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’église et dans ce dernier cas, le corps est placé dans un sarcophage dont la cuve est fermée par des dalles en matériaux locaux (schistes, gneiss…).

Entre le XVe siècle et le XVIe siècle, l’église est agrandie : le chœur en cul de four est remplacé par un chœur rectangulaire plus vaste et un transept est ajouté à la nef.

Au tout début du XVIIe siècle, l’édifice est de nouveau en chantier et les fondeurs profitent encore de cette occasion pour fondre une nouvelle cloche. L’aménagement de la fosse de fonte sans doute assez vaste compte tenu de la taille de la cloche a profondément perturbé la stratigraphie antérieure.

L’église, vendue aux enchères en 1808, sera entièrement détruite afin d’ouvrir une rue pour relier la place du Bourg à la place de la Madeleine, en passant devant la toute nouvelle église Saint Amans, reconstruite au XVIIIe siècle. L’église de la Madeleine est alors entièrement épierrée, mais le mur gouttereau nord est épargné, sans doute pour contenir les remblais dans une zone qui accuse encore de nos jours un important dénivelé.

Au XIXe siècle, une vaste fontaine vient agrémenter et meubler ce large dégagement en se substituant au puits citerne, en place au moins depuis le XVe siècle.

Cette place a été absorbée par l’urbanisme du XXe siècle, avec la construction de nouveaux immeubles, le goudronnage de la chaussée et l’aménagement d’un îlot giratoire, équipé d’un éclairage public, d’un téléphone et d’un horodateur. Mais ses habitants ont su préserver cet esprit convivial qu’on ressent encore dans les vieux quartiers.

Catherine BOCCACINO