Fiche
Résumé
Serres Castet, en Béarn, se trouve au nord de Pau, dans la région du Vic Bilh. Le territoire communal comprend la lande du Pont Long au sud et un plateau, au nord, sur lequel se trouve la mairie. Le Cartulaire de Lescar signale l’existence d’un seigneur de Serres en 984 et d’une chapelle à la fin du XIe siècle qui est devenue l’absidiole sud de l’église Saint Julien actuelle. Au cours du XIVe siècle, de violents conflits d’usage sur les pâturages du Pont Long opposent les habitants de Serres aux Ossalois, les amenant à s’installer sur le plateau, en position défensive. L’habitat et l’église paroissiale regroupés sur la hauteur constituent un castelnau protégé par le château seigneurial qui s’élevait sur la motte. Les seigneuries s’y succèdent jusqu’à la Révolution avec, entre temps, le déplacement du logis seigneurial de la motte vers la basse cour.
La commune achète ce bien en 1892 pour y installer la mairie et les écoles communales. Les terrains concernés par les travaux sont dans une zone archéologiquement très sensible, l’emplacement du futur bâtiment se situant directement sur le fossé qui ceinture la motte castrale à l’ouest de cette dernière. Le projet d’extension du bâtiment de la mairie de Serres Castet se situe au pied de la motte, sur son versant nord-ouest, à l’interface avec le cimetière paroissial qui s’étend autour de l’église Saint Julien.
Les travaux de terrassement ont permis de réaliser une tranchée sur la partie nord de la parcelle soumise à la prescription de fouille, ainsi qu’un autre sondage sur la partie sud. Suivant la prescription de l’État, ces tranchées ont été implantées de manière radiale par rapport à l’emprise de la motte castrale afin de recouper perpendiculairement le fossé. Elles ont été réalisées jusqu’à atteindre le substratum géologique.
Alors que la proximité du cimetière d’origine médiévale et de la motte pouvait laisser espérer la découverte de vestiges anciens, les deux tranchées n’ont révélé que des niveaux de remblais, assez récents, dont la plupart ont été mis en place dans le cadre de l’installation de réseaux. C’est particulièrement le cas dans la tranchée 1. Dans la tranchée 2 cependant, les coupes sud et nord laissent entrevoir un très léger creusement en cuvette, très arasé qui pourrait être interprété comme le fond d’un fossé large et profond. On peut aussi envisager que la motte, de par sa situation en position élevée, n’était pas entourée d’un fossé à proprement parler mais d’un simple cheminement. L’activité la plus ancienne que l’on peut identifier est donc le probable creusement de ce fossé. Celui-ci est comblé durant l’époque moderne, certainement en lien avec le déplacement de la maison seigneuriale de la motte vers la basse cour. En effet, les très rares tessons de céramique qui ont été prélevés dans ce niveau sont postérieurs au XVIIe siècle. Puis, un niveau de remblais, recouvert par la terre végétale, est venu sceller ce comblement. Ce fossé paraît avoir suivi la pente naturelle vers le nord. Dans la tranchée 1, à l’extrémité sud est, c’est à dire là où il y le moins de réseaux, on distingue dans les coupes sud et nord une déclivité très irrégulière dans le substrat. Celle-ci se trouve contre le talus actuel de la motte, dans l’axe du creusement perceptible dans la tranchée 1, et pourrait être une trace de l’ancien fossé. Les remblais recouvrant ces profils qui évoquent une cuvette sont constitués en grande partie de matériaux de démolition modernes. Probablement durant l’époque moderne, deux murs de même facture, perpendiculaires l’un par rapport à l’autre, sont érigés. L’un est orienté est ouest. Il est composé de galets de 10 à 20 cm liés par un mortier sableux. Il est plus large à sa base et sa fondation a été creusée dans le substrat. L’autre vestige de mur est orienté nord sud. Il a été installé dans le substrat par un creusement test aussi constitué de galets. Ce mur est très large à sa base et assez informe. Il peut s’agir soit de la fondation d’un mur très épais et / ou effondré mais aussi d’un angle entre deux murs perpendiculaires. On peut donc poser l’hypothèse que ces deux murs ont pu fonctionner ensemble. L’observation du plan cadastral napoléonien montre d’ailleurs un petit bâtiment présent approximativement à cet emplacement. Plusieurs niveaux de remblais contiennent des matériaux de démolition modernes à contemporains (TCA, tessons de céramiques, clous et pièces métalliques indéterminées). L’ensemble des niveaux a été recouvert par de la terre végétale puis aménagé pour l’installation de réseaux, de caniveaux et d’un sol de circulation en graviers compactés au XXe siècle.
En conclusion, la composition de la plupart des remblais identifiés dans les deux sondages semble indiquer soit qu’ils proviennent de démolition et d’aménagements récents voire très récents, soit qu’ils ont été amenés d’ailleurs. On peut en effet être surpris de l’absence de mobilier céramique et d’ossements malgré la proximité immédiate de la motte et surtout du cimetière. Les nombreuses utilisations successives du site (logis seigneurial, maison de maître, école et cour, mairie…) et la concentration des réseaux dans cet espace restreint ont entrainé la quasi disparition des niveaux anciens.
Amaia LEGAZ