Fiche
Résumé
2005, Fouille de sauvetage
La fouille de sauvetage de la nécropole de La Mouline (commune de Bruguières), à 20 km au nord de Toulouse, menacée par la construction d’un lotissement, a livré des informations sur l’occupation du site durant le haut Moyen Âge. Installé dans la plaine alluviale de la Garonne sur une terrasse bordant le cours de l’un de ses affluents, l’Hers, le site est fréquenté durant la Protohistoire, comme en témoigne le matériel résiduel recueilli, mais c’est pour l’essentiel du VIIIe au XIIIe s. qu’il connaît la plus importante occupation.
Sans qu’un édifice de culte ait pu être repéré dans l’emprise de la fouille, une importante nécropole s’est développée, dont on peut estimer le nombre d’inhumations à un millier au moins. 332 sépultures et 185 fosses d’extraction, silos et fosses dépotoirs ont été repérés dans les différents sondages couvrant environ 4500 m², dont 1500 m² environ ont fait l’objet d’une fouille fine, mais la surface explorée atteint à peine un quart de la surface totale du site.
Les deux fenêtres fouillées exhaustivement ont montré l’existence de regroupements de sépultures progressivement colonisés par des aires d’ensilage, ainsi que la présence d’un habitat en bordure de la nécropole ; si les formes de cet habitat, représenté par quelques trous de poteaux, des foyers et un four domestique, sont mal définies, il semble que la nécropole ait attiré une population dans son environnement proche, phénomène qu’il faut probablement attribuer au privilège d’immunité lié au cimetière. Les aires d’ensilage installées au milieu des inhumations et contemporaines de celles-ci sont caractéristiques de ce phénomène. On doit par ailleurs envisager l’existence de zones d’inhumations et de stockage correspondant à des cellules familiales. Les inhumations successives dans les mêmes fosses, ainsi que les nombreuses réductions témoignent en outre en négatif de l’existence de marquages de surface des tombes permettant leur réouverture.
Les sépultures, en pleine terre ou en coffrages de planches, avec parfois des fosses anthropomorphes, sont dénuées de dépôts funéraires pour le VIIIe s.
Dès le IX e s. cependant, et surtout aux Xe et XIe s., les céramiques funéraires déposées aux pieds des défunts apparaissent (fig. a) et fournissent un lot de mobilier particulièrement intéressant pour cette période encore mal connue dans la région toulousaine (fig. b). La longue durée d’utilisation du site a par ailleurs conduit à la multiplication des inhumations sur une surface restreinte, occasionnant de fréquents recoupements des sépultures anciennes.
La nécropole est abandonnée au cours du XIIe s. et l’habitat lui-même semble délaissé. On ne peut que constater une lacune dans la documentation pour la fin du Moyen Âge, et ce n’est qu’au cours de l’Époque Moderne que le site est à nouveau occupé avec un moulin situé sur le cours de l’Hers en bordure de la nécropole.
Laurent D’AGOSTINO
2009
L’étude archéologique menée sur le site de “La Mouline”, à Bruguières, a été engagée à la suite d’une découverte fortuite. Elle a permis de déterminer la nature du ou des sites occupant les parcelles concernées par les constructions d’un lotissement (maître d’ouvrage : Groupe Carrère). Si les observations sont réduites dans l’espace (12 % de la surface du site ont été fouillés), du fait même du mode d’investigation choisi (la fouille par sondages, au nombre de 11 tranchées réalisées), cette première étude précise la présence d’une occupation résiduelle de la Tène final/Haute Antiquité (fosses dépotoir) et surtout confirme l’existence d’un cimetière médiéval ayant été utilisé, au plus large, entre le XIe s. et le début du XIIIe s.
Ce dernier occupe une vaste surface d’au moins 100 m. de diamètre.
La typologie des tombes fouillées : coffre en bois, fosse anthropomorphe couverte probablement de planches, inhumation en linceul, dépôt funéraire d’un pégau ; reste, pour la région, synchrone avec la datation relative donnée par le mobilier recueilli dans les comblements des structures médiévales.
Dans ce vaste cimetière, les individus observés dans les sondages, sont essentiellement des sujets immatures (enfants et adolescents).
Enfin, une dernière observation, non moins intéressante, est la présence dans le cimetière de fosses silo. Ces structures de stockage de denrées alimentaires ou de réserves agricoles sont regroupées en batterie. Un petit nombre a été repéré dans les tranches 3, 8 et 10 (estimation de leur densité : 0,04 fosse au m2. Leur comblement, par des couches détritiques, nous indique un abandon antérieur aux premières décennies du XIIIe siècle, mais pas au-delà. Dans ce contexte, un four (de potier ?) apparaît dans la dernière phase d’occupation du cimetière, puisqu’il semble abandonné entre à la fin du XIIe s. et le début du XIIIe s.
Julien PELISSIER