Fiche
Résumé
Ces huit semaines d’étude du bâti se sont déroulées en amont de la requalification de l’Îlot Besagne, à Toulon. Cette opération d’étude du bâti fait suite au diagnostic archéologique réalisé par l’équipe dirigée par Nathalie Molina[1] pour l’Inrap en octobre 2015. Comme précisé dans le cahier des charges, si l’ensemble du projet a été prescrit, l’étude du bâti s’est concentrée sur cinq parcelles, d’une superficie au sol de 193,25 m2. Néanmoins, les six autres ont été visitées plusieurs fois suivant l’avancée de l’opération, sans que des écroûtages supplémentaires ne s’avèrent nécessaires à la compréhension de l’évolution architecturale de l’ensemble de l’îlot.
L’intervention a débuté par la mise en place de bandes de sondages muraux dans les enduits à des endroits stratégiques : en priorité sur des anomalies repérées dans l’aplomb de certaines élévations intérieures et à la jonction d’autres d’entre-elles. Ces écroûtages ont ensuite été réalisés à l’aide d’outils mécanisés, par un maçon sous-traitant, puis, en fonction des résultats obtenus, ont été agrandis pour obtenir une meilleure lecture des maçonneries.
Si le diagnostic avait mis en évidence d’intéressants éléments d’usages dans ces unités d’habitation, comme des potagers, des escaliers originaux en plâtre et à structure bois ainsi que des conduits d’évacuation des eaux usées en terre-cuite, les maçonneries elles-mêmes n’avaient pu être étudiées. La typologie des formes visibles en façades, ainsi que celle des aménagements intérieurs avaient conduit les rédacteurs de ce rapport à situer la construction de l’ensemble de l’îlot entre la fin du XVIe siècle et pendant le XVIIe siècle. Si la datation de ces constructions n’a pas été remise en cause par notre étude, elle nous a néanmoins permis de sortir de l’idée d’homogénéité de l’évolution parcellaire qui a pu lui être appliqué, en raison notamment de l’alignement des façades. Actuellement, comme cela apparait sur les relevés du plan-relief de 1794-96, qui a été réalisé dans l’ensemble de la ville de Toulon, ces élévations extérieures sont en effet très « lisses ». Ce manque d’aspérités a ainsi pu, sans avoir d’accès aux maçonneries, laisser penser que ces parcelles avaient été mise en place immeubles après immeubles, suivant une chronologie relative de l’un à l’autre, de façon standardisée et sans grands changements de distribution intérieure. Or, cette homogénéité visible masquait de nombreuses et différentes phases de construction au sein même de chaque parcelle. Le plan d’urbanisation de l’îlot a été réalisé, mais en de très nombreuses étapes, fragmentées entre-elles et sans cohérence d’ensemble. Jusqu’à ce qu’il soit décidé, probablement dans les quelques décennies ayant précédées la réalisation des croquis du plan-relief, de transformer le tout formé par ces constructions disparates en parcelles abritant des immeubles de rapport, comptant une grande majorité de logements standardisés et quelques exceptions de meilleur « standing ».
[1] Molina Nathalie, Îlot Besagne – Un quartier fin XVIe s. – XVIIe s., rapport de diagnostic, Inrap Méditerranée, février 2016.
Jérôme Mercier