Fiche
Résumé
Le lieu-dit « Territoire des Sarrasins » est situé au cœur du bourg de Beynac, juste au pied de la falaise que couronne le château. Il s’agit d’une parcelle qui s’étire sur environ 220 m d’ouest en est et de 25 m de large. Préalablement à tous travaux d’aménagement et de mise en valeur, le propriétaire a confié à Hadès une rapide étude archéologique des différentes constructions implantées sur cette parcelle. Cette étude a été menée en avril 2004 par Patrick Bouvart. Précédemment, des sondages liés à une surveillance de travaux de terrassements avaient été pratiqués en décembre 2003 sur la « Fontaine des sarrasins » par Steven Sylavie.
Il n’est pas encore possible d’établir un éventuel lien entre les propriétaires et le nom de « sarrasins » attaché à ce territoire, terme dont le fondement historique reste inexpliqué. À cet effet, des recherches en archives seraient nécessaires.
Le « Territoire des Sarrasins » a été, avant tout, un lieu d’extraction de la pierre qui a dû alimenter bon nombre de chantiers de construction à Beynac. Cette activité suppose une occupation relativement ancienne, sans doute médiévale. Le caractère destructif de ce type d’exploitation n’a pas laissé a priori d’autres traces que des fronts de taille dont certains ont sans doute été des habitats en « encoches » comme on peut en trouver dans les castra médiévaux de montagne (Auberoche en Dordogne, Durfort dans le Tarn, etc.). La configuration du terrain a permis d’aménager un point de ravitaillement en eau qui subsiste encore aujourd’hui sous la forme d’une fontaine dite « fontaine des sarrasins ». Cet édifice voûté est antérieur à l’aménagement de jardins comme l’ont prouvé les sondages archéologiques. Il est donc très certainement l’œuvre de carriers, à l’époque moderne. Si on ne peut dater l’arrêt de l’activité en carrière, il est de toute manière antérieur à la création du jardin, au (milieu ?) XVIIIe siècle. Mais, il existait déjà un logis à l’extrémité ouest, sans doute bâti au XVe-XVIe siècle et agrandi une première fois au XVIIe siècle. Ce bâtiment semble être une habitation patricienne ou bourgeoise dont les grandes phases de construction et d’évolution ont pu être identifiées.
Le XVIIIe siècle marque une importante phase d’aménagement du site, avec un agrandissement notable du corps de logis en liaison avec l’aménagement d’un jardin. C’est sans doute à cette période qu’il faut également rattacher l’édification du « pigeonnier » dont la fonction n’a pu être clairement définie, voire un peu plus tôt. La récupération des anciennes terrasses de carrier pour y aménager des jardins a débuté au XVIIIe siècle, on l’a vu, avec la construction d’un premier mur de soutènement à l’extrémité ouest. Les travaux se poursuivent par tranches, d’ouest-en est, et assez rapidement puisque les choses semblent définitivement fixées en 1832 (cadastre napoléonien).
Il est difficile de replacer dans tout cela la construction du « puits des sarrasins ». de construction sans doute assez tardive dans le Moyen Âge, voire du début de la période moderne, cette citerne doit elle être associée au château ? de nombreuses questions restent en suspens, à commencer par son accès. Cette structure mériterait une étude archéologique car il semble que ce soit un cas exceptionnel de citerne située en dessous d’un château et en dehors des remparts. On ne connaît qu’un autre cas semblable, au château de Gavaudun (Lot-et-Garonne) où l’eau pouvait être puisée depuis le château, en sommet de falaise, depuis une muraille située juste à l’aplomb d’un puits (aujourd’hui bouché).
Patrick BOUVART, Steven SYLAVIE