Fiche
Résumé
L’église monolithe de Saint-Georges est située dans le département de la Charente, à environ 30 kilomètres au sud-est de la ville d’Angoulême, dans la commune de Gurat. Le site se développe en contrebas et à l’est du bourg, dans un flanc de falaise qui borde le canal des Moulins, situé dans la vallée de la Lizonne, affluent de la Dronne. L’occupation est étagée sur deux niveaux, les maçonneries du site ont quasiment toutes disparu (fig. 1).
Le site rupestre de Gurat est connu dans la tradition orale et la documentation comme un ancien lieu de culte chrétien, voir un ermitage. Aucune source historique ne vient confirmer cette interprétation, la première mention apparaissant dans un arpentement de 1747 mentionnant les « rochers appelés de Saint-Georges ». Les recherches archéologiques menées sur le site dans le début de la seconde moitié du XXe siècle l’ont qualifié de monastère, abandonné suite à une destruction au cours de la guerre de Cent Ans.
Il se répartit en plusieurs espaces situés à différents niveaux. On accède actuellement à l’édifice creusé par le palier inférieur, bordé d’aménagements creusés dans la roche, en grande partie comblés. Le palier médian est situé à l’ouest du niveau inférieur, il est composé d’un plateau de roche calcaire ayant été retaillé par endroits. Il comporte trois zones d’aménagements différents, la plupart des structures conservées étant creusées dans le sol. Il permet l’accès en partie nord à l’église.
Un couloir coudé creusé dans la paroi de la falaise amène au monument creusé. Il débouche sur une salle rectangulaire troglodytique partitionnée en deux espaces dans le sens est-ouest par des piliers centraux ménagés dans la roche (fig. 2). À l’extrémité sud-est, elle se prolonge par une abside dont la maçonnerie a disparu. Dans la paroi nord s’ouvre en partie ouest un second couloir permettant l’accès à une salle située en hauteur.
L’intervention archéologique sur site a mobilisé trois personnes sur le terrain, pour une durée d’une dizaine de jours. Les problématiques étaient axées sur les origines et les fonctions de ce site, jusqu’à présent largement basées sur la tradition orale. Le caractère inachevé de l’édifice rend aussi son étude très intéressante pour les connaissances sur les modes de creusements de ce type d’édifices.
Cette étude a permis dans un premier temps de reconstituer cet ensemble creusé composé principalement de l’édifice religieux, d’un espace funéraire ainsi que de bâtiments d’habitations avec les annexes agricoles associées (fig. 3). La fondation, par comparaison aux monuments creusés voisins d’Aubeterre et de Saint-Émilion peut être attribuée au XIIe siècle. Le caractère inachevé de l’édifice mis en évidence par l’étude de la technique de creusement se justifie probablement par des raisons financières, ce qui tend à l’interpréter comme d’origine privée. L’homogénéité des aménagements intérieurs permet de pressentir un creusement en une seule phase. Les modifications du site interviennent à partir du XIVe siècle, au moment du changement de fonction de la cavité. Une salle destinée au stockage est aménagée en partie nord de l’édifice et des cloisonnements intérieurs témoignent d’un réaménagement des circulations. Les artefacts placent l’abandon aux alentours du XVIe siècle, avec quelques possibles réaménagements plus tardifs des espaces extérieurs. À partir de cette date, l’occupation des lieux semble être plus sommaire.
Cette étude préalable, marque, nous l’espérons, le point de départ d’une recherche plus importante sur ce site, prenant en compte l’environnement de manière plus large et reprenant les données matérielles des fouilles anciennes.
Mylène NAVETAT