HADÈS Archéologie

Église Sainte-Livrade

Fiche

  • Responsable : Jean-Luc PIAT, Benoît GARROS
  • Période de fouille : 1999, 2010
  • Localité : Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

1999

Une surveillance archéologique de travaux de tranchées s’est déroulée à l’occasion de la pose d’un drain de récupération des eaux autour du chevet de l’église priorale Sainte-Livrade. Cette opération, confiée par le Service Régional de l’Archéologie à la société Hadès, a permis d’observer des niveaux archéologiques anciens compris entre les XIIe et XIXe siècles, sur une profondeur moyenne d’un mètre. Le substrat naturel n’a pas été atteint malgré quelques sondages ponctuels plus profonds réalisés au chevet de la chapelle nord, au chevet de l’abside et dans la tranchée rejoignant le collecteur des eaux.

Les fondations de l’église romane (1er quart du XIIe siècle) ont pu être dégagées partiellement par le tracto pelle, sans pouvoir atteindre la semelle, trop enfouie dans le sous-sol. Les terres qui viennent se coller contre cette maçonnerie appartiennent à des remblais sépulcraux. En effet, le cimetière figuré sur les plans du XVIIe siècle a été recoupé par les tranchées. Plusieurs sépultures ont été dégagées et fouillée. Au moins deux niveaux d’enfouissements sépulcraux sont apparus distinctement : un premier niveau profond essentiellement caractérisé par des sépultures en pleine terre des XIIe XIIIe siècles (un mètre de profondeur sous le sol actuel) ; un second niveau de sépultures en coffre bâti de brique ou de pierre et de sépultures en pleine terre ou en cercueil des XIIIe XVIe siècles, installées dans un niveau de remblais épais. Les tombes bâties, assez bien conservées pour la plupart, contenaient des ossements en réduction ainsi que des corps en connexion. Près d’une dizaine de ces individus avaient été ensevelis avec le dépôt d’une coquille de Saint Jacques. Il s’agit visiblement de sépultures de pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. des fragments de tissus brodés de fils de bronze (linceul ou étole ?) ont d’ailleurs été retrouvés autour d’un squelette. des vases à offrandes en céramique (tirelire, pégau) de la fin du XIVe siècle étaient parfois associés aux tombes en briques.

Des murs ont été dégagés à plusieurs reprises. Outre ceux en brique et en pierre de l’ancienne sacristie du XIXe siècle abattue en 1998, un long mur de clôture en brique a été dégagé le long de la tranchée rejoignant le collecteur. Il date apparemment du XVIIIe siècle et appartient à un réaménagement du monastère sous les Mauristes. Une autre maçonnerie de pierre, très large, a été observée perpendiculairement au contrefort nord-est de la chapelle. Cette maçonnerie pourrait correspondre à la fondation d’une sacristie antérieure construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Enfin, un mur en brique au nord de la chapelle, le long de l’ancienne aile orientale du prieuré, semble appartenir à la fondation d’un bâtiment monastique antérieur aux reconstructions mauristes. Cette surveillance archéologique a donc livré de nouvelles données sur le lieu de culte de Sainte-Livrade dont le prieuré paraît constituer une étape sur la route du Puy vers Saint Jacques de Compostelle. En outre, la nécropole médiévale, dont les origines remontent au haut Moyen Âge, s’est étendue vers l’est à l’époque romane, autour du chevet construit dans le courant du XIIe siècle. Jean-Luc PIAT

Jean-Luc PIAT

2010

La commune de Sainte-Livrade sur Lot se situe à proximité de Villeneuve sur Lot à quelques kilomètres de cette dernière. La surveillance archéologique mise en œuvre autour de l’église a été motivée par la réalisation d’un projet de drain le long des murs gouttereaux avec un raccordement sur le réseau d’évacuation principal. Ce secteur a fait l’objet de plusieurs opérations de suivi ayant mis en évidence la présence de nombreuses inhumations des haut et bas Moyen Âge tels que des sarcophages monolithes et des sépultures en coffrage bâti. Ces résultats scientifiques sont à l’initiative de la prescription émise par le Service Régional de l’Archéologie. L’une des finalités de cette investigation était de confirmer les séquences stratigraphiques entourant la mise en place des inhumations. La faible cote d’affouillement et la présence de nombreux réseaux ne nous ont pas permis de tirer d’enseignements inédits. Cependant, ces découvertes restreintes tendent à confirmer les conclusions des interventions précédentes. Cela concerne notamment le secteur du portail de l’église ou plusieurs maçonneries ont été repérées. Ces vestiges sont à mettre en relation avec les découvertes d’une opération datant de 2005 (Coutures, Stuz 2007), suggérant la présence d’un bâtiment antique.

Au cours de la fouille nous avons perçu une séquence d’accumulation sédimentaire hétérogène, s’apparentant à un remblai issu du remaniement de sépultures (démolition, ouverture, déplacement). L’absence de marqueurs chronologiques interdit de renseigner plus précisément ce niveau. Cependant, à la vue des tombes bâties en brique issues de ce contexte, il semble que cette phase de fréquentation du cimetière s’inscrit dans un intervalle compris entre le XIVe et le XVIe siècle. La fouille partielle des coffrages exclut la réalisation d’une étude exhaustive. Sur sept inhumations, dont une en pleine terre, trois sépultures contenaient des ossements déplacés ou un corps en connexion.

Benoît GARROS