Fiche
Résumé
L’église Saint Seurin se trouve au sud de la petite commune d’Escoussans, dans l’Entre deux Mers. D’origine romane, elle s’élève à flanc de coteau et domine la vallée de l’Euille qui serpente au pied du village. Dans le cadre de travaux de drainage et de restauration, une étude du bâti complétée par une série de cinq sondages archéologiques ont permis de déterminer les différentes étapes de construction du monument et d’évaluer le potentiel archéologique enfoui..
Attestée à partir du XIIe siècle, l’église est dédiée à Saint Seurin, vocable associé souvent aux sanctuaires de fondation ancienne. La nef, bâtie en petit appareil calcaire, est le seul vestige d’une église que l’on peut dater de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle. Les modifications importantes de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne ont pu être renseignées par les sondages archéologiques. Ainsi, un chevet semi circulaire, rasé à la fin du XVe siècle, a été retrouvé. En effet, une importante campagne de restauration entraîna la reconstruction intégrale de l’abside romane au profit d’un chevet plat, voûté d’une croisée d’ogive et de la façade occidentale dotée d’un nouveau portail de style flamboyant surmonté d’un clocher mur. L’analyse archéologique de ces deux parties de l’édifice a montré que ces travaux pouvaient être identifiés à ceux confiés par contrat notarié en 1501 au maçon Mathurin Nadau. Plus tard, dans le courant des XVIe et XVIIe siècles, des chapelles annexes furent construites sur les flancs sud et nord de la nef romane, l’une dédiée à Saint Georges, l’autre à la Vierge, ainsi qu’une sacristie au nord du chevet. Divers aménagements intérieurs installation d’une chaire à prêcher, réfection des ouvertures, mise en valeur du chœur par un emmarchement, pose d’un lanternon sur la toiture du chevet, décor peint dans le chœur, mobilier liturgique de qualité témoignent des efforts que la Contre Réforme catholique engagea pour améliorer le sort de cette petite église rurale, considérablement réparée après la guerre de Cent Ans.
En outre, les sondages archéologiques ont permis d’apporter quelques précisions sur l’origine de la nécropole située autour du sanctuaire. Trois tombes ont ainsi été fouillées. La découverte d’une cuve trapézoïdale et d’un couvercle en bâtière évidé de type « mérovingien », réutilisés tardivement, renforcent ainsi l’opinion que le lieu de culte d’Escoussans est de fondation précoce. Par ailleurs, deux tombes bâties appartenant à la fin du Moyen Âge ont été aussi dégagées. Il s’agit, pour l’une, d’un coffre sans fond doté d’une logette céphalique. L’individu qui occupait cette sépulture était orienté la tête à l’ouest. Au-dessus de cette sépulture a été aménagé par la suite un foyer bâti en tuiles, appartenant peut être à un habitat implanté dans le cimetière. Le deuxième coffre bâti était en pierres de réemploi, imbriquées selon une technique de charpentier. L’individu avait la tête au sud, le corps placé le long du mur oriental du bas-côté sud de la nef.
L’ensemble de cette opération a permis ainsi d’apporter de nouvelles et nombreuses informations sur l’histoire de l’église d’Escoussans, dont il sera tenu compte dans le projet de restauration. Ainsi, deux fragments de sculptures réemployés dans la maçonnerie de la chapelle sud ont pu être dégagés après leur découverte lors de l’analyse des élévations de l’église.
Hélène Silhouette et Agnès Marin
Agnès MARIN, Hélène SILHOUETTE