Fiche
Résumé
Le projet de restauration des maçonneries et l’installation d’un beffroi en bois dans le clocher de l’église paroissiale de la Ville de Ruoms ont engendré la prescription d’une étude du bâti du clocher et des parties externes de la croisée du transept. L’investigation archéologique proposée par la société Hadès a été retenue.
L’opération a entièrement été réalisée avec des techniques et des matériels numériques. Un relevé lasergrammétrique des extérieurs et partiellement de l’intérieur a permis de s’appuyer sur une documentation précise et réaliste du bâti. Seules quelques maçonneries masquées ont fait d’un relevé manuel ou orthophotographique. Cette documentation a été complétée par des relevés archéo topographiques non seulement du clocher mais également de l’église. Les informations archéologiques ont en conséquence été traitées sur les supports précis et finis, permettant d’engager des examens connexes non initialement envisagés.
L’étude des trois niveaux du clocher et de la croisée du transept a permis de mettre en exergue la présence de quatorze phases constructives, désignées de l’État I à l’État XIV, datables de la seconde moitié du XIIe siècle à 1988.
La date de construction attribuée à la seconde moitié du XIIe siècle est confortée par les examens comparatifs des structures et plus particulièrement des motifs ornementaux des Niveaux 4 et 5. L’édification de l’église apparaît en conséquence très homogène, hormis l’abside centrale qui est, elle, a priori édifiée au XIe siècle. Les différences de traitement entre les deux étages primitifs du clocher et la croisée du transept ne découlent pas d’une chronologie distincte mais d’un traitement différent entre le clocher et le reste de l’église.
Le clocher roman subit de multiples reprises et adjonctions de maçonneries. Celles-ci ne semblent pas être produites au cours du Moyen Âge mais durant les époques moderne et surtout contemporaine. Seule éventuelle exception, la reconstruction complète du chaînage sud est du beffroi qui est isolé de toute relation avec d’autres aménagements chronologiquement identifiés. Les premières réparations apparaissent durant les Guerres de religions, et plus particulièrement à la fin du XVIe siècle, sans exclure le début du XVIIe siècle. Les bouchages systématiques des ouvertures de la lanterne s’accompagnent de la construction d’arcs internes. Une voûte d’arêtes ne semble en revanche pas avoir été installée mais seulement envisagée. Il est également fort probable que ces travaux soient contemporains de la surélévation du bas-côté sud de l’église, enchâssant les deux chapelles du XVIe siècle. Dès lors, la physionomie du clocher est altérée. Elle le sera d’avantage par les rehaussements successifs de la croisée du transept et l’édification de contreforts. Ces premières constructions révèlent des désordres structuraux importants, encore visibles par de larges fissures. La structuration du bas-côté et le rehaussement du transept sud masquent définitivement les façades sud et ouest de la croisée, alors que deux autres surélévations du transept, établies jusqu’en 1810, dissimuleront la lanterne. Un hiatus est cependant constaté au cours de ces multiples constructions. Il est ainsi possible que l’agrandissement de l’église s’accompagne des rehaussements non seulement de la croisée du transept, mais aussi de la mise en place des combles du bas-côté et de l’installation des volumes primitifs de l’escalier. En 1823, plusieurs consolidations sont entreprises notamment la reconstruction des tableaux des jours de la baie géminée ouest du beffroi. L’usure générée par les percussions des cloches, alors placées dans les jours, contraint aux changements des moellons des tableaux. À une date inconnue, la couverture sommitale est déposée au profit d’un niveau supérieur, l’attique. Les premiers cadrans de l’horloge prendront place par la suite sur cette précédente maçonnerie, préalablement réaménagée vers 1914 1916. Après cette date, plusieurs consolidations et restaurations sont effectuées sur les maçonneries. En 1923, un projet de réaménagements de la chambre de l’horloge et de l’escalier ne voit que partiellement le jour. Enfin, durant les années 1958 1959, un rejointoiement des façades du clocher est réalisé. Enfin, le changement des cadrans de l’horloge en 1988 clôture les phases constructives.
Au terme de l’opération, les résultats acquis permettent de répondre aux questionnements techniques et scientifiques abordés dans le cahier des charges. Certaines réflexions restent cependant en suspend par la seule étude du clocher, notamment les circulations. Un examen plus global de l’édifice aurait apporté une plus grande richesse d’informations, mais la prescription sur le seul clocher démontre déjà l’intérêt et la nécessité de la démarche.
Stéphane GUYOT