Fiche
Résumé
En amont de travaux de terrassements autour de l’église de Saint Julien de Jayac, trois sondages ont été réalisés contre l’édifice d’origine romane, dans l’emprise de l’ancien cimetière paroissial. Ces sondages visaient à dégager les niveaux de sépultures les plus profonds et à observer la succession stratigraphique des remblais et la profondeur des fondations des murs de l’église. Le sanctuaire présente en effet la particularité de conserver un chœur roman à chevet plat encadré par deux chapelles latérales elles aussi d’époque romane, mais voûtées avec la croisée du transept à l’époque gothique. À l’extérieur, un chemisage d’époque moderne masque l’ensemble du chevet roman. La nef a été reconstruite entièrement au XIXe siècle.
Un premier sondage a été réalisé sur la liaison entre la nef et le bras du transept nord. Un second a été implanté dans l’angle nord-est du transept sur le retour du mur de chemisage du chevet. Enfin, le troisième sondage fut creusé à l’est d’une sacristie du XIXe siècle au droit du mur du chevet de l’église.
Sur l’ensemble des trois sondages, on voit un puissant remblai sur une hauteur comprise entre 100 et 140 cm à partir du niveau de sol actuel de circulation. Ce remblai correspond à plusieurs comblements récents (fragments de pierres tombales des XVIIIe et XIXe siècles et sépultures associées, ossements humains dispersés, fragments d’ardoises, objets métalliques, etc.) qui ne présentent guère d’intérêt archéologique. Les seuls éléments remarquables sont les stèles et pierres tombales souvent décorées et gravées de l’ancien cimetière du XIXe siècle translaté pour partie dans les années 1924 1925.
En dessous de ce remblai, plusieurs niveaux sépulcraux anciens ont été observés. Il s’agit d’une part de remblais contenant des ossements humains dispersés et abritant des inhumations en place d’époque moderne en cercueils et en pleine terre ; d’autre part, de tombes bâties en dalles calcaires (lauzes) au moins sur deux étages distincts et reposant sur le socle rocheux ou creusées directement dans le soubassement calcaire. Ces sépultures peuvent être attribuées à l’époque médiévale.
Chacun des trois sondages a atteint le substrat naturel formé ici d’un socle calcaire délité en surface. Les fondations de l’église reposent directement sur ce socle rocheux. Le premier sondage a mis en évidence le soubassement d’un contrefort ainsi que le ressaut de fondation de la nef romane primitive construite en petit appareil régulier. La reconstruction de la nef à la fin du XIXe siècle s’est appuyée en partie sur cette maçonnerie préexistante du côté nord de l’église. Le troisième sondage a, quant à lui, mis en évidence le ressaut de fondation en moyen appareil calcaire du chevet roman. L’intervention archéologique renseigne donc sur les origines du sanctuaire qu’il faut replacer dans le contexte d’un bourg castral né autour du donjon roman de Jayac situé à moins de 50 mètres à l’est de l’église.
Jean-Luc PIAT
Jean-Luc PIAT