HADÈS Archéologie

Église monolithe

Fiche

  • Responsable : Mylène Navetat
  • Période de fouille : du 20 au 31 août 2018
  • Localité : Gurat (Charente)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : ATLANTIQUE

Résumé

L’église monolithe de Saint-George est située dans le département de la Charente, à environ 30 kilomètres au sud-est de la ville d’Angoulême, dans la commune de Gurat. Le site se développe en contrebas et à l’est du bourg, dans un flanc de falaise qui borde le canal des Moulins, situé dans la vallée de la Lizonne, affluent de la Dronne. L’occupation est étagée sur deux niveaux, les maçonneries du site ont quasiment toutes disparu (fig. 1).

 

Le site rupestre de Gurat est connu dans la tradition orale et la documentation comme un ancien lieu de culte chrétien, voir un ermitage. Aucune source historique ne vient confirmer cette interprétation, la première mention apparaissant dans un arpentement de 1747 qui cite les « rochers appelés de Saint-Georges ». Les recherches archéologiques menées sur le site au cours de la seconde moitié du XXe siècle l’on qualifié de monastère, abandonné suite à une destruction pendant la guerre de Cent ans.

Il se réparti en plusieurs espaces situés à différents niveaux. On accède actuellement à l’édifice creusé par le palier inférieur, bordé d’aménagements creusés dans la roche, en grande partie comblés. Le palier médian est situé à l’ouest du niveau inférieur, il est composé d’un plateau de roche calcaire ayant été retaillé par endroits. Il comporte trois zones d’aménagements différents, dont deux secteurs funéraires, la plupart des structures conservées étant creusées dans le sol. Il permet l’accès en partie nord à l’église.

Un couloir coudé creusé dans la paroi de la falaise permet l’accès au monument. Il débouche sur une salle rectangulaire troglodytique partitionnée en deux espaces dans le sens est-ouest par des piliers centraux ménagés dans la roche. À l’extrémité sud-est, elle débouche sur une abside dont la maçonnerie a disparu. Dans la paroi nord s’ouvre en partie ouest un second couloir permettant l’accès à une salle située en hauteur.

 

L’intervention archéologique sur site fait suite à une première campagne réalisée en 2016 qui avait permis de reconstituer cet ensemble creusé composé principalement de l’édifice religieux, d’un espace funéraire ainsi que de bâtiments d’habitations avec les annexes agricoles associées (fig.2). La fondation, par comparaison aux monuments creusés voisins d’Aubeterre et de Saint-Émilion, avait alors été attribuée au XIIe siècle. Le caractère inachevé de l’édifice avait été mis en évidence, probablement justifié par son origine privée et des raisons financières.

L’étude de 2018 a mobilisé quatre personnes sur le terrain, pour une durée d’une dizaine de jours. Les problématiques étaient axées sur la reconnaissance de la stratigraphie en partie sud du palier médian, la compréhension des aménagements en partie nord de ce même espace ainsi que la prise en considération de l’environnement troglodytique.

Cette campagne a permis dans un premier temps de remettre en question la fondation du monument par la découverte d’une sépulture en place et sa datation au C14 donnant une fourchette chronologique comprise entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle (fig. 3). L’organisation liturgique et funéraire du secteur nord a pu être comprise, avec la mise en évidence de différentes périodes d’aménagement. Pour le secteur sud, des structures ont été dégagées, mais difficilement interprétables en l’absence d’investigations complémentaires. La prise en considération de l’environnement troglodytique du site a permis de démontrer une utilisation du front rocheux pour des activités agricoles ou artisanales, la fonction d’habitat étant complètement exclue de ce type d’architecture. Enfin, un rapide inventaire du mobilier conservé au CCE d’Angoulême a permis d’entrevoir la chronologie des structures dégagées lors des investigations du début du XXe siècle.

 

Cette campagne de prospections-sondages permis d’envisager le monument dans son environnement. Une dernière étude est souhaitable afin de dégager les zones où la stratigraphie a été conservée (nord du palier médian) et de comprendre l’organisation du secteur funéraire sud. Enfin, une observation complète de la paroi nettoyée permettrait d’envisager l’architecture troglodytique du site dans son ensemble.

 

Mylène Navetat