Fiche
Résumé
Le village de Saint-Lizier est situé sur la rive droite du Salat, sur les flancs d’un piton calcaire couronné par un rempart de l’Antiquité Tardive, objet de la présente intervention. La moitié ouest de cette enceinte est occupée par une partie du village actuel, alors que la moitié orientale forme le « Domaine du Palais des Évêques ». La construction d’une résidence dans cette partie de l’enceinte a conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une fouille archéologique préventive. L’aménagement prévu affecte une partie seulement du « Domaine ». L’opération s’est ainsi concentrée sur une portion du rempart contre laquelle sera construite certains des nouveaux bâtiments. Cette intervention comportait deux volets. D’une part, des sondages devaient être ouverts au pied du rempart afin d’en observer les fondations et d’identifier d’éventuels niveaux en lien avec la construction de l’ouvrage ou avec l’occupation de l’enceinte. D’autre part, cette approche sédimentaire devait être assortie d’une observation attentive de la maçonnerie concernée par l’aménagement afin de compléter l’analyse réalisée lors du diagnostic.
Le principal objectif de l’opération était d’apporter des éléments de datation susceptibles de préciser l’époque de construction du rempart. D’après les recherches les plus récentes, ce dernier aurait été édifié au début du Ve siècle. A partir du début du XIXe siècle, l’intérieur de l’enceinte a été occupé par un hôpital psychiatrique, désaffecté en 1969, et dont la plupart des bâtiments ont été démolis quelques années plus tard (1973). Dans la zone explorée, la quasi totalité des niveaux antérieurs à l’hôpital ont disparu. Les couches les plus anciennes ont été principalement observées sous les fondations du rempart antique. Au regard du mobilier qu’elles renferment, elles témoignent peut-être d’une occupation du site au cours du Deuxième Âge du Fer.
On constate un important hiatus chronologique entre ces premiers niveaux anthropisés et la date supposée d’édification du rempart. Hormis l’ouvrage lui-même, la fouille n’a livré aucune trace archéologique de sa construction. La datation proposée pour celle-ci n’a donc pu être confirmée, ni, du reste, infirmée. L’ensemble des niveaux ayant pu fonctionner avec l’enceinte ont également disparu. La stratigraphie s’est ainsi révélée totalement muette sur l’occupation du site au cours de l’Antiquité Tardive ou du haut Moyen Âge.
L’époque médiévale est illustrée par plusieurs surélévations du rempart antique. L’une d’elles peut notamment être mise en relation avec la construction de la « Tour du feu », datée des XIIe-XIIIe siècles. Les deux surélévations postérieures sont indatables, mais elles témoignent d’un souci de réutilisation de la fortification antique, certainement à des fins défensives. À des époques qu’il est impossible de préciser, le rempart a fait l’objet de consolidations et de réfections ponctuelles visant à le renforcer (reprise en sous-œuvre, colmatage d’une brèche) ou à le protéger des intempéries (placages d’éléments de terre cuite). Ces interventions, quoique limitées, illustrent la volonté de conserver l’ouvrage au fil du temps.
Les vestiges les plus nombreux sont à mettre en relation avec la transformation du site en lieu d’accueil pour les déshérités et les malades psychiatriques, à partir du début du XIXe siècle. Ceci a entraîné la construction de nouveaux bâtiments et la mise en place de terrasses qui ont profondément bouleversé le sous-sol, expliquant ainsi la disparition presque totale des niveaux antérieurs à l’édification de l’hôpital.
Au bilan, cette intervention s’est avérée relativement décevante, tout du moins en ce qui concernait son principal objectif, c’est-à-dire la datation du rempart. Comme l’avaient montré le diagnostic et des fouilles antérieures, les aménagements liés à la construction, puis à la démolition, de l’hôpital psychiatrique ont notablement perturbé le sous-sol au cours des XIXe et XXe siècles, expliquant l’important hiatus qui met directement en contact des niveaux protohistoriques avec des aménagements contemporains.
Rémi CARME