Fiche
Résumé
Les imposantes ruines de l’ancien village de Châteauneuf (fig. 1) font l’objet d’un programme de restauration/consolidation de la part de la municipalité de Châteauneuf-Villevieille, en association avec plusieurs propriétaires depuis peu. Dans le cadre de ces travaux, l’approvisionnement en matériaux de construction in situ a contribué au déplacement de volumes de pierres depuis diverses zones du site. Afin de préserver l’intégrité de l’information scientifique, le Service Régional de l’Archéologie a demandé qu’une expertise soit réalisée en préalable à tout déplacement de matière et à toute restauration/consolidation susceptible de modifier la lisibilité des vestiges. C’est dans ce cadre que nous avons effectué une première étude d’ensemble, visant d’une part à sélectionner des zones d’approvisionnement sans risque (pierriers erratiques ou constitués récemment) et d’autre part à poser les jalons de futures études en accompagnement des travaux.
La campagne de prospection a duré dix jours et a permis de retenir une vingtaine de gisements où les restaurateurs pourront désormais s’approvisionner en pierres sans risque archéologique. Il a d’ores et déjà été acté que tous les projets de restauration seront suivis et accompagnés dans les années qui viennent, en raison de l’importance scientifique du site. En effet, la particularité de cet ancien village est d’avoir été déserté très tardivement, entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et le début du suivant. Malgré cette désertion tardive, le village conserve de nombreux témoins d’une organisation défensive dissuasive (enceinte, demies tours, etc.) en partie héritée des périodes médiévales et modernes. De ces périodes récentes, nos connaissances sur le terrain sont encore embryonnaires. Châteauneuf constitue donc un terrain privilégié pour l’étude de l’organisation villageoise contemporaine. Cette situation explique en partie l’absence récurrente de sédimentation médiévale constatée lors d’une évaluation archéologique réalisée en 2002 (Hubert 2002). Le site, dans sa position actuelle, est néanmoins cité régulièrement dans les sources écrites depuis le XIe siècle au moins. C’est la raison pour laquelle il convient d’être d’autant plus vigilant face à toute modification.
Les observations de terrain ont également permis de dégager quelques problématiques qui pourront être développées au cours des futures campagnes. L’identification des structures bâties reste pour le moment une priorité. En effet, hormis un pigeonnier, l’église Saint-Pierre-aux-Liens et les fortifications, les nombreux bâtiments qui jalonnent le parcours restent pour le moins difficiles à appréhender, malgré de belles élévations conservées. Tout aussi difficile à comprendre, la relation entre ce site, l’église de Villevieille (agglomération primitive avant le XIe siècle) et plusieurs hameaux cités précocement dans les sources, n’a pas encore été étudiée. On pourra notamment s’interroger sur la localisation d’un ou de plusieurs cimetières qui font actuellement défaut et que le site de Châteauneuf ne peut pas avoir accueilli (à proximité de l’église Saint-Pierre tout du moins). De la même manière, de nombreuses interrogations persistent quant à la concentration inhabituelle de pigeonniers sur le territoire qui sont du reste parfaitement bien conservés. Enfin, la prospection nous a conduits à nous réinterroger sur l’église Sainte-Marie de Villevieille, un des rares témoins de ce qu’il est convenu d’appeler le premier art roman (fig. 2). Son exceptionnel état de conservation permet d’envisager une étude complète du bâti que nous avons d’ailleurs engagée par un premier relevé orthophotographique de sa façade principale.
Fabien BLANC
Hubert 2002 = HUBERT (Étienne) – Le village fortifié de Châteauneuf, Châteauneuf-Villevieille, Rapport de fouille d’évaluation archéologique, 1er-20 juillet 2002, DRAC PACA, SRA, 2002, 81 p.