HADÈS Archéologie

Château des Sires de Faucigny

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Fiche

Résumé

Le château de Bonneville (fig. 1) est à l’origine du développement de la ville du même nom, au cœur de la vallée de l’Arve en Haute-Savoie et permettait à la fois de contrôler le fond de la vallée qui constitue le principal axe de communication vers le haut Faucigny et un pont sur l’Arve attesté au moins dès 1306. Le ville s’est développée essentiellement à partir du XIIIe siècle et se trouve mentionnée sous ce nom à partir de 1283 et l’octroi de franchises municipales. Les origines du château restent néanmoins méconnues. En 1262, Agnès de Faucigny déclare que son mari Pierre de Savoie a fait construire à ses frais le lieu de Tucinges, dans la vallée de Faucigny, cité comme castrum en 1269. Ce lieu semble dès lors fortifié, même s’il est difficile d’attester l’existence d’une fortification en pierre dès cette date. En 1293, le château dit de Bonneville fait partie des biens donnés par Agnès de Faucigny à son cousin Amédée comte de Savoie. Le château semble être un enjeu pour contrôler le territoire lors du conflit delphino-savoyard et, en 1308, lors du traité de Montmélian, le dauphin du Viennois, Hugues et Béatrix de Faucigny reconnaissent tenir du comte de Savoie l’ensemble du Faucigny et ses châteaux dont celui de Bonneville. Le château devient la capitale de la Baronnie du Faucigny au XIVe siècle, témoignage de son importance géographique et militaire au Moyen Âge.

Le château et ses bâtiments sont connus par les comptes de châtellenie, mais aussi par une vue du Theatrum Sabaudiae du XVIIe siècle, et la mappe sarde de 1730. Il occupe une butte molassique dominant la ville environnante et affecte un plan trapézoïdal adapté à la forme de la butte. De l’ensemble de bâtiments qui formaient le château, seules sont bien conservées l’enceinte extérieure et deux tours rondes occupant le front oriental ; parmi ces deux tours figure la tour maîtresse au nord-est. D’après les archives et l’iconographie, une autre tour ronde occupait l’angle sud-ouest, mais un sondage de Sylvie Bocquet en 2003 à son emplacement au cours d’une étude préalable n’en a pas trouvé trace, le rocher apparaissant directement sous les niveaux de terre végétale. En revanche, une échauguette occupait l’angle nord-ouest d’après le Theatrum. L’ensemble a été très remanié au XIXe siècle lors de l’aménagement du site comme prison. Néanmoins, les travaux de Daniel de Raemy et de Sylvie Bocquet semblent orienter les interprétations vers une construction attribuable à Pierre de Savoie autour du milieu du XIIIe siècle.

L’opération d’archéologie préventive réalisée dans le cadre de la sécurisation de la courtine nord en 2013 et 2014 a permis de documenter de manière plus approfondie la chronologie et les modes de construction de cette courtine, jusqu’à présent peu lisible et globalement méconnue. Si une approche globale du château et de ses différents espaces manque encore pour appréhender l’architecture et l’organisation du château médiéval, l’essentiel de la courtine nord semble bien appartenir à la construction de l’enceinte concomitante aux tours rondes. Bien que très remaniée notamment dans sa partie supérieure et sur le parement interne du fait des aménagements de la prison, la courtine apparaît relativement homogène sur l’essentiel de sa longueur (70 m étudiés sur 6 à 10 m de hauteur). Bâtie en moellons grossièrement équarris de molasse disposés en assises réglées, elle était dans son premier état percée d’archères dont deux ont pu être identifiées malgré les bouchages (fig. 2). Un probable chemin de ronde à larges merlons couronnait cette courtine, défendue à l’angle nord-ouest par une échauguette dont sont conservées les consoles.

La datation de cette courtine reste problématique en l’absence d’éléments datables en laboratoire, mais les modes de construction sont à rapprocher de ceux des deux tours et des courtines est et sud, toutes antérieures au XIVe siècle et au percement des baies à remplages de l’ancienne aula.

Laurent D’AGOSTINO