Fiche
Résumé
Le château de Saint Mesmin se trouve sur la commune de Saint André sur Sèvre, dans le nord du département des Deux-Sèvres. Acquis par l’association A.CHA.S.ME en 1990, l’édifice est classé au titre des Monuments Historiques le 17 décembre 1993. Une programmation de travaux établie en 1995 par l’architecte en Chef des Monuments Historiques débute en 1997. L’aile sud effondrée en 1983 est reconstruite (maçonnerie, charpente et couverture). En 2008 et 2009, les élévations du châtelet d’entrée sont échafaudées pour permettre la restauration des maçonneries et déposer la couverture et les charpentes. La réhabilitation entraine également des raccordements de réseaux électriques. Dans ce contexte, le Service Régional de l’Archéologie a prescrit une étude de bâti, une expertise par dendrochronologie des bois de construction ainsi qu’un suivi des terrassements.
La connaissance du site reposait jusqu’à présent sur une étude archéologique réalisée en 1990 par Jean Vincent ainsi que sur des recherches historiques menées par Caroline Teillet. Elles avaient abouti à l’identification de quatre phases de construction réparties entre le XIVe et le XVIIIe siècle. L’opération a permis de renouveler la chronologie relative de l’ensemble des constructions du château. La fortification initiale s’apparentait à une simple enceinte polygonale, sorte de « shell keep » (phase I). Elle renfermait une salle ou un logis dont la relation avec une tourelle d’escalier en vis reste à définir. Aucun indice archéologique n’autorise d’estimation chronologique. A défaut, l’implantation du château de Saint-Mesmin est seulement avérée à partir de la seconde moitié du XIVe siècle. L’édifice, occupé par Jean de Montfaucon, est qualifié de « bon château et forteresse réputée ». Une destruction est orchestrée par Guillaume L’archevêque, seigneur de Parthenay en 1375 (phase II). Elle est justifiée par le caractère adultérin de la fortification édifiée par Pierre de Montfaucon, seigneur de Saint-Mesmin. Les courtines sont en majeure partie arasées. La phase de reconstruction a probablement débuté après une longue procédure en justice. Elle s’étendrait éventuellement jusqu’au milieu du XVe siècle (phase III). L’enceinte est alors remontée et flanquée de six tours, dont deux constituent le châtelet d’entrée, et une s’impose comme une tour maîtresse ou « donjon ». Les nouvelles constructions intègrent des ouvertures de tir, certaines identifiables à des arbalétrières, d’autres à des canonnières. Ces dernières contribuent à estimer les dernières constructions, notamment la tour maîtresse, postérieures aux années 1420. Un bois d’œuvre hors contexte stratigraphique atteste l’existence de travaux postérieurs à 1399, donc plus de vingt ans après la destruction.
Le châtelet d’entrée connait ultérieurement des transformations. Elles sont probablement liées à la nécessité de perfectionner ou rétablir le dispositif de pont levis (phase IV). Ces réaménagements comprennent de nouvelles canonnières. Ces travaux sont, de ce fait, estimés contemporains des guerres de Religion. La construction d’une porterie dans la basse cour découlerait du même contexte. L’abattage de ses bois d’œuvre entre 1565 et 1593 abonde en faveur de cette hypothèse. Une campagne de travaux visant à réaménager les corps de bâtiments est suspectée au XVIIe siècle. Elle n’a pu être mise en évidence lors de cette intervention. La phase VI correspondrait à d’importantes destructions infligées en 1794 par les Colonnes Infernales. Une reconstruction d’au moins trois ailes aurait été effectuée par le fermier entre 1794 et 1798 (phase VII). La dernière phase serait une reconstruction partielle de la courtine orientale après l’effondrement supposé d’une échauguette ou de latrines en encorbellement (phase VIII). Ces conclusions sur l’évolution du château restent temporaires. En dehors du châtelet, les observations stratigraphiques sont insuffisantes pour l’ensemble des constructions. Une étude de bâti avec des relevés complémentaires semble primordiale tant pour les courtines, les corps de bâtiments que les tours. Par ailleurs, des sondages dans la cave de l’aile sud seraient nécessaires afin d’obtenir des indications sur la véritable chronologie d’implantation du site et éventuellement la nature des constructions primitives.
Enfin, une assistance pourrait être souhaitée pour finaliser l’étude historique. Plusieurs textes repérés par Caroline Teillet n’ont pas encore été analysés.
Patrick BOUVART