Fiche
Résumé
Le château de Montmorin (fig. 1), limitrophe de la plaine de la Limagne et des Monts du Livradois, est situé à quelques kilomètres au nord de la ville de Billom. Famille mentionnée depuis le Xe siècle dans le cartulaire de l’abbaye de Sauxillanges, les vestiges encore en élévation semblent remonter pour les plus anciens aux XIIe et XIIIe siècles.
La fortification de Montmorin répond formellement aux standards des forteresses Philipiennes qui se diffuse à partir du XIIIe siècle et ce jusqu’au XVe siècle sur le territoire français, avec notamment la présence d’une tour maîtresse, mais aussi d’une enceinte rythmée de tours encastrées et d’une porte ménagée entre ces éléments (fig. 2). L’état architectural qui nous est parvenu correspond à un renouveau du style castral mis en place dans la région à partir de 1213, date à laquelle le pouvoir royal s’installe durablement, dont de nombreux châteaux environnants en témoignent aujourd’hui à l’image des forteresses voisines de Mauzun ou de Coppel.
La partie sommitale constituée des corps de logis seigneuriaux a été abandonnée depuis la Révolution, servant de carrière de pierre. La basse cour, transformée au fil des siècles, sert encore de nos jours pour abriter grange et logis reconstruits. Objet de fouilles archéologiques et de nombreuses restaurations dans les années 1980 par l’ancien propriétaire, la fortification a récemment été vendue. Le nouvel acquéreur a souhaité poursuivre l’entreprise de restauration et de consolidation des ruines de la plate forme sommitale. Afin de mener ce projet à bien, il a fait appel aux services d’un architecte du patrimoine Christian Laporte ainsi qu’au bureau d’investigations archéologiques Hadès.
La première campagne de sondages, menée dans le courant de l’année 2010 a permis de mettre en évidence le tracé de l’enceinte de la fortification ainsi qu’une ébauche de phasage, établie à partir d’observations menées sur le bâti. Les campagnes de 2011 et 2012 se sont consacrées à la mise au jour de la rampe d’accès entre la basse-cour et la plate-forme sommitale, complétées par le sondage réalisé en 2014 (fig. 3). Plusieurs phases de construction ont été mises en évidence avec notamment la probable présence d’un châtelet d’entrée situé en partie basse, à l’est de la construction. Les dégagements ont aussi permis de mettre au jour une partie de l’enceinte ouest de la basse-cour, datée du XVe siècle grâce à la présence d’archères-cannonières. L’observation des environs proches mis en évidence l’existence de bâtiments accolés à cette enceinte dont la forme et la surface n’ont pu être déterminés en raison de la faible fenêtre d’ouverture ou encore du mauvais état de conservation des maçonneries. Les dernières occupations observées sont datées de l’abandon de la forteresse avec un réinvestissement de la basse-cour en exploitation agricole.
Deux états de construction ont étés découverts lors du suivi de travaux mené sur le chemin de ronde du logis est de la plate forme sommitale (fig. 4), permettant de retrouver le dernier dallage en place. Les dégagements opérés par le propriétaire et son équipe à l’ouest de la tour nord rectangulaire ont autorisé l’observation d’un escalier d’accès à la citerne située en partie basse de la tour, probablement pour son entretien.
Les recherches archéologiques ont permis d’affiner, sur des endroits ciblés, la connaissance des aménagements et de leurs périodes de mises en œuvre. Beaucoup de points restent tout de même à éclaircir sur la chronologie et l’aménagement de la plate-forme sommitale, qui ne pourront trouver de réponse que dans la réalisation d’un dégagement des structures conservées en partie haute de la forteresse.
Mylène NAVETAT