Fiche
Résumé
2008, tranchée
Les travaux menés en juin 1998 consistaient à placer hors gel une colonne d’incendie qui alimente la cour du château. La tranchée partait du bas de l’enceinte extérieure et remontait dans la cour en traversant les lices et la fausse braie sud ouest, toutes deux d’époque moderne.
Pour le peu de surface observée, les informations recueillies sont nombreuses. Les résultats de cette intervention sont significatifs de l’apport scientifique de ce suivi archéologique :
• Dans les lices on trouve les indices d’une occupation antérieure, probablement d’époque médiévale. Peut être s’agit il d’une extension du château ou bien de constructions parasites contre l’enceinte ? • Sans profil complet du rocher, il est impossible de préciser si un fossé existait avant l’aménagement des lices, comme on le voit à l’est du château. En revanche, ce suivi confirme que la terrasse actuelle formant les lices est mise en place avec la construction de l’enceinte extérieure.
• L’hypothèse d’une fausse braie dés l’époque médiévale est à reconsidérer. La présence d’un mur de même direction que la courtine pourrait être un indice. Cependant, le peu d’élévation observée ne permet pas d’analyser l’appareil. Et la position stratigraphique de ce mur ne donne qu’une indication relative de sa chronologie peu claire à cet endroit. En revanche il est certain que le mur actuel de la fausse braie est une reconstruction ou une rectification tardive, de la période moderne.
Sylvie CAMPECH
2013, Tour Marinette
Le château de Castelnau-Bretenoux se trouve aujourd’hui dans le département du Lot à proximité de la Corrèze. Le site est dans l’actuelle commune de Prudhomat située dans la vallée de la Dordogne, au nord de Cahors. Il a été implanté dans un paysage contrasté, composé de petits causses occupés par un habitat dispersé. Le site fortifié occupe ainsi un éperon dominant le village de Prudhomat à l’ouest.
Le château présente aujourd’hui un plan triangulaire atypique mais dicté par la topographie du site et l’ajout des constructions de corps de logis et de fortifications au cours des siècles. L’installation du site castral a vraisemblablement eu lieu à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, par Hugues de Castelnau. Un premier bâtiment rectangulaire sert de résidence aux seigneurs de Castelnau dans la seconde moitié du XIIe siècle (aujourd’hui appelé « l’auditoire »). Une tour maîtresse de plan carré (le « donjon »), en bel appareil de grès ocre, est construite au sud de « l’auditoire » peu de temps après. La fin du Moyen Âge est marquée par une vaste campagne de mise en défense du site avec la construction progressive de trois tours à l’est, au sud et au nord, reliées par des courtines donnant sa forme générale au corps de place. Au début de l’époque moderne, le château connaît une importante étape de renforcement de son système défensif avec l’érection de fausses braies ceinturant l’édifice médiéval, l’aménagement des lices et de l’enceinte extérieure. Puis, dès la fin du XVIe ou le début du XVIIe siècle le site castral devient une résidence luxueuse sous l’impulsion des Castelnau de Clermont Lodève qui mettent au goût du jour et agrandissent les différents corps de logis, amenuisant l’aspect défensif du château.
Ils sont les derniers grands maîtres d’ouvrages à Castelnau-Bretenoux, avant la ruine progressive de l’édifice au début de l’époque contemporaine et sa restauration à la fin du XIXe siècle.
Hormis des études ponctuelles, principalement réalisées dans les années 1980-1990, aucune campagne d’analyse archéologique globale n’a été menée au château de Castelnau-Bretenoux, justifiant une surveillance régulière des travaux de restauration permettant d’apporter de nouvelles connaissances. Les travaux en cours portant sur la petite tour à l’extrémité sud de l’enceinte médiévale, appelée « Tour Marinette », ont ainsi permis de découvrir fortuitement un désordre dans le plancher de la salle du premier étage. Sous l’impulsion du Centre des Monuments nationaux (maître d’ouvrage), la DRAC de Midi-Pyrénées a imposé un suivi archéologique des travaux de désobstruction de la salle basse de la tour.
La tour avait une vocation défensive limitée, les salles basses étant principalement résidentielles. Au premier niveau, la pièce mise au jour lors de l’étude est composée d’aménagements simples. Une petite baie carrée avec une banquette et une niche d’éclairage pouvaient aussi bien servir à la surveillance qu’à l’agrément. Le grand placard, ou armoire murale, dans l’ébrasement de la porte est tout à fait caractéristique de cette construction de la fin du Moyen Âge. Probablement dès la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, le château connaît une grande phase de restructuration à vocation résidentielle. La Tour Marinette subit alors une mise à niveau cohérente avec le corps de logis nord. Celle-ci privilégie la salle du premier étage qui reçoit un décor élaboré et participe de l’embellissement moderne. La pièce découverte, de taille et aux aménagements de confort réduits, est alors définitivement condamnée.
Léa GERARDIN