Fiche
Résumé
Le château de Roquefixade est un site castral de moyenne montagne situé dans le massif du Plantaurel, entre Foix et Lavelanet (fig. 1 et 2). Son histoire est intimement liée à celle des autres forteresses « ariégeoises » d’influence capétienne, en premier desquelles Montségur. Distants de quelques kilomètres, les châteaux de Roquefixade et de Montségur n’ont pourtant pas bénéficié du même éclairage historique et archéologique : le premier n’a été que peu étudié sur le plan historique, et qu’aucune opération archéologique n’y a été effectuée. De ce fait, la chronologie de son implantation et son organisation spatiale restent floues. En raison de l’importance historique du château, et de la présence en son sein de vestiges architecturaux importants pour l’analyse du fait castral en Ariège, une mission de diagnostic a été engagée par la Commune de Roquefixade. Confiée à Michel Peron, architecte du patrimoine, cette mission incluait un volet archéologique, sous la forme d’une prospection-inventaire.
L’inventaire des vestiges a tout d’abord abouti à un phasage chronologique, décomposé en trois périodes de construction. La première (phase 1) correspondrait à l’édification d’un « premier » castrum, à propos duquel nous ne savons que peu de choses, si ce n’est qu’il comportait au moins une tour seigneuriale, traditionnellement identifiée comme une tour-beffroi, mais qui pourrait avoir été une tour-résidence. À la fin du XIIIe siècle, le site a été profondément modifié sous l’impulsion des maîtres d’œuvre du roi de France. Ces travaux ont concerné essentiellement le réduit. Le témoin le plus important de cette campagne est assurément la tour-porte qui barre l’entrée de cet espace, à l’est (phase 2). Le château a ensuite été remodelé à la fin du Moyen Âge. Il semble notamment que les murs d’enceinte du réduit et de la basse-cour aient fait l’objet d’importantes retouches durant cette période (phase 3).
Outre le phasage proposé ci-devant, un des apports importants de cette étude est d’avoir mis en évidence la complexité d’un tel site. Certes, le phasage restitué coïncide avec les données qui étaient connues, validant à peu de choses près les datations proposées jusque-là, mais de très nombreuses informations mériteraient d’être précisées. Ainsi, l’existence d’une importante strate archéologique antérieure à la mainmise royale du château après 1278 est maintenant avérée, et il reste à en mesurer l’ampleur. En complément, l’étude du château royal gagnerait à être poursuivie et enrichie, à travers la multiplication des comparaisons stylistiques et architecturales, par exemple. La tenue d’une campagne de fouilles sur ce site ne manquerait pas de fournir des éléments intéressants en ce qui concerne les différentes périodes de construction et de reconstruction notamment. Dans l’attente d’une telle étude, quelques pistes de réflexion ont été proposées ; elles ont conduit à définir plusieurs zones à fort enjeu archéologique, en premier lieu desquelles les espaces de circulation.
Dimitri Paloumbas-Odile