Fiche
Résumé
1997, mur de terrasse est de la basse cour nord
Dans le cadre des travaux de restauration du château de Castelnaud, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques a entrepris la reconstruction du mur de terrasse est de la basse cour nord. Ces travaux ont nécessité l’ouverture d’une large tranchée à l’arrière du mur, afin de le démonter. Située au nord des constructions médiévales, la basse cour est délimitée par la courtine nord du château au sud (XIIIe s.), un imposant bâtiment appelé « le châtelet » au nord (XVIe XVIIe s.), une enceinte basse flanquée de tours à l’ouest-(fin XVe s. début XVIe s.) et le mur de terrasse qui fait l’objet de cette étude à l’est. Ce suivi était l’occasion de déterminer la période d’aménagement de cette basse cour.
La stratigraphie démontre que ce secteur du site est une zone libre de toute occupation. Elle se compose d’une succession de remblais. Deux phases se distinguent : les dépôts de terre végétale antérieurs à la construction du mur de terrasse (Moyen Âge) et les remblais contemporains de cette édification et constituant la terrasse actuelle (période Moderne).
Sylvie CAMPECH
2004, bastion et défenses nord
La restauration et la mise en valeur du bastion nord du château de Castelnaud la Chapelle (Dordogne) a été précédée d’une étude archéologique confiée à Hadès par la société Kléber Rossillon. Dans un souci de cohérence scientifique, cette étude a rapidement été étendue à l’ensemble des défenses avancées nord et ouest-qui comprennent : un bastion, une enceinte basse ouest, une tour carrée, une enceinte nord avec casemate doublée d’un fossé.
Dans le cadre d’un programme de réarmement du château et d’une adaptation à l’artillerie, c’est entre le 3e quart du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle que la forteresse médiévale de Castelnaud se voit augmentée de nouvelles constructions, pour certaines plaquées contre les anciennes murailles (barbacane, tour d’artillerie), pour d’autres plus éloignées. La première édifiée semble être le bastion qui, à l’origine, devait former une sorte de tour pleine, indépendante du château, implantée sur la face la plus vulnérable du site castral, en regard du coteau nord. Cette construction, équipée pour recevoir des pièces d’artillerie, permettait de battre le fossé par l’intermédiaire d’une casemate à deux niveaux et un large chemin de ronde (2 à 2,80 m) pouvaient battre le coteau. La face ouest-était pourvue de hourds et d’un épais mur de protection (2,37 m) qui devait s’élever au moins jusqu’à hauteur du chemin de ronde nord. L’élévation des murs sud test était également conséquente, le tout formant donc une structure remparée protégée de toute part en cas de débordement. Les bouches à feu de la casemate, de type encore archaïque, et l’appareil des maçonneries conduisent à situer l’ouvrage dans la seconde moitié du XVe siècle. En outre, la présence d’un hourd marque encore un attachement aux techniques de défense médiévales. Les sondages archéologiques et suivis de tranchées réalisés sur la plate forme de ce bastion n’ont révélé aucune construction en dur. On peut supposer que seuls des bâtiments en bois y étaient édifiés. Le sol en cailloutis de cette plate forme a malgré tout été identifié. Il couvre un remblai de pierres et terre qui compose l’assise de la plate forme là ou le rocher n’affleure pas.
C’est au plus tard lors de la construction du bastion qu’est creusé le fossé nord. Peut être préexistait il, même moins important, pour doubler celui qui semble avoir été identifié en 1997 au pied de l’éperon nord du château médiéval. Le seul indice dans ce sens est l’existence du vestige d’une courtine nord, celle qui sert d’assise à la tour carrée nord ouest, dont le parement soigné pourrait caractériser le XIIIe ou XIVe siècle. Le tracé de cette muraille, qui ne subsiste que dans sa partie ouest, correspond effectivement à celui du fossé. Voir dans cette courtine une portion de l’enceinte du bourg n’a rien d’abusif, elle aurait ainsi doublé la défense du château au nord.
Du boulevard ou de la casemate nord on ne peut dire qui fut le premier bâti. Si l’on devait se fier à la seule canonnière non rebâtie de la casemate, celle de la portion de mur orientale, on penserait à un ouvrage peu éloigné dans le temps du bastion. En effet, la présence de canonnières « à la française » (à double ébrasement) dans la fausse braie et dans la barbacane renvoie à des ouvrages plus évolués qui ne peuvent être antérieurs aux années 1470 et plus probablement à la fin XVe début XVIe siècle. À la même époque, d’autres forteresses s’équipent de manière identique : Castelnau-Bretenoux (Lot), Bonaguil (Lot-et-Garonne) Beynac-et-Biron (Dordogne).
Dès lors, à Castelnaud-la-Chapelle une défense cohérente se fait jour, avec une volonté d’orienter l’artillerie vers les flancs ouest et nord à une époque où l’accès principal au château devait manifestement se situer au nord. À cet effet, bastion, casemate et fausse braie forment un complexe qui semble organisé pour la défense de deux portes successives : une première dans le rempart nord (aujourd’hui effacée par la reconstruction du mur à l’époque moderne et contemporaine) ; une seconde en chicane nord du boulevard qui, par ses dimensions, ne peut être une simple poterne.
La recherche constante de protection a conduit à doubler l’épaisseur de la courtine nord, alors qu’existait déjà la tour carrée nord ouest. Il est possible que le parapet supérieur, un muret bâti en surélévation de la casemate, soit associé à cette campagne de travaux dont la date reste à déterminer.
À l’issue des Guerres de religion, les temps d’insécurité passés, les défenses de Castelnaud sont sans doute moins entretenues et c’est probablement à partir du XVIIIe siècle que le bastion est démantelé, avec l’arasement des murs est, sud et ouest-ainsi que le comblement (en deux phases) de la casemate. On en profite pour ensevelir un cadavre humain. Le mode d’inhumation, sans trace de cercueil ni de linceul et hors d’un cimetière, laisserait penser à un enterrement sommaire pour des raisons aussi opaques que mystérieuses… On peut supposer que le niveau inférieur du « boulevard» est comblé à la même époque.
Au XIXe siècle, la plateforme du bastion est transformée en jardin, avec probablement un apport de terre arable.
Marion CHARLET et Bernard POUSTHOMIS
2012, barbacane et réduit de la cour haute
Dans la perspective d’exécution de travaux de restaurations de maçonneries dans plusieurs secteurs du château de Castelnaud durant l’année 2012, la SARL Kléber Rossillon a confié à Hadès l’étude historique et archéologique de deux secteurs clés dont les données scientifiques seraient endommagées, tout au moins rendues inaccessibles au terme des restaurations. L’étude archéologique a donc été menée à la fois dans un souci de documentation et de conservation d’informations architecturales et sédimentaires amenées à être perturbées, et d’autre part dans le but de préciser l’histoire monumentale du château de Castelnaud par l’analyse de deux espaces jusqu’ici difficilement rattachés aux principales campagnes de construction. Enfin, ces deux secteurs étudiés soulèvent des problématiques particulières liées aux mutations défensives de la forteresse entre le XIIIe et le XVIe siècle, époque où l’artillerie à poudre prit progressivement l’ascendant sur l’armement de trait.
Le premier secteur à l’étude est un ouvrage désigné comme la « barbacane basse » ou comme la « tour médiane » du boulevard de la fin du XVe siècle qui s’étire le long du front nord de la basse cour du château. L’analyse archéologique de cet espace constitué d’un vestibule rectangulaire, d’une porte à accès en chicane et de son corridor, et défendu par une canonnière à double ébrasement tournée vers le nord, confirme qu’il fut construit en même temps que le boulevard, entre le dernier quart du XVe siècle et le début du XVIe siècle, dans le but de protéger l’accès au château depuis la porte percée dans la muraille nord de la basse cour par le biais d’un long passage borné de hauts murs et canalisant directement les visiteurs dans le vestibule.
Cette barbacane basse semble avoir son rôle défensif entre le XVIe et la fin du XVIIe siècle, avant le basculement de l’entrée principale du château sur le front sud de la basse cour. Cette modification du système défensif conduisit à la condamnation du passage reliant la porte nord à la barbacane par la construction d’un mur au nord du vestibule. Dans un second temps, vraisemblablement à partir de la fin du XVIIe siècle lorsque le château perdit toute vocation défensive, la barbacane basse ainsi que l’espace au revers du boulevard furent recouverts de remblais qui ne furent dégagés qu’à partir du début des années 1970.
Le second secteur à l’étude est le réduit de la cour haute. Ce petit espace initialement accessible par une porte du côté sud apparaît le long du front ouest de la courtine en étrave, juste au nord de la porte principale, à environ 1,5 m sous le niveau actuel de la cour. Son étude archéologique a révélé que sa construction préexiste à celle de la courtine en étrave et que sa fonction était donc liée à l’état primitif du noyau castral au tout début du XIIIe siècle, en particulier à l’accès originel au sommet de la cour haute depuis l’est. La construction en deux phases de la courtine en étrave vers la moitié du XIIIe siècle a pu rendre l’existence de ce réduit obsolète et conduire à son comblement afin de faciliter l’accès aux deux archères qui le surplombent, à moins que la pose d’une voûte ou d’un échafaudage au-dessus de sa surface ait pu permettre de continuer à l’utiliser, peut être en relation avec le collecteur d’eaux pluviales qui avait été installé au même moment. Dans tous les cas, le réduit fut comblé à une époque comprise entre la fin du XVIe siècle et la fin des années 1980.
Benjamin MICHAUDEL