HADÈS Archéologie

Cathédrale Saint-Front, logement du sacristain, ancienne salle du calorifère

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Fiche

Résumé

Dans le cadre des restaurations effectuées dans la cathédrale Saint-Front de Périgueux, un décaissement, nécessaire pour permettre la mise en place d’un monte-charge, a permis de mettre en évidence a posteriori des remblais d’exhaussement de la reconstruction des bâtiments conventuels par l’architecte Rapine au début du XXe siècle, mais aussi de reconnaitre dans le soupirail l’existence d’une porte et d’une conduite calcaire. Une visite des lieux, effectuée par le SRA (H. Gaillard), a permis de constater l’existence de parties médiévales sur le revers du mur sud de la salle du calorifère. Cette découverte a entraîné une intervention en urgence de la part de la société Hadès, mandatée par la CRMH, afin de procéder à l’enregistrement des données. L’opération a consisté à réaliser une analyse du bâti des murs de caves, complétée par des sondages ponctuels.

Trois sondages ont été effectués dans les caves, deux dans l’ancienne salle calorifère et un dans la cave nord. Le premier a permis de dégager la suite de la conduite calcaire. Cette dernière, difficilement datable, semble filer sous le mur sud. Le deuxième sondage, ouvert dans l’angle sud-ouest de la première salle, a permis de dégager la base du pilier supportant la retombée des deux grandes arcades du mur sud. Une maçonnerie antérieure, préservée sur trois assises et constituée de moellons liés à un mortier de chaux blanc, a été également dégagée au fond de ce sondage (fig. 1). La découverte de deux tessons de sigillée, ramassés dans la couche la plus profonde, permet de rattacher cette maçonnerie à la période antique (Haut Empire Ier-IIe siècle). L’objectif du sondage mené dans la cave nord était, quant à lui, de vérifier la mise en œuvre du mur ouest comportant en son sein les vestiges d’un contrefort roman.

L’analyse des élévations de l’ancienne salle du calorifère, notamment à travers la lecture du mur sud, a permis de cerner plusieurs phases d’occupation. La découverte d’un tambour de colonne, remployé dans les fondations, dans l’angle sud-ouest, confirme le bruit de fond d’une occupation du site dès l’Antiquité. L’étude du bâti révèle l’existence de deux grandes arcades de 3,60 m de large reposant sur un pilier central de 1,40 m de large (fig. 2). Cette construction est très proche des arcades présentes dans la confession sud, datée du XIIe siècle, aussi bien d’un point de vue formel que structurel. Par ailleurs, l’analyse démontre une contemporanéité entre les murs de l’ancienne salle du calorifère avec l’utilisation d’un appareil mixte, moellons allongés et pierres de taille. Il est ainsi possible de restituer l’existence d’une grande salle voûtée romane, orientée est-ouest, composée d’au moins deux vaisseaux de deux travées, bâtie entre les années 1120-1140. L’ensemble va subir des modifications au cours de l’époque moderne sans que l’on puisse en préciser la chronologie. Les grandes arcades vont être bouchées. Une nouvelle porte va être aménagée dans la grande arcade ouest, avant d’être elle-même condamnée, avec notamment l’installation de soupiraux, sans doute lors des travaux de restauration effectués par l’architecte Rapine dans les années 1920.

 

Natacha Sauvaitre