Fiche
Résumé
En raison des aménagements réalisés par la commune de Clugnat (Creuse, Nouvelle-Aquitaine) à l’endroit de son centre bourg, la prescription d’un suivi de travaux a été édicté. Cette première intervention s’est déroulée du 5 au 22 mars 2018, sur un linéaire de 300 m destiné à la pose de réseaux, principalement sous la départementale 11. L’opération a débouché sur la mise au jour de vestiges susceptibles d’être détruits au cours de la réfection à venir de la voierie. Cela a donc motivé le déclenchement d’une tranche conditionnelle sous la forme d’une fouille. Cette dernière a concerné 103 m² entre le 3 et le 13 avril 2018.
En rapprochant les conclusions des deux interventions avec les données issues d’opérations antérieures, il est possible de dépeindre, à titre d’hypothèse, une genèse du bourg.
Une occupation du Haut Empire se dessine au nord du village, au-delà d’une possible palissade. Deux reliquats de bâtiments sont aujourd’hui recensés ; l’un se situe sous la place Saint-Jean, l’autre sous la rue Martin Nadaud. S’il n’est pas possible de caractériser ni le statut, ni l’ampleur du site antique, il semble peu probable d’avoir affaire à un vicus. L’existence d’une ferme aristocratique peut-être proposée à titre d’hypothèse.
À la période mérovingienne, l’ancienne occupation gallo-romaine parait avoir cristallisé l’implantation d’un cimetière rattaché à une église. Celle-ci se serait potentiellement calquée sur le dessin d’un des bâtiments antiques découvert entre 2009 et 2015. L’implantation cémétériale pourrait avoir atteint son extension maximale dès la période alto-médiévale, pour se resserrer par la suite au cours du second Moyen Âge et de la période moderne.
Quelques sépultures associées à l’église Saint-Martial ont permis de détecter une partie du cimetière encore en usage au XVIIe-XVIIIe siècles sous la rue du Docteur Turquet. Ces nouvelles informations tendent à soulever la problématique de l’extension de cet espace sépulcral. Il devait à l’origine englober une surface assez vaste, dont certaines parcelles figurant sur le cadastre de 1835 qui n’étaient déjà plus dévolues au funéraire à cette époque. Les cimetières Saint-Jean et Saint-Martial ont vu leur espace se rétracter, sans doute sous les nouvelles directives émanant de l’Église, mais certainement aussi sous la pression démographique. Cette dernière est perceptible à travers la voirie à Clugnat.
On observe à ce propos, notamment au cours de la période moderne, un changement d’orientation globale dans les accès, dont le dessin premier devait être calqué sur le tissu urbanistique et parcellaire gallo-romain. Il y avait sûrement nécessité de mieux circuler dans un secteur mal desservi en chemins et en routes entre la fin de la période moderne et le début de l’époque contemporaine.
Malgré la difficulté que génèrent les surveillances de travaux à recueillir efficacement de l’information, notamment sur des tracés linéaires de réseaux et qui-plus-est en milieu funéraire (44 sépultures fouillées au cours du suivi), la cartographie archéologique de la commune s’est largement enrichie. D’avenir, si d’éventuels travaux devaient être engagés dans le bourg, ils constitueraient un socle intéressant pour de nouvelles investigations, car il reste entre autres à déterminer la nature de l’occupation antique.