Fiche
Résumé
La parcelle du 10 de la rue Rabelais à Narbonne, est l’objet d’un projet de réhabilitation de l’Office Public d’HLM et du Centre hospitalier de Narbonne. L’édifice se place dans l’île Saint Esprit, appartenant au Bourg médiéval, rive droite de la Robine. Une opération a été réalisée en deux étapes, sondages des maçonneries par piquetages et relevés de complément et analyse. Elle a été complétée par plusieurs séries de sondages à la recherche d’éventuels enduits peints et par une expertise en dendrochronologie des bois. Malgré l’ampleur de l’édifice et les nombreuses transformations ou dégradations qu’il a subi, le repérage et l’analyse des structures anciennes, aussi sommaire fut-il, permettent de proposer une hypothèse de l’évolution architecturale au travers des siècles passés.
Une première campagne de construction qui paraît homogène suivant les matériaux et le plan se situe vers 1270-1280. Il s’agit alors d’un vaste corps de logis en L, bordant les rues Rabelais et d’Aigues Vives et ouvrant sur un espace central important. La façade sur la rue Rabelais est largement percée, ainsi que l’ensemble du rez-de-chaussée. Il s’agit d’un vaste espace très ouvert sur l’extérieur. L’étage constitue une vaste salle, de type aula, ouverte par quatre baies sur la rue et une porte et une large claire voie sur l’arrière. La disposition très ouverte du rez-de-chaussée fait songer à un vaste édifice destiné au stockage et à la circulation des marchandises. À la suite de cette première étape de construction, qui paraît homogène, on décèle l’édification de plusieurs ensembles architecturaux mettant en œuvre les mêmes procédés constructifs. Elles ont du être réalisées dans un laps de temps relativement court, au plus tard durant la première moitié du XIVe siècle dans une partie ouverte de la parcelle. Un premier ensemble est formé par un corps de logis d’orientation est ouest, situé en retour d’équerre sur les deux travées nord du logis sur la rue. Un second ensemble de maçonneries s’individualise du précédent dans les parties ouest et nord de la parcelle et constitue 2 corps de logis de faible largeur en retour d’équerre. La succession de ces campagnes de construction permet d’avancer l’hypothèse d’une parcelle vaste qui a peu à peu été colonisée par les constructions depuis les rues bordant le moulon. Une vaste campagne de transformation affecte l’édifice dans les années 1500. Une tour d’escalier hors œuvre est édifiée dans la cour, au sud de l’entrée principale du rez-de-chaussée. de plan polygonal, elle renferme une large vis à marches portant noyau. La porte principale conserve les traces d’un riche décor flamboyant de moulures et pinacles encadrant un large arc en accolade. Cette tour correspond à une nouvelle distribution horizontale et verticale de l’édifice. Un arc est ouvert, en prolongement du mur sud de la tour. Cet espace nouvellement couvert reçoit un plancher aux couvre joints décorés au pochoir. L’analyse dendrochronologique permet d’avancer une date entre 1500 et 1505. Dans le cadre de la distribution verticale, un premier palier de l’escalier dessert un niveau d’entresol créé à cette occasion au sud. Un second palier marque le premier étage avec une nouvelle distribution. Deux portes ouvrent au sud, sur l’aile en retour d’équerre, et au nord sur le logis sur rue par une galerie ancrée dans la façade sur cour. Cette galerie conduit à une nouvelle porte percée dans l’allège de la baie à claire voie antérieure. La grande salle du XIIIe siècle reçoit un plancher formant un second étage, qui constitue un plafond. Il présente un assemblage complexe et reçoit un programme de décor peint qui a permis d’individualiser deux salles, avec deux décorations différentes tout autant soignées l’une que l’autre. Cette transformation de la grande salle a été accompagnée d’une transformation des ouvertures de la fin du XIIIe siècle. Le second étage, établi sur le nouveau plancher, est desservi par une dernière volée de marches de l’escalier en vis qui ouvre sur deux portes, au sud et à l’est. Ces travaux sont attribuables à un marchand, Johan Dymes, détenteur de la parcelle entre 1499 et 1521.
La suite de l’occupation de la parcelle est principalement marquée par l’aménagement de l’aile nord sur la cour au début du XVIIIe siècle et complétée par l’aménagement de l’escalier sud ouest, au début du XIXe siècle. Enfin il faut signaler les réaménagements du XIXe siècle qui ont transformé les ailes nord et est en appartement bourgeois.
Pierrick STÉPHANT