Fiche
Résumé
La fouille archéologique du site de l’aéropole a été réalisée préalablement à l’aménagement d’une zone d’activités économiques par le Syndicat Intercommunal à Vocation Unique de l’Aéropole de Gap-Tallard. Du 3 octobre au 6 décembre 2011, cette opération aura permis de mettre au jour sur près de 4000 m², les vestiges d’un habitat néolithique ainsi qu’un tertre de l’âge du Fer.
Le site est implanté à une altitude relativement peu élevée – aux alentours de 600 m NGF -, au pied de l’extrémité méridionale d’un léger relief et au débouché d’un torrent – le Rousine – dans la vallée de la Durance.
L’occupation préhistorique est matérialisée par une quarantaine de structures. Parmi celles-ci, on dénombre seize fosses, quatorze silos, huit foyers à pierres chauffées et cinq trous de poteau. Aucun niveau de sol n’est conservé et il n’a pas été possible de reconnaître de bâtiment. Néanmoins les éléments mis au jour se rapportent sans conteste à un habitat de plein air.
Cet ensemble intègre en outre une sépulture à inhumation en fosse. Les différentes structures fouillées ont livré un mobilier céramique et lithique peu abondant. L’étude céramologique permet de dater cette occupation du Pré-Chasséen ou du Chasséen ancien, soit entre 4800 et 4200 av. J.-C., toutes les structures n’étant néanmoins peut-être pas strictement contemporaines. Deux datations radiocarbone tendent à confirmer ces conclusions. Le site de l’aéropole constitue ainsi, avec celui de Saint-Antoine à Vitrolles, l’une des plus anciens gisements du Néolithique moyen des Hautes-Alpes. Il s’avère en outre particulièrement important pour notre connaissance du complexe culturel chasséen des Alpes méridionales puisque si les gisements chasséens sont assez bien attestés dans les Hautes-Alpes, très peu d’entre eux – et en particulier d’habitats de plein air – ont fait l’objet de fouilles.
Pour l’âge du Fer, a été mis au jour un tertre de terre et de pierres d’environ 9 m de diamètre associé à plusieurs empierrements, à une structure bâtie de nature indéterminée ainsi qu’à une petite fosse. Cet ensemble qui n’a livré que peu de mobilier peut être daté entre 550 et 400 av. J.-C. soit une période correspondant à la fin du premier âge du Fer et au début du second âge du Fer. De par sa structure, le tertre de l’aéropole évoque d’emblée les nombreuses sépultures tumulaires recensées dans le département des Hautes-Alpes et qui pour la plupart sont attribuées à l’âge du Bronze final et au premier âge du Fer. Cette assimilation à une structure funéraire se heurte certes au fait que le tertre n’a pas livré de reste humain, mais cette absence ne peut être considérée comme certaine puisque les importantes perturbations subies par le monument ont pu entraîner la destruction d’un éventuel dépôt sépulcral. Il est également envisageable que cette structure n’ait jamais abrité de sépulture comme cela est le cas pour certains tertres des Hautes-Alpes ou d’autres régions du sud de la France. Ces monuments particuliers suscitent de nombreuses interprétations sans néanmoins que l’on puisse définir avec un tant soit peu de certitude leur vocation. Si dans le contexte régional, l’hypothèse du monument funéraire s’avère donc la plus séduisante, l’état de conservation du tertre de l’aéropole ne permet toutefois pas de se prononcer avec certitude quant à sa nature. Concernant les structures périphériques, celles-ci participent manifestement d’un même ensemble monumental sans que l’on puisse cependant définir la fonction de chacune d’entre elles. À notre connaissance, aucun dispositif similaire n’est attesté dans les nécropoles tumulaires des Hautes-Alpes ni même dans d’autres régions du Sud de la France.
Julien VIAL