HADÈS Archéologie

Abbaye d’Hautecombe

Fiche

  • Responsable : Cécile RANDON
  • Période de fouille : 2014
  • Localité : Saint-Pierre de Curtille (Savoie)
  • Type d’opération : 
  • Période :  ,
  • Agence : CENTRE

Résumé

L’abbaye d’Hautecombe (fig. 1) se situe au sud de la commune de Saint-Pierre de Curtille, dans le département de la Savoie à 25 kilomètres au nord de Chambéry. Elle a été établie sur une éminence de la rive occidentale du lac du Bourget, en contrebas du mont de la Charvaz, jouissant ainsi d’une situation privilégiée.

L’abbaye est formée d’un ensemble de bâtiments des XVIIIe et XIXe siècle. Elle conserve cependant quelques vestiges médiévaux des XIIe et XIIIe siècles, notamment dans l’église et au niveau des combles. Cet ensemble a permis de classer l’abbaye Monument Historique en 1875 et de protéger ainsi ce patrimoine. L’abbaye d’Hautecombe n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’aucune étude archéologique et les interprétations sur son évolution architecturale restaient hypothétiques.

La Fondation d’Hautecombe, propriétaire de l’abbaye, a engagé un programme de restauration de la couverture de la partie sud de l’église et de réaménagement du comble du bas-côté sud en espace de circulation desservant des box de travail situés au-dessus de la bibliothèque. Les travaux envisagés nécessitaient une intervention archéologique préalablement au commencement des travaux intérieurs afin de sauvegarder les informations indispensables à la compréhension de l’église et des articulations autour de celle-ci.

L’opération archéologique a eu pour objectif de documenter l’ensemble des élévations de l’église concernées par ces travaux, soit le mur pignon primitif ainsi que les murs collatéraux et les murs de la nef, au niveau des combles. L’objectif principal était d’établir la chronologie relative de la partie méridionale de l’église et de déterminer, en fonction des éléments archéologiques mis en évidence, le mode de couvrement. Le second objectif consistait à préciser la chronologie relative de l’édification de la façade primitive de l’église sur son parement intérieur et notamment d’effectuer un constat sur l’état de la façade extérieure par le biais d’un sondage dans l’ancienne salle des archives. Des informations sur les relations existant entre l’église, l’aile des convers et la chapelle d’Estavayer devaient être recueillies au vu des prochains travaux de restauration.

L’étude quasi exhaustive des élévations concernées par les travaux de restauration et la prescription a permis d’apporter des éléments nouveaux, répondant partiellement aux problématiques de départ. Diverses phases de construction liées à l’aménagement de plusieurs systèmes de couvrement et de décors peints ont été mises en évidence.

Concernant l’église primitive, les éléments acquis sur le terrain peuvent prétendre à des caractéristiques attribuables au XIIe siècle. Elle était couverte d’un système charpenté dont aucun élément n’a été conservé. Cette église est l’objet d’une seconde campagne de construction : elle est couverte d’une voûte en berceau certainement en bois au cours du XIIIe siècle. Celle-ci est intégrée dans la charpente à chevrons-formant-fermes. Les rares vestiges conservés sur les bas-côtés ne permettent pas d’affirmer qu’ils étaient également couverts d’une voûte. Toutefois, nous savons qu’il y avait une structure charpentée. Une campagne de décoration dont subsiste le décor de faux-joints et rinceaux est également réalisée.

Une importante restructuration s’effectue entre le XIVe et le XVe siècle avec la création de la chapelle des Princes et les transformations du mur pignon : une baie à remplage gothique ainsi qu’une voûte d’arête remplace la voûte en berceau plein cintre, engendrant un rehaussement de l’ensemble des murs de l’église. Des oculi sont ensuite ouverts sur les bas-côtés, de même qu’un éventuel système d’arcades dans le mur nord de la nef.

Entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle, de nouveaux aménagements d’ampleur interviennent notamment avec la construction de la chapelle d’Estavayer. Plusieurs décors peints se succèdent. A partir du XVIIe siècle, le déclin de l’abbaye se fait ressentir sur les techniques de restauration et les moyens employés : des travaux d’urgence sont réalisés sur la charpente.

Il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour voir entreprendre de vastes travaux de restauration et de construction, notamment avec la salle des archives. Mais à la suite de la Révolution, l’abbaye tombe à nouveau en ruine avant d’être en grande partie reconstruite au XIXe siècle et de subir quelques restaurations au XXe siècle.

Cette première étude archéologique a également permis de remettre en cause un certain nombre d’acquis et de soulever de nouvelles questions.

Cécile RANDON