Fiche
Résumé
2001, étude documentaire
Destinés à abriter un Centre d’Éducation au Patrimoine (CEP), les bâtiments conventuels de l’abbaye d’Arthous situés sur la commune d’Hastingues et appartenant au conseil général des Landes sont en cours de réhabilitation.
Saisissant cette occasion, le service régional de l’Archéologie (SRA) d’Aquitaine a prescrit une recherche documentaire et une étude succincte du bâti afin de préciser les grandes phases d’occupation du site depuis la construction de l’abbatiale en 1160 jusqu’à la Révolution et de proposer l’implantation de sondages archéologiques, à l’intérieur ou aux abords immédiats de l’abbaye, susceptibles d’apporter des renseignements complémentaires.
Dix sondages ont alors été pratiqués en relation directe avec les élévations et au vu des impacts de l’aménagement sur le sous-sol. L’absence de textes consacrés aux bâtiments et les faibles indices relevés par l’analyse des élévations actuelles ne permettaient pas de rendre compte de l’organisation de l’abbaye au Moyen Âge. Quelques éléments contemporains des élévations nord de l’église laissaient supposer la présence d’au moins deux galeries de cloître au sud et à l’ouest et d’un corps de bâtiment contre le mur nord du transept. Entièrement construit à l’aide de blocs de calcaire gréseux en grand et moyen appareil régulièrement assisés, le mur extérieur de l’aile nord était jusqu’alors l’élévation reconnue comme la plus ancienne du couvent après l’église. Les sondages se sont donc révélés indispensables pour répondre aux nombreuses interrogations. La découverte de structures exclusivement bâties à l’aide de briques de 6 cm d’épaisseur liées par une terre argileuse avec des joints gras laissait cependant perplexe. Aucune liaison n’a pu être établie entre ces ouvrages et l’élévation de l’aile nord. Il est pourtant fort peu probable que l’établissement de l’abbatiale au XIIe s. ne s’est pas accompagnée rapidement de celle des bâtiments conventuels. L’implantation des vestiges en brique et l’absence de structures antérieures peuvent cependant permettre de dater ces différentes constructions d’une même époque remontant à la fin du XIIe s. ou au XIIIe s.
Le choix de matériaux différents peut avoir plusieurs raisons : stratégique : le flanc de la terrasse nord sert d’appui aux fondations à ressauts en pierre de l’aile nord la plus exposée ; économique par l’utilisation de la brique : si les religieux bénéficient de nombreuses donations du XIIe au XVe s., leur richesse est cependant toute relative comparée à celle d’autres institutions religieuses comme l’abbaye de Sorde située à quelques kilomètres.
À l’exception des élévations de l’aile nord, seules les fondations conservées sur une à quatre assises ont été retrouvées en place. Les rares vestiges permettent cependant de préciser que le bâtiment était plus large que l’actuel d’environ 1 m.
L’aile est se composait d’un corps de bâtiment de largeur moindre (5 m dans œuvre) qui s’appuyait probablement contre le mur nord du transept et construit en retrait du mur est de l’aile nord. Il se composait sans doute de deux niveaux séparés par un plancher comme le suggère la base du pilier contemporain du mur est retrouvée dans le sondage.
L’étude de l’aile ouest n’a pas pu être menée à terme à cause d’un échafaudage installé contre la façade est. Aucun vestige médiéval n’a été repéré dans les maçonneries actuelles. Il est cependant possible de supposer d’après les quelques données des sondages effectués au début des années 1970 qu’il existait un bâtiment plus large que l’actuel.
Toutes les structures en brique mises au jour lors des sondages appartiennent sans aucun doute au cloître dont il subsistait encore l’angle des galeries sud et est en 1972. Par contre, la découverte de vestiges au sud-ouest et au nord-ouest permet, en corrélation avec l’emplacement des fondations précédemment évoquées, de restituer le tracé du cloître médiéval. Celui-ci se composait de quatre galeries de largeur inégale avec 4 m au sud et au nord et plus de 6 m à l’est et à l’ouest. Il est probable que le pavement était en terres cuites architecturales à l’instar de celui retrouvé dans le bâtiment de l’aile orientale. Toutes les élévations postérieures à la construction médiévale se distinguent par une maçonnerie de piètre qualité avec de nombreux remplois et des moellons de calcaire de Bidache alors rarement employé. L’analyse du bâti permet d’affirmer que la reconstruction des bâtiments fait suite à une destruction massive comme en témoigne l’utilisation massive de la brique épaisse directement récupérée sur le site.
La documentation très lacunaire ne permet pas d’être affirmative sur les causes d’une telle destruction. Elle est amorcée par les invasions espagnoles de 1523 et achevée au cours des guerres de religion qui sont responsables aux alentours de 1570 1571 de l’incendie de l’abbaye. Après le passage des Huguenots, l’abbaye est dite rasée au niveau du sol, propos qui ne paraissent pas excessifs au vu de l’ampleur de la reconstruction. D’après la chronologie relative des élévations, le rétablissement de l’aile nord se réalise en deux étapes. Le bâtiment le plus ancien est celui qui occupe l’angle nord est, doté de grandes croisées. Le reste de l’aile est ensuite construit d’un seul jet en même temps semble-t-il que l’aile ouest de l’abbaye. Les nouveaux bâtiments s’appuient contre les vestiges médiévaux au nord mais sont cependant plus étroits. À cette seconde phase peut également être attribuée la construction du petit corps de bâtiment oriental flanquant l’entrée actuelle au nord, le front est de l’abbaye étant jusqu’alors simplement fermé par un mur de clôture. Ces deux phases sont difficilement datables et se suivent probablement de près tant la qualité de la maçonnerie et le type des ouvrages sont proches. On peut attribuer à la première moitié du XVIIe siècle l’ensemble des travaux de l’aile nord, à l’exception de l’angle nord est et du mur de clôture oriental qui sont antérieurs, ainsi que les bâtiments est et ouest. La date de 1634 gravée sur la porte d’entrée de l’aile nord marquerait elle la fin des travaux ?
La galerie occidentale du cloître est entièrement reconstruite plus à l’ouest. Il est probable qu’il ne subsiste alors de l’ouvrage médiéval que la galerie sud qui est alors prolongée vers l’ouest-pour rejoindre la précédente. Les autres galeries, est et nord, ne semblent pas avoir été reprises comme tendraient à le supposer les inhumations dans l’épaisseur des fondations des bahuts.
Au début du XVIIIe s., l’abbaye semble esquisser une légère reprise et ses nombreux domaines la dotent d’une certaine prospérité comme en témoignent les six mille livres de revenu. Cette richesse, comme aux siècles précédents, ne s’avère cependant pas suffisante pour remettre l’église en état dont la partie ouest est partiellement détruite. Une « bâtisse neuve », détruite dans les années 1960, est édifiée dans l’angle nord est de la cour.
C’est sans doute à la seconde moitié du XVIIIe s. que l’on peut attribuer le réaménagement de la partie ouest de l’aile nord : renouvellement du décor du réfectoire avec un faux plafond en plâtre et création de cellules à l’étage. Après sa suppression à la Révolution, l’abbaye est vendue et transformée en exploitation agricole. Ce n’est qu’en 1964 que la famille de Vilmorin, alors propriétaire, en fait don au Conseil Général pour que des travaux de restauration soient enfin entrepris, l’ensemble des bâtiments est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1969.
Sandrine CONAN, Laurence MURAT, Marc SALVAN GUILLOTIN
2003, le jardin
Dans le cadre des travaux de restauration de l’abbaye d’Arthous, une restitution du jardin situé à l’ouest du couvent était envisagée.
Sur un plan du XVIIIe siècle, la parcelle est représentée sous la forme d’un jardin à plan complexe, découpé en figures géométriques. À la demande de M. Stéphane Thouin (ACMH) et du conseil général des Landes, propriétaire du site, une opération archéologique a eu lieu du 3 au 14 novembre 2003. Elle fait suite à une série de cinq sondages réalisés en 2001 par le Service Régional de l’Archéologie dans la partie nord de la zone.L’évaluation devait permettre de mettre au jour tous les indices possibles d’aménagement de ce jardin.
Huit tranchées de 12 m de long sur un mètre de large ont été ouvertes en quinconces suivant une ligne coupant la parcelle en diagonale du sud est au nord ouest, et deux autres ont été pratiquées perpendiculairement aux limites de la parcelle, au sud et au nord. Cette intervention n’a pas confirmé l’existence d’un jardin d’agrément élaboré. Aucun indice d’aménagement important du type allée, réseau hydraulique ou bassin n’a été découvert. Rien ne laisse penser que de tels éléments aient existé ici, à moins que toute trace en ait été détruite. Cependant, deux probables phases d’occupation ont été décelées. La première daterait peut être du XVIIe ou du XVIIIe siècle, période de renaissance de l’abbaye. La seconde, mieux identifiée, s’est achevée à la fin du XXe siècle. Elle semble avoir été précédée d’une campagne de travaux de drainage, peut être en liaison avec la mise en culture de la parcelle.
Laurence MURAT
2004, inventaire lapidaire
Après l’étude des bâtiments conventuels, réalisée en 2001 , la conservation régionale des monuments historiques (CRMH) et le conseil général des Landes envisagent la restauration des portails nord et ouest de l’église abbatiale. Les éléments lapidaires, estimés à plus de 200, déposés à l’intérieur de l’église pourraient provenir de ces portails mais aussi d’autres parties de l’abbaye. Pour cette raison, M. Stéphane Thouin (ACMH en charge des travaux de restauration), a souhaité :
• la réalisation d’un inventaire de l’ensemble de ces éléments ;
• une analyse conduisant à une proposition de restitution de chacun des portails.
Certaines pierres étant de grande dimension, l’aide d’un ouvrier mis à disposition par le conseil général était nécessaire pour leur manutention.
L’étude sur site prévoyait :
• la manutention et le classement du lapidaire ;
• un inventaire par numérotation de chaque élément et un descriptif sommaire sur fiche ;
• une prise de vue photographique du lapidaire ;
• un essai de recomposition des portails par assemblage au sol.
La phase d’analyse et de synthèse comprenait :
• une mise au propre des fiches et relevés ;
• l’élaboration d’un catalogue raisonné du lapidaire ;
• les essais de restitution infographique des portails ;
• la rédaction d’une synthèse des données.
Nous ne reprendrons pas ici les données historiques relatives à la construction de l’abbaye Sainte-Marie, dans la 2e moitié du XIIe siècle, et à ses vicissitudes durant l’époque moderne. Nous renvoyons pour cela à l’étude documentaire de notre rapport de 2001.
Patrick BOUVART