HADÈS Archéologie

Abbatiale Sainte-Marie

Fiche

Résumé

Un suivi archéologique de travaux de terrassements a été confié à Hadès par le Service Régional de l’Archéologie dans le cadre de la pose d’un drain au pied du mur latéral sud de l’église abbatiale Sainte-Marie. Ces travaux étaient limités à une tranchée d’une quinzaine de mètres de longueur sur 1 m de large environ.

À Quarante, les plus anciennes traces d’occupation remontent à l’Antiquité (sarcophages…). On pense que l’église est bâtie sur le lieu d’un temple romain et, selon la légende, elle aurait été fondée par Charlemagne lui même pour abriter les restes de quarante martyrs. Plus certains, sont les textes qui mentionnent une église en 902, puis la consécration de deux églises successives, en 982 puis en 1053.

Le bâti L’étude archéologique des élévations du mur gouttereau sud de l’église n’était pas dans les objectifs de la présente intervention. Toutefois, la mise au jour des parties basses jusque là invisibles a permis quelques utiles observations. Quatre types de maçonnerie ont été mis en évidence sur ce mur gouttereau. La fondation, homogène d’est en ouest, est adaptée à la topographie naturelle du site que l’on devine par la forte pente de la ruelle qui longe l’église. La présence de deux ressauts de fondation mis au jour au centre du mur traduit la nécessité qu’ont eu les constructeurs de compenser la dénivellation du substrat par une fondation de plus en plus haute au fil de la progression du chantier vers l’est. Au dessus, on trouve d’abord un petit appareil allongé de calcaire dur, bâti en assises bien alignées et lié par un mortier de chaux blanc tiré au fer. L’élévation supérieure est composée de petits moellons cubiques de grès rose liés par un mortier sableux de chaux blanche.

On comprend mal cette variété de parements dans l’élévation. Si la différence de matériaux peut éventuellement s’expliquer par la nécessité de bâtir un soubassement en pierre peu sensible aux remontées d’humidité (contrairement au grès), cela n’explique pas la différence de typologie du parement. Doit-on conclure à l’existence de deux phases chronologiques, le soubassement appartiendrait il à un édifice antérieur à celui du Xe siècle ? La question est posée. En revanche, la maçonnerie supérieure a, depuis longtemps, été identifiée comme celle de l’église de 982 qui intègre, à notre avis, la porte sud ouest La construction des contreforts mérite quelques précisions. Leur appareil diffère de celui du mur gouttereau par le matériau (calcaire tendre) et le parement (grand appareil). Seul le contrefort oriental est nettement accolé au mur, les deux autres y sont ancrés, mais celui à l’ouest-présente des colmatages qui traduisent un encastrement après coup. Pour ce qui concerne leur fondation, l’appareil diffère de celle du mur par une maçonnerie grossière, noyée dans un mortier abondant largement débordant.

À la lumière de ces remarques, les contreforts semblent rapportés après coup lors du voûtement de l’église, au XIe siècle, par encastrement complet des fondations et ancrages ponctuels pour les élévations. Ces observations confirment les analyses précédemment réalisées par les historiens de l’art qui se sont intéressé à l’édifice, mais qui n’avaient jamais vu les parties basses du mur.

Parmi les autres constructions mises au jour, certaines ont pu être clairement identifiées, tels les vestiges de la chapelle des Sept douleurs bâtie dans le courant du XIXe siècle et rasée en 1902. D’autres n’ont pu être interprétées, tel un muret mis au jour en fond de fouille dans la partie orientale de la tranchée.

Les vestiges de sols Le sommet de la fondation du mur gouttereau présente une pente générale descendante d’ouest-en est qui pourrait correspondre au niveau du sol au Moyen Âge. À peu près à la même altitude, une couche de chaux blanche identifiée dans la partie ouest de la tranchée pourrait aussi bien être un sol de travail, constitué lors de la construction du mur, qu’un sol d’occupation. Le creusement d’une tombe à partir de ce niveau viendrait à l’appui de cette seconde hypothèse. En revanche, une couche de mortier rose située un peu plus haut est certainement un sol de circulation en relation avec la porte sud ouest.

Les sépultures Une série de sépultures avait déjà été remarquée au sud de l’église dans une tranchée EDF, en 1989, mais en l’absence de relevés les informations restent vagues sur leur typologie et leur datation. Lors du présent suivi archéologique, seulement deux ou trois sépultures ont été mises au jour, toutes situées en fond de fouille. Le niveau des tombes se situerait donc à partir de 1,20 m (à l’ouest) à 1,80 m (à l’est) sous le sol de la place. Mais on peut estimer que leur niveau d’enfouissement au Moyen Âge est de l’ordre de 60 cm. Seule celle partiellement mise au jour dans la partie ouest de la tranchée a pu faire l’objet de quelques observations. Creusée dans le substrat, elle est aménagée en caisson semble-t-il anthropomorphe, avec une logette céphalique à l’ouest, le tout recouvert par de grosses dalles. La présence d’une fine couche de limon sur les ossements du défunt indique que le couvercle a été rendu étanche par un jointoiement au mortier. Sa typologie renverrait au XIe XIIIe siècle, ce que ne dément pas le rare mobilier trouvé à proximité.

D’une manière générale, la fouille a révélé très peu de mobilier, ce qui n’a guère aidé aux datations des structures et couches archéologiques.

Steven SYLAVIE

Steven SYLAVIE