Fiche
Résumé
La fouille d’archéologie préventive qui a eu lieu au 22 rue de Lorraine au cours du mois d’août 2016 fait suite à un diagnostic réalisé en avril 2015 par Jean-Jacques Grizeaud (Inrap). Cette opération a porté sur une large parcelle rectangulaire de 600 m2 située au nord de la ville haute, la ville médiévale, et en contrebas de la pente de la butte d’Auch. Elle se trouve à l’angle formé par l’intersection des rues de Lorraine et de Gambetta.
Peu de vestiges ont été mis au jour sur l’emprise de fouille. De nombreux niveaux de terre à jardin, déposés vraisemblablement entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne, scellent le site sur plus d’un mètre d’épaisseur. Ils couvrent les restes d’une voirie datée de la fin de l’époque médiévale. Cette voirie, très bien conservée, s’étend selon un axe nord-sud sur près de 11 m. Sa mise en œuvre est relativement soignée. Son tracé a été décaissé et entaillé dans la marne puis colmaté par un niveau argileux dans lequel sont fichés les blocs calcaires. Elle se présente sur la forme de deux espaces de circulation séparés par un caniveau central. Une analyse au radiocarbone de carporestes contenus dans les niveaux de fondation et d’abandon permet d’affiner et de circonscrire assez précisément sa construction puis son abandon entre le dernier quart du XIVe siècle et le premier tiers du XVe siècle. Les études du mobilier archéologique corroborent cet intervalle assez restreint dans le temps. Par la suite, la voie est couverte par des niveaux de remblai de terre et la parcelle reste en l’état jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le quartier se développe et se construit dans le courant du XIXe siècle. Le bâti de cette époque est encore en partie visible dans la moitié orientale de l’emprise de fouille.
La découverte de cette voirie médiévale, dans un espace que l’on pensait vide, permet de s’interroger sur les mouvements d’urbanisation d’Auch au cours de la fin du Moyen Âge. D’après la documentation portant sur l’histoire de la ville, Auch ne se développe pas entre la fin du Moyen Âge et la fin du XVIIe siècle, même si l’aspect figé livré par l’historiographie peut étonner. La présence de cette voie pourrait illustrer une tentative de développement de la ville, en dehors des remparts du quartier de la Treille dans lequel elle se situe aujourd’hui. Elle illustre les mutations du quartier et les tentatives, ici peut-être avortées, de développement. Cette découverte permet donc de s’interroger à nouveau sur les connaissances que l’on a des villes et sur les mouvements de croissance et rétraction des quartiers péri-urbains.
Christophe CALMÉS