Fiche
Résumé
Le projet de construction du nouveau palais de justice de Limoges est à l’origine de l’opération réalisée au 1 rue de la Mauvendière en juillet-août 2012. Elle fut précédée par deux diagnostics, effectués en 1994 et en 2010, qui avaient révélé la présence de vestiges à caractère funéraire. Les découvertes fortuites réalisées anciennement dans le quartier laissaient en effet présager la présence d’une aire sépulcrale au carrefour des voies de Saintes et de Poitiers, au nord de la ville antique d’Augustoritum.
La prescription de fouille archéologique préventive portait sur une surface de 1 800 m2, le long de la rue de la Mauvendière et autour de la maison Faure. Cette emprise a été définie en fonction des résultats obtenus lors des sondages de 1994 et de 2010, qui montraient que l’occupation était limitée à la partie nord-ouest des parcelles concernées par les travaux de construction.
Malgré un assez mauvais état de conservation, des vestiges du Haut-Empire ont été mis en évidence sur une bonne partie de la surface explorée.
Ils s’organisent en fonction de la voie de Poitiers, dont la présence était soupçonnée sensiblement au niveau de l’actuelle rue de la Mauvendière et qui a pu être pour la première fois étudiée dans le quartier. Elle a été largement détruite par des caves du milieu du XIXe siècle et seule sa partie sud-ouest est conservée. La voie se compose d’une bande de roulement essentiellement formée de galets roulés jointifs, établis directement sur le terrain naturel préalablement décaissé et aplani. Ce galetage est longé par un niveau de circulation plus fruste et nettement moins solide qui constitue sans doute les abords non carrossables de la voie. Ils sont limités par des fossés bordiers qui indiquent la direction dans laquelle se développe l’axe viaire (fig. 1). Les restitutions proposées, qui s’appuient principalement sur les autres découvertes réalisées à Limoges et notamment sur l’étude du cardo maximus dont la voie de Poitiers constitue le prolongement extra-urbain, lui attribuent une largeur proche de 20 m, marges piétonnières comprises. En revanche, aucune chronologie ne peut être proposée en raison de la faiblesse du lot céramique recueilli et du caractère résiduel des charbons analysés dans le cadre de datations 14C.
Cet axe est longé par un ensemble funéraire qui se compose de 19 fosses à résidus de crémation et de deux inhumations probables. Elles sont établies au-delà d’un creusement parallèle aux fossés bordiers, qui semble marquer la limite entre le domaine public de la voie et le domaine privé des morts, et sur une bande dont la largeur n’excède pas 9 m. À l’exception des fosses destinées à accueillir des sujets inhumés, toutes les excavations ont une forme circulaire, avec parfois un fond surcreusé de manière à y installer un contenant en céramique ou en matériau périssable. Seules quatre d’entre elles peuvent réellement être qualifiées de sépultures, avec les restes du défunt placés dans une urne en céramique (fig. 2). Les autres fosses constituent plus vraisemblablement des rejets de bûcher après qu’un tri a été opéré entre la crémation et la translation des restes. Les rares données collectées convergent pour dater ces vestiges des IIe et IIIe siècles.
Le site n’est réoccupé qu’à la fin du Moyen âge ou au début de l’époque moderne, période à laquelle peuvent être rattachés un mur et un sol empierré. À partir du milieu du XIXe siècle, l’essor de l’industrie porcelainière est marqué par la construction d’ateliers et de bâtiments annexes, derrière les maisons qui se dressent en front de rue. Ils sont désaffectés au cours des années 1960 et les terrains sont dès lors investis par les services du ministère de la Justice.
Julien OLLIVIER