Fiche
Résumé
À l’orée du massif pyrénéen, à la confluence des cours de l’Arros et du Luz, est créée dans la seconde moitié du XIIe siècle l’abbaye d’Escaladieu (fig. a). Relevant de l’ordre cistercien et généreusement dotée par les comtes de Bigorre, elle s’impose rapidement comme l’un des plus importants établissements ecclésiastiques de la région, essaimant de part et d’autre des Pyrénées. Son occupation continue depuis le XIIe siècle a donné lieu à un important ensemble de bâtiments, dont la trame médiévale a été largement renouvelée au XVIIIe siècle.
Suite à sa vente comme bien national après la Révolution, l’abbaye a connu d’importantes destructions, et en particulier le démantèlement de son cloître.
Depuis la fin du XIXe siècle, ses propriétaires successifs s’emploient à assurer la conservation et la réhabilitation de ce site majeur, notamment par son classement au titre des Monuments Historiques en 1938.
À partir des années 1960, l’abbaye fait l’objet de fouilles archéologiques, qui révèlent un vaste ensemble bâti au nord-est des bâtiments conventuels et apparemment indépendants de ces derniers, assurant vraisemblablement une fonction d’hospice (fig. b). Dans les décennies suivantes, les travaux d’assainissement et de mise en valeur dictent la réalisation de sondages. Les vestiges ainsi découverts, quoique fragmentaires, alimentent les essais de restitution du plan de l’abbaye. La synthèse des rapports de fouille révèle la fragilité des vestiges, altérés par les crues récurrentes impactant le site.
Depuis son acquisition de l’abbaye en 1997, le département s’est employé à poursuivre la restauration et la valorisation du complexe monastique. La présente campagne de sondages s’inscrit dans cette logique : il s’agissait d’évaluer le potentiel archéologique de l’aile principale, notamment concernant la conservation de sols anciens, dans la perspective d’un projet d’assainissement et de réhabilitation des circulations anciennes (fig. c).
Sur les cinq sondages prescrits, quatre concernaient les intérieurs, mais n’ont livré aucun élément de sols anciens. En revanche, ont été mis au jour d’anciennes canalisations et des strates d’assainissement de sol témoignant d’une préoccupation constante de l’hygrométrie du site. Faute de mobilier, ces structures restent indatées. Dans la salle capitulaire, malgré des perturbations liées aux restaurations de la dernière décennie, a également été mise au jour une sépulture complexe, laissant pressentir une aire d’inhumation possiblement dense dans cette salle, à moins d’un demi-mètre de l’actuel niveau de sol. Enfin, un dernier sondage, ouvert à l’extrémité nord-ouest de l’aile des moines, a confirmé une périodisation contemporaine pour les extensions nord et ouest qui habillent l’extrémité de cette aile (fig. d).