Fiche
Résumé
La SCI Cœur de ville projetait la construction d’un immeuble résidentiel sur un terrain situé entre le 29 de la rue Maubec et le 4 de la rue Armand Dulamon à Mont-de-Marsan (Landes). Afin de réduire au maximum l’impact des travaux sur le sous-sol, le maître d’ouvrage – la SAS ALTAE – a pris la décision d’implanter les fondations du bâtiment nord sur des micropieux à partir du niveau de sol des anciens immeubles démolis (fig. 1). Les aménagements susceptibles d’impacter des vestiges archéologiques concernent divers types de sondages nécessaires aux travaux de construction (des casques de pieux, des tranchées pour des longrines, une fosse d’ascenseur, une rampe d’accès depuis la rue Maubec et deux places de stationnement semi-enterrées). Devant la présence d’affouillements susceptibles d’impacter le sous-sol, le projet de construction a donné lieu à un arrêté de prescription de surveillance archéologique de travaux. L’intervention s’est déroulée du lundi 26 février au mardi 6 mars 2018, avec une équipe de deux personnes.
La commune de Mont-de-Marsan se situe à l’est du département des Landes en région Nouvelle-Aquitaine. Le centre de la ville a connu plusieurs occupations successives de l’âge du Bronze à l’époque moderne, avec également des témoins pour les périodes préhistoriques, mises en évidence lors de plusieurs interventions archéologiques (fouilles, diagnostic et suivi de travaux) depuis la fin des années 1970. L’emprise des travaux concerne l’ancienne maison d’arrêt de Mont-de-Marsan construite au tout début du XIXe siècle. Le cahier des charges scientifiques établi par le Service Régional de l’Archéologie de Nouvelle-Aquitaine précisait que l’intervention archéologique devait viser à compléter les éléments de stratigraphie établis à l’intérieur du castelnau montois fondé au XIIe siècle (présence d’occupations protohistoriques, datation du premier état médiéval) et à apporter des informations sur l’organisation des espaces du couvent des Ursulines établi au XVIIe siècle.
Dans les 28 sondages creusés pour la réalisation des travaux d’aménagement, 27 entités archéologiques ont été mises en évidence, parmi lesquelles 22 correspondent aux vestiges de l’état final de l’ancienne prison (fig. 2). Il s’agit des vestiges maçonnés constituant les deux bâtiments septentrionaux et la clôture nord ainsi que des aménagements annexes (tranchées et fosses). Seules cinq entités archéologiques (trois murs, une canalisation maçonnée et une petite fosse) appartiennent à une ou plusieurs phases d’occupation antérieures à cet état final. Deux des trois murs, dont un en pierre de taille (fig. 3), pourraient appartenir à l’état initial de la prison visible sur le cadastre de 1811 (fig. 4) ; mais les relations stratigraphiques limitées et la rareté du mobilier, notamment céramique, rendent impossible un calage stratigraphique précis.
L’ampleur des affouillements nécessaires aux travaux a fortement influencé l’importance des résultats archéologiques par rapport aux objectifs scientifiques attendus. L’étendue réduite des sondages, tant en surface qu’en profondeur, a très rarement permis d’atteindre les niveaux d’occupations moderne, médiévale voire protohistorique. Cette opération de surveillance archéologique a cependant été l’occasion de documenter les modes de construction du dernier état de la maison d’arrêt de Mont-de-Marsan, érigée au début du XIXe siècle, plusieurs fois remaniée, désaffectée fin 2008, avant que ses vestiges subsistants ne soient définitivement recouverts par un immeuble neuf. Les rares structures antérieures au dernier état d’occupation de la maison d’arrêt ont pu appartenir aux bâtiments précédents de la prison voire à l’ancien couvent des Ursulines.
Julien Cousteaux