Fiche
Résumé
La fouille archéologique préventive menée à l’intérieur de l’église d’Ingrandes-sur-Vienne avait pour but d’établir un relevé détaillé des vestiges apparus lors d’une opération de réfection du sol de la nef et du transept. Au cours du démontage du sol béton, quatorze sarcophages trapézoïdaux avaient été dénombrés. Certains d’entre eux avaient conservé leur couvercle, parfois décoré d’une croix à triple traverse.
Pour cette raison, le Service Régional d’Archéologie de Poitou-Charentes a prescrit une intervention archéologique dans le but de procéder au nettoyage et à l’enregistrement des données accessibles après l’enlèvement du sol béton. L’ensemble des vestiges devait rester en place, aucune dépose de couvercle ou de cuve n’a été effectuée et les restes osseux n’ont pas été prélevés, à quelques exceptions près. Ils ont par la suite été enfouis sous une couche de sable servant d’assise au carrelage actuel.
L’opération a permis de repérer quarante sépultures, ce qui ne représente probablement qu’un faible échantillon par rapport à la surface totale de l’intérieur de l’église (fig. 1). Les inhumations d’enfants se situent dans le chœur, tandis que les tombes d’adultes se trouvent aussi bien dans le chœur que dans la nef. Les sujets immatures ont été déposés en cercueil et les adultes le plus souvent dans des sarcophages. La bonne gestion de l’espace funéraire (toutes les tombes se trouvent sur le même niveau stratigraphique sans recoupement entre elles) indique qu’il existait probablement un marquage de surface et que l’occupation funéraire a dû être plutôt brève. En réalité, il existe un recoupement (la sépulture 32 qui recoupe les sarcophages 20, 21 et 37), mais il s’agit d’un cas particulier, le dépôt de cette tombe étant postérieur aux autres.
Les éléments de datation sont peu nombreux. Quelques tessons de céramique ont bien été trouvés au cours de la fouille, mais beaucoup sont peu significatifs. Certains fragments de panse peuvent être datés de l’Antiquité comme du haut Moyen Âge, sans qu’il soit possible d’être plus précis. Dans le cas de deux sarcophages, le couvercle est constitué d’un remploi d’éléments antiques : une borne miliaire pour la sépulture 19 et un élément d’architecture présentant des bandes parallèles (architrave d’édifice public) pour la sépulture 26. En outre, l’église est mentionnée dès 637 dans un diplôme de Dagobert 1er et il est probable que l’édifice primitif ait été construit avant cette date. Des éléments préromans sont encore visibles dans les parements extérieurs. Pour finir, les fouilles de sauvetage menées en 1976 et 1977 par René Fritsch sur la place de l’église contre le mur gouttereau nord avaient livré du mobilier gallo-romain (tessons, fibules). Ces éléments indiquent une datation plutôt haute pour la construction de l’église primitive.
Sylvie GAIGUANT