Fiche
Résumé
La commune de Commequiers est située au nord-ouest du département de la Vendée, à 19 km au sud de Challans, et borde la partie sud-est du Marais Breton. Le château occupe un vaste espace au nord-est de la commune, à l’entrée du bourg. Inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques depuis 1926, il fait aujourd’hui l’objet d’un projet de cristallisation de ses ruines, confié au cabinet Niguès, architecte du patrimoine. Dans le cadre de ce projet, l’association des Amis du Vieux Château de Commequiers a demandé une expertise archéologique afin de servir de support aux travaux des architectes et d’étayer la procédure de classement du château lancée depuis la fin de l’année 2013. Cette opération programmée a été supervisée par deux archéologues du bâti, aidés de trois stagiaires et de quatre bénévoles de l’association, au cours du mois de juin 2014.
L’étude archéologique du bâti a révélé des connaissances inédites sur le site castral. Avant cette intervention, une approche stylistique avait traité l’ensemble du château dans ses caractéristiques architecturales globales de façon à proposer une datation du XVe siècle. La construction serait à l’initiative de Louis de Beaumont, sénéchal du Poitou puis chambellan de Charles VII. Si la nouvelle analyse architecturale ne remet pas en question cette hypothèse de datation, elle permet de préciser la fonction de certains espaces.
L’entrée du château devait se trouver entre les deux plus hautes tours, orientées vers le nord-ouest (fig. 1). C’est aussi dans le quart nord-ouest que les salles sont les plus petites, probablement avec un rôle de défense passive. La cuisine a été identifiée au nord grâce à ses équipements spécifiques : la grande cheminée occidentale, le puits à double margelle et l’évacuation nord-est. Les salles les plus grandes et ouvertes par des baies à meneaux sont majoritairement situées dans la moitié sud-orientale du château. La salle la plus importante est la pièce J qui est orientée vers le sud-est et dont les salles attenantes desservent les tours T5 et T6. Elle possède un étage par lequel on accède à l’aide d’un escalier en vis construit dans la tour T5. Il s’agit de la seule structure qui permette de comprendre une circulation verticale vers l’étage du logis.
De nombreuses questions restent cependant en suspens : quels sont les accès entre les salles et depuis les salles vers la cour ? Combien de logis adossés aux courtines possèdent un étage ? La cour centrale a-t-elle fait l’objet d’aménagements (sol dallé) ? Enfin, si nous arrivons à déterminer qui vit dans le château de Commequiers et combien de personnes peuvent y être placées en garnison, que peut-on dire des bâtiments situés dans la basse-cour et quelles fonctions peut-on leur attribuer (écurie, forge, maisons…) ? La caractérisation des espaces intérieurs du château sur leurs différents niveaux apporterait des éléments de réflexion sur la vie quotidienne des occupants de cette résidence défensive. Des sondages superficiels ponctuels autoriseraient à vérifier le plan interne du château et à déterminer la présence de sous-sol dans les autres pièces. De même, l’hypothèse d’une motte antérieure au château sous sa forme polygonale ne pourra trouver de réponse qu’à travers une fouille de la cour centrale.
Plus largement, le château est au coeur d’un vaste espace de 2 hectares dont la topographie a été perturbée dans la deuxième moitié du XXe siècle. Toutefois, il serait intéressant de réaliser un modèle numérique de terrain de grande précision afin d’observer d’éventuelles anomalies ou un relevé électromagnétique des abords pour déceler la trace de bâtiments dans la basse-cour ouest.
Caroline CHAUVEAU