Fiche
Résumé
Le village de Bioule se trouve à deux kilomètres en amont de Nègrepelisse, dans l’actuel département du Tarn-et-Garonne. Le château se dresse sur la rive droite de l’Aveyron, entouré par le bourg. Il semble que, dès la fin du VIIIe siècle ou dans le courant du IXe siècle, une église est mentionnée à Biolis. Par la suite, un bourg comprenant deux églises et des fortifications se développe au cours du Moyen Âge central. Un château dont la seigneurie est partagée entre les abbés de Moissac et les vicomtes de Bruniquel apparaît ainsi dans la documentation de la fin du XIIe siècle. C’est durant le XIIIe siècle que la famille de Cardaillac hérite probablement de la suzeraineté du lieu et octroie en 1273 une charte de coutumes aux habitants. Prenant le nom des Cardaillac-Bioule, cette lignée est à l’origine d’importants travaux d’agrandissements et de modernisation du château jusqu’au milieu du XVIIe siècle (fig. 1). Ce n’est qu’en 1889 que le château est acquis par la commune de Bioule. Rapidement, l’objectif est d’y installer une école.
Dès la fin du XIXe siècle, de nombreux travaux sont ainsi entrepris pour accueillir les élèves. Le site est finalement classé au titre de Monument Historique le 28 novembre 1991 ; il est aujourd’hui encore occupé par l’école de la commune au rez-de-chaussée. Suite au projet d’extension de celle-ci, une étude de faisabilité est menée par le cabinet THOUIN (S. Thouin, ACMH), en vue d’aménager l’aile ouest à l’usage de salles de classes (fig. 2). Dans ce cadre, une évaluation du potentiel archéologique a été demandée à une archéologue de la société Hadès, accompagnée par un état des lieux documentaire. Le but est de tenter d’apporter des précisions sur la chronologie des constructions de cette aile et de pointer les zones archéologiques sensibles qui, dans le cas de travaux, nécessiteront plus d’observations, voire une conservation.
Comprendre le rôle et la fonction de l’aile ouest dans cet ensemble est ainsi l’une des questions centrales de ce diagnostic. Dans sa forme initiale, elle semble bien individualisée par rapport aux autres ailes du château : les ouvertures et les niveaux de circulations sont différents, posant la question de son accès depuis les bâtiments environnants.
La tour maîtresse nord-est, aujourd’hui détruite, a pu conditionner la répartition des étages de l’aile ouest qui semblait se poursuivre jusqu’à rencontrer celle-ci. Mais cela peut aussi s’expliquer par son rôle dans la défense du lieu, car c’est une aile en contact avec le bourg environnant. Elle présente en effet moins d’ouvertures que l’aile sud et son niveau principal s’élève bien plus haut qu’ailleurs. La présence d’une coursière sommitale indépendante fait bien de sa façade une sorte de courtine, commandée par deux tours.
Les pièces créées dans cette aile avaient-elles alors un emploi plus secondaire dans l’économie du lieu ? Elles n’étaient pas de plain-pied avec la belle salle à claire voie de l’aile sud. Bien moins éclairée, voire peut-être plus cloisonnée, elles ne présentent que peu de décors, sans doute postérieurs. Cet espace était-il donc réservé à un usage domestique plus privé ou pratique ?
L’évaluation ainsi menée au château de Bioule permet aujourd’hui d’entrevoir la richesse historique conservée dans le monument. Bien qu’il ait été très repris au rez-de-chaussée par exemple, les enduits récents nous cachent encore beaucoup d’éléments. C’est pourquoi, dans le cadre de restaurations, il serait souhaitable de poursuivre les observations archéologiques. L’édifice dans son ensemble attend encore, en effet, une étude archéologique exhaustive, permettant de préciser la chronologie des événements bâtis et de compléter l’histoire du monument.
Léa GERARDIN