Fiche
Résumé
Les chercheurs médiévistes du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM) entreprennent une étude pluridisciplinaire du site monastique Saint-Jouin-de-Marnes situé dans les Deux-Sèvres. Leur projet concorde avec la volonté des élus municipaux de réhabiliter un bâtiment employé en dernier lieu comme presbytère. Entièrement accessible, l’édifice est localisé dans le bourg de Saint-Jouin-de-Marnes, sur l’actuelle parcelle n°2 de la section cadastrale AD, feuille 01 (fig. 1). Malgré des transformations très récentes, certaines élévations conservent des baies caractéristiques d’une construction médiévale. Leur authentification s’avère indispensable en vue d’une identification voire d’une datation de l’architecture. Ces enjeux sont les principaux objectifs de l’intervention. Il n’est pas encore question d’étudier toutes les évolutions ultérieures. Limitée à discriminer les structures primitives, l’étude s’est ainsi particulièrement focalisée sur une élévation. Malgré des observations aussi limitées, diverses phases peuvent être déterminées même si leur chronologie relative demeure souvent très incertaine.
Cette élévation correspond au mur gouttereau nord d’un bâtiment de plus de 26 m de long. Elle intègre cinq fenêtres et un portail. Les deux pignons ne peuvent être localisés précisément. La position du mur gouttereau sud est également incertaine. De celui-ci, seul subsisterait le vestige d’une baie, mais l’authentification reste à faire. La documentation iconographique apporte peu d’informations hormis la destruction des pignons avant 1657. Sur ce sujet, l’interprétation d’un plan au sol des Archives nationales reste hasardeuse. Le bâtiment a pu s’étendre jusqu’au contact de l’église abbatiale. Le seul critère de datation serait les linteaux des fenêtres, tous incisés de faux-claveaux (fig. 2). En Poitou-Charentes, ils apparaissent assez fréquemment sur des églises de la seconde moitié du XIe voire au tout début du XIIe siècle. La comparaison n’est pas une preuve de la fonctionnalité de l’édifice. Toutefois l’hypothèse mérite d’être considérée au regard des mentions anciennes de la topographie. Une seconde hypothèse, celle d’une aumônerie, peut être émise en rapport avec la topographie persistante au XVIIe siècle. Elle pourrait alors pérenniser un éventuel xenodochium. La promotion des reliques a sans doute impliqué un aménagement précoce de structures d’accueil pour les pèlerins.
Au cours de la guerre de Cent Ans, l’édifice est intégré dans une enceinte flanquée de tours circulaires. La campagne de fortification serait antérieure à 1427. L’aménagement d’un étage puis l’ajout d’une série d’arcades surmontées de cellules témoignent d’une évolution dans le courant des XVe-XVIe siècles. La fonction demeure cependant ignorée jusqu’au milieu du XVIIe siècle. A cette période, le bâtiment primitif sert de cellier et grenier, son adjonction de bucher. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les travaux engagés par les Mauristes transformeraient une partie en écuries. La façade sud du bâtiment est finalement détruite. La reconstruction concorderait avec une affectation comme presbytère.
Patrick BOUVART