HADÈS Archéologie

Église Notre-Dame

Fiche

Résumé

Ardin est une commune du département des Deux-Sèvres située à 24 km au nord de Niort. La localité est déjà connue des archéologues et historiens en raison de nombreuses découvertes antiques, d’émissions monétaires en or du haut Moyen Âge et de carrières de marbre. Son passé religieux attire moins l’attention des chercheurs. Pourtant, l’église Notre-Dame est le siège d’un archiprêtré regroupant 78 paroisses. Son architecture est l’un des rares témoignages médiévaux de cette importance. Depuis le 28 octobre 1985, un arrêté d’inscription lui confère le statut de Monument Historique. Malgré des consolidations dans les années 1980-90 et une reprise des couvertures en 2002, un état de conservation critique suscite en 2008 un nouveau programme de restauration. La maîtrise d’œuvre est alors confiée au cabinet d’architecte Marie-Pierre Niguès. Une série d’interventions archéologiques précède voire accompagne les travaux entre 2010 et 2012. Elle comprend cinq sondages autour de l’église, une analyse sommaire du bâti, une étude historique, en partie confiée à Anne Autissier, et un sauvetage d’informations dans une tranchée de drainage périphérique. Ces derniers terrassements n’ont pu faire l’objet d’un suivi malgré les préconisations d’Anne-Marie Cottenceau et du maître d’œuvre.

L’ensemble des données acquises sur le terrain aboutit à la distinction de 17 phases d’évolution du site dont 15 relatives à l’édifice religieux. Malgré l’existence de sources très précoces, cette chronologie relative reste peu renseignée par des indices de datation.

Les plus anciennes structures observées sont un empierrement et une maçonnerie découverts dans la tranchée de drainage au nord de la nef de l’église (phase I). Le seul repère exploitable pour authentifier sa chronologie serait la composition du mortier. Elle ne se compare à aucune des constructions de l’église, mais concorderait peut-être avec celle d’un mur « gallo-romain » mis au jour au nord de la place en 1987. Un tel rapprochement entre des structures espacées d’une soixantaine de mètres reste bien évidemment hypothétique. En outre, les orientations ne répondent pas au même schéma d’implantation orthogonal. Les couches sédimentaires n’offrent aucune indication sur la fonctionnalité de ces constructions, ni même sur leur période d’abandon. Quels que soient les contextes archéologiques considérés jusqu’à présent, aucune continuité d’occupation n’est perceptible entre l’Antiquité et le Moyen Âge. Une délocalisation de l’habitat est fortement envisageable durant le haut Moyen Âge. Le secteur de l’église pourrait être devenu un espace de culture (phase II). L’assise d’un vicus des VIIe-VIIIe siècles serait peut-être à chercher dans les parcelles dénommées « le Châtelier », au sud du bourg. Le relief et le toponyme suggèrent un oppidum ou pôle castral.

L’existence d’une nécropole mérovingienne est avérée par des découvertes anciennes de couvercles de sarcophages. L’emprise exacte de l’aire funéraire demeure ignorée, mais elle semble être assez éloignée de l’église, au nord du bourg. Dans ces conditions, l’émergence d’un important pôle religieux peut difficilement être avérée avant l’installation d’un prieuré-cure dépendant de l’abbaye Maillezais et sa promotion au statut de chef-lieu d’archiprêtré. Les vestiges d’un supposé édifice primitif n’ont pu être atteints lors des sondages. Ils sont simplement perçus comme des entités fantômes ou virtuelles (phase III), antérieures à une façade occidentale de nef. Cette construction romane est en partie préservée en élévation (phase IV). Un rapprochement entre les programmes iconographiques d’Ardin et Notre-Dame de la Coudre de Parthenay serait envisageable (fig. 1). Il oriente les hypothèses de datation vers le milieu du XIIe siècle et soulève la question d’une concertation des maîtres d’ouvrage. En effet, malgré les suppositions de la plupart des historiens, aucune source ne signale l’existence des archiprêtrés de Parthenay et Ardin avant le milieu du XIIe siècle. Les constructions ne pourraient-elles pas accompagner la mise en place de ces circonscriptions ?

Une reconstruction de l’église au XIVe siècle relèverait éventuellement d’une logique comparable, à savoir une affirmation de l’importance de l’église, siège d’un archiprêtré. Cette fois, elle pourrait intervenir après l’érection de l’abbaye de Maillezais au rang de cathédrale. Le chantier débuterait par une destruction exhaustive des élévations de la phase III (phase V) suivie d’une reconstruction en trois étapes (phases VIa à c). Un bâtiment accolé au sud du chevet serait établi à cette occasion. L’édification d’un clocher appuyé contre la façade occidentale romane interviendrait lors d’une phase ultérieure (phase VII), mais s’inscrirait peut-être dans une certaine continuité de programme architectural (fig. 2).

En phase VIII, toutes les élévations internes de l’église et du clocher sont ravagées par un incendie. La toiture charpentée constitue sans doute le principal combustible. La cause de l’embrasement demeure inconnue. En considérant qu’un bâtiment accolé au sud est épargné, une origine accidentelle serait l’hypothèse la plus probable. Ainsi, l’évènement ne peut délibérément être mis en relation avec la guerre de Cent Ans.

Une reconstruction est probablement organisée rapidement (phase IX). Le parti pris est un voûtement de l’ensemble des espaces. Les chapiteaux et les ogives toriques à listel se rapprocheraient des parties de Notre-Dame de Niort attribuables par l’épigraphie à un chantier débuté en 1491.

Une extension de l’église au nord semble édifiée en trois étapes (phases Xa à Xc). Certains détails de mise en œuvre favorisent l’idée d’une continuité avec la phase IX supposant un étalement du chantier dans les premières décennies du XVIe siècle.

Une destruction affecte l’ensemble des voûtes de l’église et de son extension (phase XI). Seule celle du clocher est épargnée, mais l’arrachement des nervures suggère une tentative de démolition. Celle-ci pourrait s’inscrire dans le contexte des guerres de Religion. Les indices sont néanmoins insuffisants pour l’affirmer. Le seul terminus est donné par un procès-verbal de visite de 1689.

La phase XII est une campagne de restauration incluant une extension du clocher vers le nord. Les phases XIII et XIV prennent en compte des transformations aboutissant à une délocalisation du bâtiment accolé au chevet. Selon une source écrite, les faits seraient éventuellement antérieurs à 1718. La phase XV prend uniquement en compte des modifications apportées à la toiture du nouveau bâtiment accolé au chevet, en l’occurrence un abaissement du solin. La phase XVI marque la destruction de cette bâtisse tandis que la XVII regroupe toutes les transformations opérées durant les deux derniers siècles, à savoir : la destruction d’un balet et des travaux d’entretien de l’église.

Patrick BOUVART