Fiche
Résumé
Le site étudié se trouve dans le jardin du 4 rue Centulle, à Oloron-Sainte-Marie, ancienne capitale du Haut-Béarn. Il se situe au sein du quartier Sainte-Croix, au cœur de la ville haute, face au presbytère de l’église paroissiale dont le portail sud s’ouvre dans la même rue et qui a donné son nom au quartier. Ce dernier est juché sur un promontoire qui domine le reste de la ville d’une trentaine de mètres et offre un emplacement privilégié pour le contrôle des gaves d’Aspe et d’Ossau. C’est à cet emplacement qu’une enceinte a été construite à la fin de l’Antiquité, surplombant la ville basse antique de Civitas elloronensium ou Iluro. Ce rempart serait une construction datée des IVe-Ve siècles, à l’image de celles aménagées dans d’autres cités gallo-romaines du piémont nord pyrénéen. En outre, quelques indices ténus identifiés en fouille attestent une occupation de ce promontoire dès le Ier siècle avant notre ère.
L’emplacement de la maison et des jardins du 4 rue Centulle correspond également à celui de l’ancien château vicomtal attesté par les textes à partir du début du XIIIe siècle. Situé dans l’angle sud-est des fortifications du quartier Sainte-Croix, le château a commencé à être détruit à partir du milieu du XVIIe siècle, avec l’effondrement de la tour, et se poursuit au cours de différentes campagnes de travaux jusqu’au XIXe siècle.
En 2003 et 2005, l’étude menée sur les enceintes urbaines d’Oloron a notamment porté sur un tronçon de la fortification située à l’arrière du cimetière Sainte-Croix et se prolongeant jusqu’à la rue Centulle. Les éléments qui ont pu être mis en évidence sur cette section du rempart ont amené les archéologues à proposer une origine antique pour l’édifice. Un sondage réalisé à proximité de la tranchée a confirmé le prolongement du rempart, conservé sur une hauteur d’environ 0,60 m et présentant une épaisseur de 2,80 m. Bien que la face extérieure du mur de soutènement de la terrasse supérieure du jardin du presbytère se situe en retrait par rapport à la section précédente de la maçonnerie, celle-ci semble s’inscrire dans la continuité de ce rempart. Malgré une partie supérieure de la construction qui porte les traces d’une reconstruction moderne, la partie inférieure du mur pourrait avoir conservé des éléments de maçonnerie plus anciens (antiques ou médiévaux).
À la faveur des terrassements entrepris pour le confortement du mur de soutènement de la terrasse, une étude de la partie inférieure de l’élévation et une observation des fondations ont été réalisées afin de déterminer la manière dont ce mur intègre des éléments de rempart plus anciens et afin de rechercher d’éventuels éléments de datation. La première constatation, issue de l’observation des structures et des séquences stratigraphiques révélées, est que le mur de soutènement du jardin du presbytère n’a pas été bâti sur le rempart. Il est en fait très peu fondé (fig. 1), ce qui peut expliquer sa faiblesse actuelle, et il est installé directement dans le substrat argileux. L’absence de mur d’enceinte à cet endroit pourrait être liée aux nombreuses dégradations et appropriations faites par des particuliers à partir du XVIIIe siècle, notamment sur les ouvrages en saillie tels qu’échauguettes, archères, portes et tours. Cependant, l’absence totale de vestiges ne plaide pas pour cette hypothèse.
Il faut donc envisager que le rempart se trouve plus au nord, sous la terrasse, ou que l’enceinte s’interrompt sur cette portion du promontoire. Dans la continuité d’une proposition émise lors d’une étude générale des enceintes de la ville, on peut émettre l’hypothèse d’un passage, qui expliquerait l’absence de fondations antiques à cet emplacement. Une voie aurait ainsi débouché à l’endroit sondé lors de cette opération, suivant ainsi la courbure de la rue Dalmais. L’étroitesse des fenêtres d’observations ne permet pas de faire plus de supposition sur le dispositif qui aurait pu contrôler cet éventuel passage.
Amaia LEGAZ