HADÈS Archéologie

9 chemin de la Planho

Fiche

Résumé

Le projet de construction d’une habitation particulière au 9 du chemin de la Planho, sur la commune de Vieille-Toulouse, a suscité une fouille préventive en fin d’année 2013. L’objectif de cette opération s’inscrit dans une volonté d’étudier l’évolution topo-chronologique de la marge occidentale du cœur de l’oppidum de Vieille-Toulouse, vaste établissement qui constitue à la fin du second âge du Fer la métropole des Volques Tectosages. Du 9 septembre au 6 décembre 2013, cette fouille aura permis de reconnaître 94 structures sur une superficie relativement restreinte, près de 800 m2. L’opération a concerné deux zones distinctes : la première d’entre elles s’étend sur le rebord du plateau de la Planho et sur l’amorce du coteau abrupt dominant la Garonne alors que la seconde, située à près de 7,5 m au sud de la précédente, est implantée exclusivement sur le haut du versant. Les vestiges mis au jour documentent l’évolution de l’occupation d’un secteur périphérique de l’oppidum de la fin du IIe siècle av. J.-C. jusqu’au changement d’ère. Deux principales phases d’occupation séparées par un long hiatus ont pu être définies.

La première phase d’occupation s’inscrit entre 125 et 75 av. J.-C. (phase 1).

Au sein de la zone 1, les vestiges appartenant à cette période se concentrent essentiellement à son extrémité orientale, sur le plateau de la Planho. Dans ce secteur, prennent ainsi place un vaste radier de tessons d’amphores associé à une tranchée étroite, deux trous de poteau, une fosse et une tranchée de nature indéterminée. Il s’avère difficile de caractériser cette occupation. En particulier, le radier et la tranchée étroite pourraient aussi bien appartenir à un bâtiment qu’à un espace ouvert aménagé. Le comblement de l’autre tranchée mêle rejets domestiques, vidanges de foyers et résidus de production céramique et de métallurgie du bronze. Dans la partie occidentale de la zone 1, sur le rebord du plateau et le haut du coteau dominant la Garonne, ne sont attestés qu’un puits et un bâtiment isolé. Au sein du puits, vraisemblablement destiné à l’approvisionnement en eau, ont été mis en évidence deux dépôts successifs. Le premier de ces ensembles rassemble sept vases en céramique commune et un casque en bronze de type Coolus (fig. 1). Il intervient sans doute dès après le creusement du puits. Le second dépôt est pour sa part constitué de trois urnes, également en céramique commune. Quant au bâtiment, cet édifice semi-excavé sur poteaux n’ayant pu être que partiellement fouillé, sa vocation demeure indéterminée. En conséquence, on ne peut que s’interroger sur les raisons de son implantation à l’écart de l’occupation principale, sur la partie supérieure du versant.

Les données issues de la zone 2 confirment qu’au cours de la phase 1, le haut du versant n’est occupé que marginalement. De fait, n’y sont alors aménagés que deux puits et une vaste fosse de nature indéterminée. L’implantation de puits en haut de versant pourrait impliquer que ces structures étaient destinées à collecter les eaux de ruissellement et d’infiltration provenant du plateau. Le puits a livré une cruche en bronze de type Kappel-Kelheim dont la présence dans le remblaiement initial de la structure relève très probablement d’un acte de dépôt.

De 75 à 40/30 av. J.-C. (phase 2), l’occupation du secteur étudié connaît un hiatus notable ; aucune structure n’a pu être attribuée à cet intervalle dans les zones 1 et 2.

Une seconde phase d’occupation débute dans les années 40/30 av. J.-C. et s’achève aux environs de 10 av. J.-C. (phase 3).

En zone 1, a été mis au jour pour cette période, un nombre restreint de structures : un fossé, deux fosses, un trou de poteau, un épandage de mobilier et un puits. L’occupation se développe à nouveau quasi exclusivement dans l’extrémité orientale de la zone puisque seul le puits est implanté plus à l’ouest, en aval de la rupture de pente. Cette répartition des vestiges constitue d’ailleurs une constante puisque si l’on prend en compte les structures protohistoriques qui n’ont pu être attribuées à une phase précise, la quasi-totalité d’entre elles se trouvent dans la partie est de la zone 1. Il est difficile de caractériser cette nouvelle occupation. On peut tout au plus noter que les comblements des fosses sont composés de rejets domestiques.

Au sein de la zone 2, la densité d’occupation s’avère contrastée. Ainsi, dans le tiers nord de cette zone, seul un puits est attribuable à la phase 3. La partie centrale de la zone est quant à elle densément occupée (fig. 2). Dans un premier temps, s’y développe un ensemble de seize trous de poteau matérialisant le plan d’une construction rectangulaire de près de 56 m2. Toutefois, la nature et les raisons de l’implantation de cet édifice en haut de versant nous échappent totalement. Entre 15 et 10 av. J.-C., l’ensemble précédent est remplacé par un vaste bâtiment qui semble se développer vers l’est, hors de l’emprise de fouille. La partie de cet ensemble qui a pu être étudiée mesure près de 58 m2 et paraît comporter deux pièces de tailles inégales. Toutefois, la restitution de l’architecture de cet édifice s’avère extrêmement délicate en raison de son implantation sur un terrain en forte pente et de l’épierrement systématique dont il a fait l’objet. Du point de vue de la construction, les techniques mises en œuvre au sein du bâtiment sont désormais d’origine italique. Ainsi, la partie supérieure des fondations des murs était liée au mortier de chaux alors que les élévations devaient être en terre. L’une des pièces au moins était dotée d’un sol en mortier et de fragments d’amphores. Enfin, les murs étaient ornés d’un décor peint monochrome à fond blanc appartenant au deuxième style schématique proche des modèles romains (fig. 3). L’interprétation de cet édifice demeure délicate du fait de son médiocre état de conservation et de sa fouille partielle. Néanmoins, le décor peint ornant les pièces étudiées évoquerait plutôt une habitation. De façon surprenante, le bâtiment ne connaît qu’une durée d’utilisation extrêmement brève puisque sa désaffectation intervient vers 10 av. J.-C. Peu de temps après cet abandon, les vestiges de l’édifice font l’objet d’un épierrement systématique. Enfin, dès avant le changement d’ère, un important remblai constitué de matériaux de destruction vient les recouvrir. En dernier lieu, dans le tiers méridional de la zone 2, le substrat fait l’objet en haut de versant, d’un vaste décaissement de vocation indéterminée avant que ne soient mis en place d’importants remblais. Postérieurement, un puits est aménagé en haut de versant. Une fois cette structure désaffectée et comblée, lui succède une importante fosse. Cette excavation a sans doute été vouée à l’extraction de marne, celle-ci étant fréquemment utilisée comme matériau de construction sur l’oppidum. Enfin, la fosse ayant été remblayée, un fossé d’axe nord-sud est aménagé. Celui-ci s’interrompt quelques mètres au sud du bâtiment. Il pourrait s’agir d’une structure de drainage. Son comblement intervient à la toute fin de l’occupation de ce secteur de l’oppidum.

Julien VIAL