Fiche
Résumé
L’intervention archéologique réalisée par Hadès durant les mois de mai et juin 2015, rue de l’Église, à Guéret, s’inscrit dans le cadre d’un projet de réfection des abords de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, sous la maîtrise d’ouvrage de la commune de Guéret.
L’origine de l’agglomération est sujette à de nombreuses interrogations, qui sont loin d’avoir été levées. Si la fondation d’un monastère par le comte de Limoges Lanterius, vers 670, ne semble pas faire de doute (Avisou 2011, p. 15), plusieurs incertitudes concernent la période antérieure à cet établissement. La Vie de saint Pardoux mentionne l’existence de deux édifices à la charnière des VIIe et VIIIe siècles : un oratoire dédié à saint Sylvain, et une basilique titrée Saint-Aubin. Les témoignages archéologiques font actuellement défaut pour prouver l’existence de ces deux bâtiments. Concernant le monastère, force est de constater que les données tangibles sont également très lacunaires, voire inexistantes. Il s’avère que l’actuelle église Saint-Pierre et Saint-Paul est le seul édifice religieux d’époque médiévale dont nous connaissons, dans les grandes lignes, l’histoire architecturale : ses phases de construction s’échelonnent entre les XIIe-XIIIe siècles et le XIXe siècle.
En 2014, un diagnostic archéologique étendu sur tout le pourtour de l’église avait révélé de nombreux éléments bâtis, principalement des arases de murs médiévaux et modernes, quelques fosses, ainsi qu’une structure interprétée comme une possible cuve baptismale. Ces découvertes étaient donc à même de nous renseigner sur plusieurs éléments importants de l’histoire de la ville : sur ce qu’il y avait avant l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, sur le monastère, mais également sur les éventuels bâtiments et structures implantés entre les deux pôles religieux. Pour cette raison, le Service régional de l’Archéologie du Limousin a prescrit une fouille archéologique préalable aux travaux de réaménagement de la place, au nord de l’église, sur une zone de 500 m2 environ.
Réparties sur l’ensemble de la zone fouillée, les maçonneries mises au jour consistent pour l’essentiel en des vestiges de murs très arasés. Un premier ensemble de murs, d’une largeur de 0,70 m environ, correspond à un agrandissement de l’église au XVIIe siècle (MUR 17 et 20, fig. 1). Un deuxième a été dévoilé au nord-ouest de la zone de fouille. Ils forment un bâtiment hémicirculaire, peut-être une chapelle ou un four (BAT 04). L’interprétation de ce bâtiment n’a pu qu’être partielle, en raison de sa destruction partielle, en lien sans doute avec la réoccupation de cet espace par un cimetière.
Sous la chapelle nord de l’église, deux structures ont été identifiées. La première est une vaste cuve creusée dans le substrat (FOS 02), laquelle abritait les restes d’une « cheminée » en briques (IND 12) correspondant vraisemblablement au moule interne d’un four à cloche. Située au sud de la précédente, la seconde structure (IND 01) s’apparente également à un creusement polygonal, d’environ 0,80 m de profondeur. À l’intérieur, nous avons repéré un niveau de tuileau (SOL 18) et un aménagement circulaire régulier, probablement le négatif d’un moule en briques (IND 13). Nous proposons de voir dans ces vestiges les restes de deux fours à cloche. Les céramiques contenues dans les remblais de démolition sus-jacents situeraient leur abandon dans le courant du XVIe siècle.
Les sépultures se concentrent sur la partie nord-ouest du site (ESP 01 et 02, fig. 2). Les plus anciennes sont taillées dans le substrat ; les autres sont soit en pleine terre, soit en coffrage de pierre. On mettra en avant deux sépultures avec dépôt funéraire, mises au jour l’une au-dessus de l’autre. Toutes deux ont été datées, par radiocarbone, du XIIIe siècle. La SEP 22 est celle d’un individu adulte orienté ouest-est (tête à l’ouest), à côté duquel a été découvert, à la droite du bassin, un vase qui semble pouvoir être interprété comme une bouteille funéraire (fig. 3). La sépulture SEP 06 se superpose à la précédente. Elle est constituée d’un coffrage en moellons de granit, à l’intérieur duquel le défunt (adulte) a été déposé avec deux poteries : l’une est une petite oule modelée à fond lenticulaire, près du bassin de l’individu, l’autre est un récipient, sans doute un vase destiné au stockage ou au service des liquides, à droite de la tête du squelette.
Les résultats de cette courte opération sont plutôt mitigés. On soulignera le fait qu’aucun témoin ne vient étayer l’hypothèse d’une occupation du haut Moyen Âge, la plupart des vestiges se situant vraisemblablement entre le XIIIe et le XVIIe siècle. Les dépôts funéraires retrouvés au cours de cette fouille présentent malgré tout un intérêt certain, en tant qu’ils enrichissent, certes modestement, les données de l’inventaire et de l’étude sur ce type de pratiques en Limousin.
Dimitri PALOUMBAS-ODILE