HADÈS Archéologie

Eglise Saint-Didier et Saint-Blaise

Nos métiers Production scientifique Opérations Eglise Saint-Didier et Saint-Blaise

Fiche

  • Responsable : Dimitri PALOUMBAS-ODILE
  • Période de fouille : 2015
  • Localité : Saint-Dizier la Tour (Creuse)
  • Type d’opération : 
  • Période :  , ,
  • Agence : MIDI

Résumé

L’église Saint-Didier et Saint-Blaise se trouve au cœur du hameau de Saint-Dizier, au sud de la commune de Saint-Dizier-La-Tour (fig. 1). Ce hameau était le chef-lieu d’une ancienne paroisse, dont le territoire a été réuni avec celui de la Tour-Saint-Austrille, en 1848. L’église occupe actuellement une position quelque peu excentrée par rapport aux habitations, à l’ouest de celles-ci. En grande partie reconstruit aux XVIIe et XIXe siècles, l’édifice a fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques le 13 février 2004.

L’intervention archéologique, qui s’est déroulée entre le mardi 7 et le vendredi 10 avril 2015, s’inscrit dans le cadre d’une campagne de restauration de l’église Saint-Didier et Saint-Blaise, engagée par la commune de Saint-Dizier-La-Tour, sous la maîtrise d’œuvre de Patrice Trapon, architecte DPLG. Les travaux consistaient, d’une part, à réaliser un assainissement externe de l’église, et d’autre part à rénover le mur intérieur sud du chevet, qui présentait des désordres structurels importants.

La mise au jour de pierres de taille d’origine antique ou tardo-antique est assurément le fait majeur de la fouille. Constituant les plus anciens vestiges reconnus, les éléments qui composent cette maçonnerie appartiendraient à un édifice gallo-romain dont la vocation funéraire est suggérée (phase 1, fig. 2 et 3). De tels bâtiments ont été retrouvés dans des contextes similaires ailleurs en Limousin.

Depuis la découverte, au XIXe siècle, d’un sarcophage en grès datant des Ve-VIIe siècles (fig. 4), l’occupation du site durant la période mérovingienne était connue. Pour autant, les témoins de la phase 2 se sont révélés ténus, pour ne pas dire inexistants : ils se résument à des niveaux de remblais dans lesquels a été recueilli du mobilier céramique alto-médiéval (peut-être résiduel ?).

L’édification d’une église vers 1100-1200 est le principal événement de la phase 3. Cette église, orientée nord-sud, pourrait être l’établissement titré Saint-Didier, mentionné en 1212 en tant que dépendance de l’abbaye de Déols. Les données concernant cet édifice restent toutefois très lacunaires, notamment en ce qui concerne sa configuration au sud.

Il est difficile, sur la base des éléments exhumés dans le cadre de cette opération, d’estimer le laps de temps écoulé entre la construction de cette église romane et les débuts des travaux de la phase 4. Ceux-ci se seraient matérialisés par l’édification d’un (nouveau ?) chevet rétréci, à l’instar de ce qui peut être observé, notamment dans l’église de Tercillat (Creuse).

À la fin du Moyen Âge ou au début de l’époque moderne, l’église à chevet rétréci va subir d’importantes modifications (phase 5). Le bâtiment retrouve une configuration à chevet plat. Une baie axiale ébrasée est installée dans le mur sud, et une litre seigneuriale est apposée à l’intérieur du mur pignon. Un cimetière occupe alors l’emplacement du chevet construit lors de la période précédente.

Les travaux postérieurs à 1650 (phases 6 et 7) ont laissé peu de traces sur le chevet et le parement intérieur du mur pignon.

En définitive, un des points forts de cette courte opération aura certainement été de valider, une nouvelle fois, la pertinence des suivis archéologiques sur les chantiers des monuments historiques. Sur un plan scientifique, les données recueillis sur le site de l’église Saint-Didier et Saint-Blaise confirment l’intérêt qu’il y a à étudier la topographie monumentale des premières églises chrétiennes du Limousin au regard des édifices antiques préexistants, que ceux-ci se trouvent in situ, comme cela semble être le cas à Saint‑Dizier-La-Tour, ou qu’ils soient distants de l’église.

Dimitri PALOUMBAS-ODILE