Fiche
Résumé
Poyaller (comm. Saint-Aubin) est un ancien castelnau dominant les vallées du Louts et de la Gouaougue. L’étude du bâti s’est concentrée sur la tour, seul vestige en élévation subsistant du château à l’extrémité ouest du bourg. Une intervention archéologique avait eu lieu en 2008 sous la conduite de Jean-Paul Cazes et complétée par une étude historique réalisée par Anne Berdoy. L’histoire de Poyaller ne peut être retracée que par la succession de ses seigneurs dont le premier est connu vers 1243.
La motte artificielle sur laquelle se situent les vestiges du château est haute d’environ 90 mètres. Se dressant aujourd’hui seule sur la motte, la tour marque fortement le paysage environnant. Elle est de plan carré et construite en petit appareil de moellons de calcaire équarris. Ses murs d’un peu plus de 9 m de long ont une épaisseur de 1,20 m à la base. La tour, dont il reste aujourd’hui environ 16 mètres d’élévation, comptait trois étages sur un rez‑de‑chaussée. Tous les planchers ont actuellement disparu, ainsi que la toiture.
Deux grandes phases ont pu être reconnues dans l’évolution de la tour de Poyaller grâce aux données historiques et archéologiques.
La première phase commence au XIIIe siècle avec l’érection de la motte, suivie de près par la construction de la tour. Elle correspond à la pleine fonction défensive de la tour dans un contexte d’allégeance du seigneur au roi d’Angleterre alors en pleine campagne pour asseoir son autorité. Un minimum d’ouvertures a été prévu et la circulation intérieure se fait par des escaliers en bois ou des échelles. Toujours durant cette longue période de fonction défensive, mais plus tardivement, probablement au XIVe siècle, de nouveaux aménagements sont apportés à la tour. Ils accompagnent peut-être le changement de famille seigneuriale qui en fait sa résidence.
La deuxième grande phase identifiée est celle du XVIIe siècle où la tour perd son caractère militaire pour devenir une annexe d’exploitation agricole. Une maison, accolée à la tour, devient la résidence tandis que la tour sert de remise. Cet abandon progressif a limité les aménagements intérieurs durant cette période. Il semblerait que la configuration de l’édifice et la qualité de la mise en œuvre ont entraîné une réutilisation permanente des éléments présents dès le XIIIe ou le XIVe siècle. Seules les destructions volontaires et anarchiques des encadrements des portes notamment ont fragilisé cet édifice, qui demeure un témoin primordial des tours de défense érigées alors dans les Landes.
Amaia LEGAZ