Fiche
Résumé
1997
Dans le cadre de l’étude des restaurations de la collégiale Saint-Salvi d’Albi (étanchéité du transept nord et ouverture du passage de l’église à la tour nord), deux sondages archéologiques ont été effectués afin d’estimer le potentiel archéologique du sous-sol et de reconnaître les niveaux de sols anciens. Le site de Saint-Salvi est au cœur de l’histoire de la ville d’Albi. L’édifice roman serait édifié sur une nécropole gallo romaine christianisée très tôt avec la construction d’un petit édifice cimetérial dédié à Saint-Sernin. Une communauté religieuse, vouée à Saint-Salvi, apparaît dès le milieu du Xe s. On la suppose installée sur ce site. À cette date une église est construite pour les moines. Elle est entièrement reconstruite entre 1080 et 1130.
La profondeur des sondages a été limitée par la présence de sarcophages. En accord avec l’architecte en chef des Monuments Historiques et le service régional de l’Archéologie, il a été décidé de ne pas les déposer pour l’instant. Aux abords de l’absidiole nord, l’altitude du niveau de circulation que l’on foule aujourd’hui, correspond à celui existant depuis au moins la fin du XVe s. ou le début du XVIe s. II est actuellement matérialisé par un dallage de terre cuite mis en place au XIXe ou au XXe s. Il scelle un remblai qui semble rapporté depuis le XIIe s. Un sarcophage anthropomorphe y est enseveli, ainsi que quatre inhumations en fosse.
Le sondage effectué à l’intérieur de la tour/clocher confirme le rehaussement successif du niveau de circulation. Il nous apprend que l’on a également inhumé à l’intérieur du clocher. Un sarcophage trapézoïdal avec chevet à pans coupés a été mis au jour sous le niveau de circulation roman. Ces premières observations impliquent donc que la stratigraphie du lieu est intacte depuis les origines. Une fouille extensive est donc nécessaire pour tout décaissement effectué dans cette zone.
Sylvie CAMPECH
2011 – Chapelle Saint-Augustin
Au sud du transept de la collégiale Saint-Salvi, l’église est flanquée par la chapelle Saint Augustin, édifiée à la fin du Moyen Âge.
C’est au cours de travaux d’électricité pratiqués à l’intérieur de cette chapelle, début 2010, que fut mise au jour, dans le mur nord, une armoire murale insoupçonnée. À l’intérieur est rapidement apparue la tête d’une sculpture en ronde bosse médiévale, seule partie émergente d’un comblement de pierres et gravats de maçonnerie. Les travaux ont été immédiatement interrompus et le Service régional de l’archéologie a prescrit une fouille préventive destinée à la fois à prélever la statue et à étudier les caractéristiques architecturales du mur nord de la chapelle Saint Augustin, avec une attention particulière au placard maçonné. À cet effet, une équipe a été réunie : le contexte historique de la chapelle a été confié à Céline Vanacker, l’étude stylistique de la statue à Caroline de Barrau et l’expertise technique de cette même statue à Françoise Tollon.
L’analyse archéologique du bâti a révélé que l’armoire avait connu trois phases. A l’origine, existait un placard ouvert dans le croisillon sud du transept de la collégiale romane. Peu après avoir bâti la chapelle Saint Augustin, en 1444, on le retourne vers cette chapelle en ouvrant le fond et en bouchant l’accès initial. Enfin, pour une raison inconnue, on condamne cette armoire par un bouchage maçonné en y enfermant une statue féminine en pierre polychrome. Cette fermeture a été réalisée en même temps que le percement d’une porte de communication entre le transept et la chapelle Saint Augustin. Plusieurs indices architecturaux et la présence d’un décor peint de faux appareil gris sur le bouchage du placard et la porte créée indiqueraient une fermeture entre la fin du XVe siècle et le XVIIe ou XVIIIe siècle. Le peu de repeints sur la statue irait également dans le sens d’un enfermement ancien.
D’une hauteur de 89 cm, la statue est sculptée dans un calcaire de qualité mineure. Elle semble d’abord avoir été exposée en extérieur. Le bras gauche est recollé suite à un accident ou un buchage volontaire. Puis, la sculpture reçoit une première polychromie. Plus tard, est réalisé un unique surpeint sur le visage. Enfin, la main droite, les pieds et le menton sont bûchés avant l’enfermement de la statue.
Il s’agit d’une vierge à l’enfant ou d’une Sainte-non identifiable en raison de la disparition des attributs qu’elle tenait dans la main droite. La sculpture est emprunte d’un courant naturaliste propre au XIVe siècle et sans doute attribuable au milieu du siècle. Cette œuvre ne présente pas les caractéristiques stylistiques des productions locales et ne peut être rapprochée d’aucune des statues conservées à Albi et dans ses environs. En revanche, elle est stylistiquement proche ou influencée par la production des foyers de sculpture gothique du Sud-Ouest (Bordeaux, Carcassonne et Toulouse).
Bernard POUSTHOMIS
2012
La collégiale Saint-Salvi d’Albi dont la première phase de construction daterait de la fin du XIe siècle ou du début du XIIe, a subi des dégradations nuisibles à la conservation des matériaux des parements extérieurs de l’édifice et à la polychromie du tympan sculpté du portail roman septentrional. Aussi, la commune d’Albi a-t-elle entrepris des restaurations sur cet édifice.
Afin de compléter les connaissances acquises grâce à diverses études antérieures, le service régional de l’Archéologie a programmé une intervention s’inscrivant dans le cadre de la mission de suivis de travaux sur Monuments Historiques en Midi-Pyrénées.
L’objectif était d’observer la façade de la chapelle occidentale de l’édifice côté nord, dans laquelle sont remployés deux fragments de cuves de sarcophages.
Lors de l’intervention, les observations effectuées ont été limitées par la présence d’un échafaudage et le rejointoiement déjà effectué. Néanmoins, cette opération a permis de documenter cette façade par un relevé.
Au XIVe -XVe siècle, des chapelles éventrent le mur gouttereau nord de la collégiale. Le sujet de notre étude appartient à l’une de ces chapelles. Une première phase de travaux, correspondant à la construction des fondations de cette chapelle a été observée.
Ensuite, l’élévation est mise en place. Les différences de modules de pierres marquent plusieurs étapes du chantier. Deux fragments de cuves de sarcophages sont en remploi dans cette maçonnerie (fig. c ). Leur observation limitée et leur état fragmentaire n’ont permis de proposer qu’une fourchette de datation large, comprise entre le VIe et le XIII e siècle, correspondant à la période où ce mode d’inhumation est en usage.
L’unique fenêtre de la chapelle s’ouvre au sein de ce mur.
Au milieu du XIXe siècle, des travaux de restauration de la toiture sont engagés, perturbant la partie supérieure de la façade nord. Probablement durant ce même siècle, un mur fermant à l’est le parvis de la collégiale est bâti.
Cette courte intervention a permis de documenter cette façade en cours de restauration. On peut regretter qu’elle n’ait pas permis d’observer plus en détail la façade de la chapelle nord-ouest. Aussi peut-on souhaiter que de prochaines interventions archéologiques, notamment une véritable étude des élévations, aient lieu sur cet édifice.
Évelyne BILLAUD
2013
Le secteur nord de la collégiale Saint-Salvi d’Albi a fait l’objet, depuis une quinzaine d’années, de trois interventions archéologiques confiées au bureau Hadès (1997, 2011 et 2012). Dans ce contexte, le service régional de l’Archéologie (DRAC Midi-Pyrénées), à la demande de la conservation régionale des Monuments Historiques, a prescrit une étude patrimoniale et archéologique du bâti, dans le cadre de travaux de restauration du clocher.
L’intervention a permis de confirmer la chronologie générale du site. Nous avons pu identifier les vestiges de la construction romane, très malmenée à la base mais mieux conservée dans les parties hautes et dans l’escalier. Des réaménagements sont intervenus très tôt, probablement dès le XIIe siècle, avec le percement d’un accès vers le bras nord du transept. En effet, au cours des XIe et XIIe siècles, la collégiale est toujours en construction, et le clocher a alors une fonction de tour-porche.
La fin du Moyen Âge, notamment l’importante phase de réfection du transept au XVe siècle, et l’époque moderne, n’épargnent pas les maçonneries de la tour et de l’escalier. Mais c’est sans doute à l’époque contemporaine que celui-ci est condamné. Le XIXe siècle est aussi marqué par une phase de restaurations très invasives, détruisant l’essentiel des piliers romans.
Finalement, au vu des découvertes faites lors de chaque intervention, la surveillance archéologique se justifie pleinement, permettant, au fur et à mesure, d’enrichir notre connaissance du bâtiment.
Léa GERARDIN