Fiche
Résumé
L’église Saint Hilaire est implantée sur la rive droite de la Béronne, dans un faubourg au sud ouest de la ville de Melle. L’édifice est classé au titre de Monument Historique depuis le 18 avril 1914 mais il est remarqué dès 1840 par Prosper Mérimée. En 1998, il est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO au titre d’étape du chemin de Saint Jacques de Compostelle. Un projet de valorisation et d’aménagement du chevet a entraîné une dépose des dallages et des tranchées (fig. a). Un suivi archéologique a donc été prescrit par le Service Régional de l’Archéologie de Poitou-Charentes. L’opération s’est déroulée sur deux jours, le 20 mai et le 9 septembre 2010. La découverte d’un dépôt monétaire dans l’une des tranchées justifie une contribution d’Arnaud Clairand, numismate professionnel et auteur de travaux sur les ateliers de Melle.
Malgré l’existence de sources, l’histoire de l’église Saint Hilaire reste encore mal renseignée. L’origine de l’implantation religieuse n’est pas établie. Sur le terrain, aucun vestige d’une construction mentionnée au XIe siècle n’a été repéré. Selon les auteurs d’une importante bibliographie, l’édifice conservé est construit au XIIe siècle en deux phases : d’abord le chevet et le transept, puis la nef. Toutefois, une rapide observation de cette dernière permet de constater une différence de supports entre les collatéraux, des ruptures d’assises et une interruption des plinthes de soubassement entre la première et la seconde travée. Un changement de parti en cours de chantier est donc possible ainsi qu’une extension de la nef lors d’une phase jusqu’alors insoupçonnée. Ces observations nécessiteraient d’être approfondies en reprenant les identifications et les caractéristiques des structures et des décors ainsi qu’une étude métrologique. Plusieurs études de bâti ont démontré la présence d’équipes distinctes ou de phases par le biais de cette méthodologie.
En attendant, la découverte d’un dépôt de 77 monnaies confirme en partie la chronologie du chevet estimée à partir du caractère d’une inscription épigraphique sur un tailloir (fig. b). La construction du déambulatoire serait antérieure à 1109, date ultime de l’enfouissement. D’après l’inscription évoquée, elle aurait bénéficié d’un financement d’un dénommé Aimericus, peut être Aimericus Abelini supposé être un membre de la milice castrale melloise.
Pour le mobilier, rappelons que les études ne sont pas achevées. Une analyse des fibres d’un tissu enveloppant les monnaies est envisagée. Elle reste actuellement au stade de devis, en attendant un financement. Notons que cette découverte a bénéficié d’une diffusion rapide auprès d’un très large public. Elle a mis en exergue l’intérêt de faire des suivis archéologiques même si l’impact de l’aménagement reste minime.
Patrick BOUVART