HADÈS Archéologie

Abbaye de Flaran

Fiche

Résumé

 

1996, le vivier

La mise aux normes de sécurité de l’Abbaye de Flaran imposée par les services d’incendie nécessitait la création d’une réserve d’eau suffisamment importante. Le seul lieu pouvant être utilisé était un ancien vivier situé au nord du jardin de l’abbaye, en bordure du canal de dérivation. Les services compétents ont donc décidé de recreuser ce vivier. Le site étant occupé par l’abbaye depuis le XIIe s., le risque archéologique de destruction de vestiges archéologiques anciens était grand. de plus, les données sur ce vivier étant inexistantes, ces travaux étaient opportuns pour connaître sa date d’aménagement.

La Conservation des Monuments Historiques et le Service Régional de l’Archéologie ont décidé d’effectuer préalablement une tranchée d’évaluation disposée dans la largeur du vivier (direction nord-sud). Celle-ci a été creusée à l’aide d’une pelle mécanique munie d’un godet lisse. L’analyse archéologique a consisté, après le nettoyage des coupes de la tranchée, à relever et observer le mode d’aménagement de ce vivier et de tenter de le dater à partir du mobilier recueilli au nettoyage.

Parallèlement à cette évaluation, un sondage a également été effectué à l’angle nord est du bâtiment de la pompe situé en bordure est du vivier. Cette seconde évaluation a été faite pour les besoins de l’étude préalable en cours de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques. Le sondage devait permettre d’estimer la bonne conservation des vestiges d’un bassin soupçonné au devant du bâtiment.

Sylvie CAMPECH

 

2002, salle capitulaire et sacristie

Le projet de remise en état du sol de la salle capitulaire et de la sacristie de l’abbaye de Flaran (Gers) a été précédé de sondages archéologiques afin de déterminer l’altitude du sol de circulation initial et sa nature. Les sondages ont montré la présence d’un niveau en mortier de chaux qui affleure sur les semelles de fondation des murs et des colonnes. Ce sol sommairement aménagé et assez mal conservé recouvre le sommet des terres stériles. Il n’est présent que sur la périphérie de la salle capitulaire. Ailleurs, il disparaît au profit d’un sol en terre battue qui recouvre à peine les fondations mises au jour. Son identification comme sol de travail et/ou sol de circulation reste incertaine. Aujourd’hui, la circulation actuelle se fait sur un sol de graviers en calcaire blanc, directement posé sur les niveaux antérieurs qui perdurent depuis l’époque médiévale.

Plusieurs structures sont aménagées tardivement dans le sous-sol des deux pièces : une tombe bâtie, une sépulture en cercueil et un silo ont été retrouvés dans la salle capitulaire, ainsi qu’un creusement indéterminé de plus de 1 m de profondeur dans la sacristie. Le comblement de toutes ces structures a été réalisé à l’époque contemporaine, sans doute dans les années qui précèdent le rachat du site par le Conseil Général du Gers, en 1970.

Catherine BOCCACINO

 

2008

Un vaste projet de réhabilitation de l’abbaye de Flaran a été engagé par la Société d’Économie Mixte pour le développement et l’aménagement du Gers, mandatée par le Conseil Général, la maîtrise d’œuvre étant assurée par Stéphane Thouin, Architecte en Chef des Monuments Historiques. Des interventions archéologiques ponctuelles avaient été menées sur le site antérieurement, mais la zone septentrionale était jusqu’alors restée inexplorée. Le projet a donc donné lieu à un suivi de travaux partiel prescrit par le Service Régional de l’Archéologie.

Le secteur exploré lors de cette intervention s’inscrit entre l’aile située au nord du cloître, l’extrémité nord de l’aile des moines et la cour de service nord ouest. Le sondage pratiqué à l’intérieur du chauffoir actuel en vue de la mise en place d’une fosse d’ascenseur a validé les informations collectées dans l’aile des moines en 2002 :

  • la présence d’un niveau de sol de terre battue en place sous le sol actuel correspondant vraisemblablement au niveau de circulation d’origine,
  • l’apparition à une faible profondeur du substrat géologique
  • la mise en œuvre de fondations en tranchée pleine à l’extérieur du bâtiment.

Le suivi de l’ouverture de la tranchée de drainage, le sondage ouvert sur le tracé de la tranchée d’enfouissement des réseaux et l’observation des élévations et aménagements existants ont confirmé les hypothèses émises par déduction sur la base des données historiques connues ou par analogie avec d’autres établissements cisterciens :

  • l’extension du réfectoire originel vers le nord,
  • la réduction de l’aile au nord,
  • la reconstruction des façades et l’édification d’un nouveau bâtiment à l’extrémité ouest de l’aile dans le premier tiers du XVIIIe siècle, accompagnées de réaménagements intérieurs comme extérieurs,
  • la mise en place d’une cour de service au nord ouest-dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle,
  • la probable appartenance des murs de refend conservés entre réfectoire et cuisine d’une part, et entre réfectoire et chauffoir d’autre part, ainsi que du mur sud dans son ensemble à la première phase de construction de l’aile.

Un des objets de la surveillance n’a cependant pas pu être satisfait : la localisation du réseau médiéval d’assainissement et d’évacuation des eaux usées, situé selon toute vraisemblance hors de l’emprise de la fouille.

En outre, ces investigations ont apporté des données nouvelles :

  • le pendage accentué de la surface du terrain naturel vers le nord, ayant nécessité un ancrage plus profond des fondations des maçonneries médiévales dans ce secteur,
  • l’emprise de la première travée sud du chauffoir
  • l’appartenance du mur nord actuel de la cuisine à une phase de travaux intermédiaire, postérieure à la phase de construction initiale et antérieure aux remaniements massifs du XVIIIe siècle,
  • la mise en place d’un mur de terrasse entre l’aile des moines et la cour de service afin de niveler les abords de l’aile nord.

D’autres hypothèses envisagées ici seraient à confirmer lors d’éventuelles interventions ultérieures : l’extension exacte du chauffoir (deux travées ?), du réfectoire (trois travées ?) et de la cuisine (deux travées ?) l’occurrence d’une phase de remblaiement et de nivellement initiale, antérieure à l’édification des bâtiments Tout terrassement sur cette parcelle de l’abbaye susceptible d’apporter des éléments de réponses à ces dernières interrogations devrait donc faire l’objet d’une surveillance archéologique dans la mesure du possible.

D’autre part, l’étude du lot de mobilier céramique collecté aux abords de la cuisine s’est révélée très utile à une meilleure connaissance des productions en circulation dans la région au XVIIIe siècle. Il paraît donc essentiel d’assurer un suivi archéologique permettant de compléter le corpus en cas de terrassement dans ce secteur.

En outre, l’étude des maçonneries n’étant pas l’objet de cette opération, leur observation est restée très superficielle et limitée aux seuls vestiges qui pouvaient renseigner la fouille. Cependant, dans l’optique d’une meilleure appréhension de l’histoire de cet ensemble architectural intéressant, qui plus est aujourd’hui dévolu à une activité de sensibilisation au patrimoine, il serait souhaitable d’entreprendre un jour une analyse complète du bâti conservé.

Laurence MURAT