HADÈS Archéologie

Rue Ausone

Fiche

Résumé

En février et mars 2013, une surveillance archéologique a été réalisée dans le cadre de travaux de rénovation sur le réseau d’assainissement de la rue Ausone, au cœur du centre historique de Bordeaux. Située à environ 150 m des rives de la Garonne, au niveau de l’embouchure du Peugue, la zone est occupée dès le Haut Empire. Pourtant, l’enceinte du Bas Empire ne l’intègre pas dans son périmètre, la laissant juste en avant de son angle sud-est. L’installation du Palais de l’Ombrière à partir de la fin du XIe siècle va ensuite favoriser le développement du quartier, d’autant que celui-ci s’insère dans la nouvelle enceinte du bourg construit au XIIIe siècle. Dès le tout début du XIVe siècle, à l’endroit même de la rue Ausone, s’établit la maison de la Monnaie médiévale qui fonctionne jusqu’au XVIIIe siècle. Mais, ce n’est qu’à partir de 1759, lorsque l’Hôtel de la Monnaie est détruit, que la rue Ausone est créée afin de structurer un nouveau lotissement.

Ces travaux pouvaient donc affecter, par leur localisation, leur nature et leur importance, des éléments du patrimoine archéologique. Le but de l’intervention consistait à positionner et décrire les différentes structures, bâties ou creusées, rencontrées, à confronter les nouveaux résultats avec ceux émanant des opérations archéologiques réalisées à proximité et à prélever le mobilier archéologique présent dans un contexte stratigraphique fiable. Dans la mesure du possible, l’objectif était également de reconnaître le paléochenal du Peugue et de vérifier la nature des lieux à l’époque antique. D’une manière générale, ce suivi archéologique pouvait permettre d’apporter des informations complémentaires sur le contexte historique du quartier.

Les travaux ont été réalisés dans la partie de la rue Ausone située au nord du cours d’Alsace et Lorraine. Ils ont consisté en la réalisation d’une tranchée principale d’une quarantaine de mètres orientée nord sud et de sept petites tranchées de raccordement orientées est ouest. Ces tranchées devaient reprendre des creusements liés à l’installation de l’ancien réseau d’assainissement. Elles devaient donc permettre de faire apparaître des structures déjà coupées par l’ancienne tranchée et de rafraîchir les anciennes coupes. Si la moitié nord de la tranchée principale et une tranchée de raccordement à l’est ont bien fait apparaître ces éléments, la moitié sud de la tranchée principale et la majorité des petites tranchées n’ont pas impacté les niveaux en place.

Aucune information concernant les périodes antique et médiévale n’a pu être recueillie. La plateforme portuaire du XIIIe siècle, identifiée par W. Migeon sous la place du Palais lors des sondages archéologiques du tramway en 2001, n’a pas pu être reconnue dans cette zone. L’occupation moderne, également attestée par ces mêmes travaux, n’est ici représentée que par le mobilier céramique prélevé dans des remblais postérieurs. Bien que la tranchée se trouve au cœur de l’estuaire du Peugue, elle n’a pas permis d’observer le paléochenal du Peugue car les travaux sont demeurés dans des niveaux trop superficiels. La surveillance a, par contre, fait apparaître que celui-ci a été canalisé à travers deux égouts voûtés. Le principales orienté est ouest et a pu être observé depuis l’intérieur, tandis que le second, dont seule la partie supérieure a pu être étudiée, est orienté nord-ouest/sud est.

Or, dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque le cours d’Alsace et Lorraine est percé, le chenal principal du Peugue est canalisé suivant le même axe. Les deux aménagements mis en évidence au cours de la surveillance pourraient donc être contemporains du « Peugue canalisé » et être datés de la seconde moitié du XIXe siècle.

Les maçonneries identifiées dans les niveaux sus jacents seraient donc toutes postérieures aux années 1860 1870.

Déjà coupées pour la plupart par l’ancienne tranchée d’assainissement, elles ont pu être observées dans les coupes de la nouvelle excavation. Mais leur interprétation demeure très hypothétique : fondations, murs de cave, … ? Les niveaux supérieurs sont constitués par des remblais contemporains perturbés par la pose de nombreux réseaux (gaz, eau, électricité), puis recouverts par les niveaux de voierie actuels.

La surveillance a donc principalement fait apparaître des aménagements postérieurs à la mise en place des égouts.

Si des vestiges antérieurs à cette période sont bien attestés à proximité (Migeon 2001), la construction de ces canalisations a sans doute perturbé la zone et détruit tous les aménagements liés au port intérieur du Peugue. Il semble donc que les travaux de rénovation du réseau d’assainissement n’ont que peu impacté le sous-sol de la rue Ausone.

Céline MICHEL GAZEAU