HADÈS Archéologie

18a Rue de Fontenay

Fiche

Résumé

Dans le cadre d’un projet immobilier, une opération d’archéologie préventive s’est déroulée à Niort, au 18a rue de Fontenay, entre le 23 mars et le 30 avril 2010, sous la direction d’Aurélie Tassin (sous contrat Hadès). L’intervention s’est faite sur le terrain de l’orphelinat de l’Immaculé et Saint Cœur de Marie (construit au XIXe siècle), localisé dans une des boucles de la Sèvre Niortaise, la « boucle de Bessac », au nord est de la ville actuelle. Pour ce faubourg, les plus anciens indices archéologiques mis au jour sont datés de l’époque gauloise et correspondent à plusieurs trésors monétaires pictons. À l’époque antique, l’occupation a été observée sur une partie de la plaine alluviale, à l’intérieur de la boucle. Les différentes fouilles effectuées entre 1970 et 1990 attestent une occupation s’étendant du Ier au IIIe siècle de notre ère. Pour la période médiévale, nous ne disposons que de peu de données, la ville de Niort restant circonscrite à l’intérieur de ses remparts. Toutefois, des textes font état de l’existence d’une viguerie au Xe siècle qui serait située dans le quartier de « la boucle de Bessac ». Une mention du XIIe siècle signale aussi l’implantation d’un prieuré dédié à Saint Étienne à proximité de la zone fouillée. Cette occupation perdure jusqu’au début du XVIIe siècle, période à laquelle les bâtiments du prieuré sont rachetés par l’ordre des Capucins pour la construction de leur couvent. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le quartier de la « boucle de Bessac » s’urbanise autour du couvent. Enfin, au XIXe siècle, la parcelle fouillée fait l’objet d’un réaménagement et de l’édification d’un orphelinat transformé par la suite en maison de retraite.

Suite au diagnostic archéologique réalisé sous la direction d’Emmanuel Barbier (Inrap), une fouille préventive a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Poitou-Charentes sur deux zones du projet immobilier. La première (zone 1), au nord du terrain, occupée par les jardins de l’orphelinat, représente une surface de 900 m2, parcelle où a été réalisé le diagnostic de l’Inrap. Elle a fait l’objet d’une fouille en plan, complétée par quelques sondages profonds ponctuels.

La seconde zone (zone 2), d’une surface de 500 m2, est située au sud de la zone 1, au pied des bâtiments de l’orphelinat. En accord avec le SRA, elle n’a fait l’objet que d’un sondage profond (3 m) avec relevé des coupes.

Au cours de la fouille de ces deux zones, des vestiges de plusieurs périodes ont pu être identifiés. En ce qui concerne la période antique, cinq phases d’occupation au moins ont été reconnues.

La première d’entre elles (Ier siècle ap. J. C) est matérialisée par des niveaux d’occupation probablement liés à des habitats construits en matériaux périssables. Ces niveaux ont été uniquement observés en coupe à l’ouest et au sud de la zone 1.

Au cours de la deuxième phase, datée entre le milieu du Ier et la fin du IIe siècle, le site voit la mise en place, dans la zone 1, d’un axe de circulation orienté est ouest, constitué de trois bandes de roulement successives et bordé de bâtiments dont la fonction reste indéterminée. À ces traces d’occupation et de construction succède, lors d’une troisième phase, une période d’abandon, marquée par la récupération de nombreux murs. Cette séquence semble débuter vers la fin du IIe siècle et se poursuivre jusqu’au début du IIIe siècle. S’ensuit alors une quatrième phase de construction marquée par l’aménagement, au IIIe siècle, d’un bâtiment longé par une canalisation.

Enfin, durant le IIIe siècle, le site est à nouveau abandonné et il faut attendre plusieurs siècles pour retrouver les traces d’une occupation structurée.

Ce n’est qu’à partir du Xe ou du XIe siècle que la « boucle de Bessac »est à nouveau fréquentée et occupée. Les traces identifiées sont essentiellement composées de structures en creux (trous de poteaux, fosses, silo) et de quelques rares niveaux de remblai. L’étude de la répartition de ces aménagements n’a pas permis d’identifier la fonction de l’ensemble, mais il est probable que ces structures soient liées à une occupation domestique.

Enfin, pour les périodes moderne et contemporaine, l’occupation est caractérisée par la présence de grandes fosses, assez nombreuses, notamment dans la zone 1. Ces structures peuvent être mises en relation avec les parcelles voisines sur lesquelles se sont succédés le prieuré Saint Étienne, entre le XIIe et le XVIe siècle, puis à ceux du couvent des Capucins au XVIIe siècle qui perdure jusqu’au XVIIIe siècle.

On note, pour la zone 2, la présence d’un remblai daté du XVIIIe siècle sur lequel reposent de nombreux niveaux de construction datés du XIXe siècle et correspondant à l’édification de l’orphelinat de l’Immaculé et Saint Cœur de Marie.

Le bilan de l’opération effectuée au 18a rue de Fontenay à Niort se révèle très enrichissant, notamment pour la période antique et les Xe XIe siècles.

La fouille a livré une stratigraphie dense et complexe pour les premiers siècles de notre ère, appuyant l’hypothèse de l’existence d’une occupation aux Ier et IIe siècles, qui se développe à l’intérieur de la « boucle de Bessac ». Elle atteste également une activité aux Xe XIe siècles même si cette dernière n’a pu être identifiée. Par la suite, la fouille de quelques fosses a permis de mettre en évidence des occupations épisodiques jusqu’à la fin du XIXe siècle, probablement liées aux bâtiments du prieuré Saint Étienne et par la suite, du couvent des Capucins.

Aurélie TASSIN